Lettre de la Coordination Européenne des Comités et Associations pour la Palestine (ECCP) à Josep Borell

À l’attention de : 

M. Josep Borell – Haut Représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité

Objet : Réunion du Conseil d’association UE-Israël et les attaques d’Israël contre des organisations palestiniennes de défense des droits

Bruxelles, 29 août 2022

Cher M. Borell,

Le 18 août, les forces d’occupation israéliennes ont envahi les bureaux de 7 des plus importantes organisations palestiniennes de défense des droits humains, qui sont internationalement reconnues : Addameer, association de soutien aux prisonniers, Al-Haq, association de défense des droits humains, Bisan, centre de recherche et de développement pour les communautés palestiniennes marginalisées, Défense des Enfants International-Palestine, l’Union des Comités des travailleurs agricoles, l’Union des Comités des femmes palestiniennes, et les Comités des travailleurs de la santé. Les portes des bureaux ont été fracturées, le matériel confisqué et des ordres militaires ont été publiés qui déclarent la fermeture des ONG au nom de la « sécurité dans la région et du combat contre une infrastructure de terrorisme ».

Après les récentes attaques contre la bande de Gaza, après les incursions mortelles de l’armée d’occupation dans des villes de Palestine et les vagues d’arrestation en Cisjordanie et à Jérusalem, les autorités israéliennes attaquent une fois de plus des organisations qui protègent les droits de la société civile palestinienne dans son ensemble.

Israël a attaqué et fermé les bureaux des ONG exactement un mois après le feu vert donné par les ministres européens à la tenue d’une réunion du Conseil d’Association UE-Israël. Il est clair qu’Israël s’en est pris à ces ONG en sachant que le processus de préparation du Conseil d’Association était lancé. La fermeture d’ONG de défense des droits humains, une marque de fabrique des régimes autoritaires, est un affront aux principes fondamentaux de l’UE.

Tenir la réunion du Conseil d’Association UE-Israël et parler de « valeurs partagées » alors qu’Israël continue à liquider des groupes financés par l’UE est une gifle à l’UE.

Tout cela se passe tandis qu’un processus d’annexion de facto se déroule, avec le déplacement de Palestiniens dans divers endroits de Cisjordanie (comme Masafer Yatta), le démantèlement de la solution de deux États, l’assassinat de Palestiniens, la confortation de l’apartheid et l’infraction au droit international et aux droits humains.

Dans votre propre déclaration du 22 août, vous avez déclaré que « les actes d’Israël sont inacceptables ».

Les organisations palestiniennes de défense des droits, leurs dirigeants, leurs militants et leurs bureaux doivent être protégés afin qu’elles puissent mener à bien leur mission qui est absolument essentielle à la défense de la population palestinienne et à l’avancement de la cause du droit dans des forums internationaux. Dans une vaste manifestation de solidarité, des Palestiniens ont pris en charge la réouverture des bureaux des ONG fermés par l’occupant. Mais les forces d’occupation pourraient revenir à tout moment.

Le temps n’est plus à des déclarations tièdes. L’Union Européenne doit condamner d’urgence dans les termes les plus clairs les abus israéliens contre les ONG palestiniennes et exiger l’annulation immédiate des décrets gouvernementaux et ordres militaires qui visent ces groupes depuis octobre 2021.

Il est de la responsabilité de l’Union Européenne de prendre toutes mesures de rétorsion nécessaires contre le gouvernement israélien afin qu’il mette fin à une politique digne des États les plus totalitaires.

Aussi faisons-nous appel à vous, en tant que Haut Représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, pour que vous promouviez un débat entre les États membres pour l’annulation de la réunion à venir du Conseil s’association UE-Israël.

Veuillez agréer….

Nous, comme les autres groupes de ECCP, la faisons aussi parvenir à la Ministre des affaires étrangères et à certaines directions du Quai d’Orsay.