Lecteur assidu du Canard, je suis profondément choqué par le dessin de la page 4 (en bas à gauche) dont je ne déchiffre pas le nom de l’auteur, ce dont je tiens à m’excuser.
Le sens du dessin ne peut faire de doute. Dans cette conversation de bistrot, est vu comme une parade formelle de ne pas apparaître comme antivax quand on manifeste avec une étoile jaune contre le passe sanitaire, au même titre que se prétendre antisionistes est un masque pour les antisémites.
Je trouve que ce dessin présente le double inconvénient d’entretenir l’idée que l’antisionisme est la forme moderne de l’antisémitisme, et d’entretenir l’idée que tout doute sur la stratégie vaccinale du gouvernement renvoie au refus obscurantiste des antivax.
Juif antisioniste (et bien sûr choqué par le confusionnisme des porteurs d’étoiles jaunes dans les manifestations hostiles au passe), je considère en effet que le sionisme est un colonialisme comme l’assumait d’ailleurs son fondateur, et que critiquer les fondements de la création de l’État israélien ne relève pas de l’antisémitisme, même si je n’ignore pas que pour échapper aux rigueurs de la loi punissant l’antisémitisme les antisémites d’aujourd’hui en France se réfugient dans le terme d’antisioniste : la différence n’est pas difficile à faire dès que l’on examine les discours.
Vacciné avec le Pfizer en l’absence de choix car vieux à risque, convaincu qu’il a une certaine efficacité sans que celle-ci soit absolue, inquiet des effets pervers (notamment de l’ARN messager) et pour cela réservé sur la stratégie adoptée, je trouve profondément malsain d’assimiler tous les anti-passe à des antivax.
L’auteur du dessin peut bien sûr prétendre qu’il ne fait pas le double amalgame.
Bref, liberté du dessinateur, mais droit pour moi de considérer qu’il fait là une très mauvaise action.
André Rosevègue (33400 Talence), 29 juillet 2021