Lettre reçue à l’UJFP le 17/10/2011
C’est avec un retard, dont je vous prie de bien vouloir m’excuser, que je veux vous remercier de votre soutien. Depuis sa création, « un œil sur la planète » essaye de montrer le monde tel qu’il est et non tel qu’on aimerait qu’il soit. Cette émission n’est jamais exhaustive, une gageure en télévision, mais sa démarche se veut honnête. il y a toujours évidemment à chaque numéro un parti-pris éditorial que l’on peut contester. C’est normal et salutaire en démocratie. Mais rien ne justifie l’insulte, les pressions, les menaces à l’encontre de journalistes professionnels, qui n’ont comme tort que d’avoir fait leur métier.
Après deux semaines de polémique, les détracteurs de notre émission sur la Palestine sont bien en peine de pointer la moindre erreur factuelle. Les interprétations historiques doivent être laissées aux spécialistes, les historiens. Les argumentaires qui circulent sur le Net sont dans leur grande majorité tendancieux, quand ils ne sont pas malhonnêtes. La plupart des reproches faits à l’émission se font sur la base de textes qui n’existent pas dans les reportages. Cela participe d’une campagne organisée, ayant pour but de calomnier les journalistes. « Salissez, salissez, il en restera toujours quelque chose ». Certains messages reçus sont littéralement à vomir.
Heureusement, la profession et des gens de toute obédience se sont mobilisés pour stopper cette infamie. Vous avez fait partie de cette immense vague de solidarité. Et vendredi dernier, la Présidence de France télévisions s’est rangée au côté de l’équipe d’un Œil sur la planète.
La liberté de la presse n’est pas un acquis. C’est un combat sans cesse renouvelé contre la mainmise des puissances politiques ou économiques. Et le rôle du journaliste n’est pas de servir de courroie de transmission aux puissants. Sa capacité à tenir la plume, à informer l’opinion l’oblige.
Camus l’avait merveilleusement formulé dans son discours de Stockholm. Il écrivait que le rôle de l’écrivain ne se sépare pas de devoirs difficiles. « Par définition, il ne peut se mettre aujourd’hui au service de ceux qui font l’histoire : il est au service de ceux qui la subissent… »
« …les deux charges qui font la grandeur de son métier : le service de la vérité et celui de la liberté. Puisque sa vocation est de réunir le plus grand nombre d’hommes possible, elle ne peut s’accommoder du mensonge et de la servitude… Quelles que soient nos infirmités personnelles, la noblesse de notre métier s’enracinera toujours dans deux engagements difficiles à maintenir — le refus de mentir sur ce que l’on sait et la résistance à l’oppression »… »La vérité est mystérieuse, fuyante, toujours à conquérir. La liberté est dangereuse, dure à vivre autant qu’exaltante. Nous devons marcher vers ces deux buts, péniblement, mais résolument, certains d’avance de nos défaillances sur un si long chemin ».
Camus était grand. Il nous a montré la direction. Nous essayons de la suivre en toute humilité. Merci.
Patrick Boitet
Rédacteur-en-chef d’un Oeil sur la planète