Mesdames, Messieurs,
L’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) a lu avec intérêt la déclaration du Cap des 30 août et 1er septembre du 24ème congrès de l’Internationale Socialiste, dont votre parti est membre.
Nous avons notamment été particulièrement sensibles aux deux extraits suivants :
Premier extrait :
Ainsi, nous réitérons notre engagement ferme pour la reconnaissance de l’Etat de Palestine par la communauté internationale dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, et son admission aux Nations unies, en accord avec le droit de son peuple à l’autodétermination, la liberté, la justice et la dignité. Nous nous engageons, en tant que partis membres, de travailler activement pour garantir une telle reconnaissance et le soutien pour l’admission de la Palestine à l’ONU par nos pays respectifs.
Second extrait :
Ces politiques israéliennes incluent notamment les activités de colonisation, la confiscation de terres et la démolition de logements, y compris en Jérusalem-Est, et le blocage de Gaza. Les produits des colonisations, qui utilisent les terres et ressources palestiniennes, doivent être boycottés.
Concernant le premier extrait nous souhaitons simplement que vous nous confirmiez que la France votera toute demande de reconnaissance de la Palestine à l’ONU, ou que vous vous opposerez personnellement à toute remise en cause de cette résolution.
Concernant le second extrait, la volonté affichée de boycott des produits des colonies nous réjouit, mais elle nécessite, vous en conviendrez, de mettre au point les conditions nécessaires à sa mise en œuvre effective.
Permettez-nous d’abord de formuler une observation : boycotter des produits, agricoles ou industriels, élaborés ou commercialisés dans des conditions contraires au droit international est une forme de sanction qui contrarie la politique suivie par la France à l’égard d’Israël jusqu’à ce jour, à savoir un rehaussement constant des relations. Ce rehaussement s’est concrétisé notamment par l’approbation de l’entrée d’Israël dans l’OCDE ou dans diverses autres instances européennes, telle l’agence spatiale européenne ou divers instituts de recherche. Ainsi aussi, en juillet 2012 l’UE a offert de mettre en œuvre à court ou à moyen terme 60 nouvelles activités de coopération dans 15 domaines différents.
Boycotter les produits des colonies suppose la remise en cause de l’accord d’association qui avait été adopté par le Parlement Européen et qui conditionne dans son article 2 tout accord préférentiel au respect des droits humains.
Le 18 septembre, les parlementaires européens se prononceront sur un important accord commercial entre l’Union européenne et Israël. Il s’agit de l’ « ACAA », qui est un protocole relatif à l’évaluation de la conformité et l’acceptation des produits industriels et qui se caractérise par une intensification des relations économiques entre l’UE et Israël.
S’il est voté, cet accord sera un permis délivré aux autorités israéliennes pour poursuivre leur politique de colonisation, que vous dénoncez.
Mesdames et messieurs les députés européens, pouvez-vous nous assurer que vous voterez contre l’ACAA ?
Par ailleurs, comment allez-vous reconnaitre les produits des colonies, hormis certains cas flagrants ? Ce boycott ne nécessite-t-il pas celui de toute firme dont au moins une partie des activités consiste à fabriquer, récolter ou commercialiser des produits issus des colonies.
L’UJFP, qui est engagée ainsi que d’autres associations juives dans le monde dans la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions contre Israël jusqu’à ce que cet Etat se conforme au droit international), campagne à l’initiative de la société civile palestinienne, est prête à approfondir ces questions avec vous.
Dans l’attente de réponses individuelles ou collectives à notre courrier, nous vous adressons l’assurance de notre considération distinguée.
Paris le 13 septembre 2012
Le bureau national de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP)