Bonjour,
J’ai déjà laissé un message sur un répondeur de votre antenne la veille de l’invitation sur RFI de Michèle Sibony pour l’UJFP (dont je suis adhérente).
J’étais scandalisée du traitement de l’information dans un de vos journaux de l’après-midi. En plein cœur du massacre quotidien et des crimes de guerre à Gaza, et après avoir donné quelques éléments factuels décrivant de fait cette seule vérité, RFI proposait à ses auditeurs et auditrices un témoignage… d’une Israélienne « effrayée » car elle vivait à proximité des « tunnels ».
Quelle honte, de votre part. Je ne crois pas avoir eu l’élément d’information rappelant que la présence de cette « habitante » était illégale au regard du droit international.
J’ai fait l’erreur, semble-t-il, de continuer à écouter RFI.
Hier et aujourd’hui, dans vos journaux, j’ai entendu les informations suivantes :
– Hier : un Palestinien mort en Cisjordanie dans des heurts avec l’armée israélienne. Avez-vous dit « tué » ? Je n’en suis vraiment pas sûre, mais vous me détromperez si besoin. En revanche je suis certaine que, dans ce même journal, vous avez mentionné « Tsahal ». Or il est bien connu que le principe de l’utilisation d’un « petit nom » pour l’armée de l’État d’Israël sert à la rapprocher de nous, à nous rendre familière, intime, amicale et inoffensive cette force militaire étrangère (http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1225688-gaza-israel-les-mots-en-guerre-tsahal-c-est-joli-on-dirait-le-nom-d-une-fleur.html).
Mais surtout, vous avez ajouté : un autre Palestinien est mort en Cisjordanie. Point. « La mort » de ce deuxième homme n’aurait donc rien à voir avec l’armée israélienne, me suis-je dit, puisqu’il n’y a pas ici de « heurts » venant l’expliquer.
– Aujourd’hui : un enfant de 11 ans est mort en Cisjordanie. Encore une fois, me suis-je à nouveau dit, il n’y a pas de lien entre l’armée israélienne et « la mort » de cet enfant de 11 ans.
Je me suis assurée sur Internet, avant de vous écrire, de ce que je savais déjà : l’homme mort la veille a été tué par les balles de « Tsahal », l’enfant mort aujourd’hui a été tué par les balles de « Tsahal ».
Mais, à la fin, qui croyez-vous tromper ?
Oserez-vous alléguer que l’assassinat par la puissance coloniale israélienne de l’enfant de 11 ans n’est pas une information vérifiée ? Vérifiée par qui ? L’armée israélienne n’a pas encore donné sa version, et vous l’attendez ? Dans ce cas, avez-vous gardé une once de cohérence ? Ou aurait-on à faire à des poules sans tête, perdues par les injonctions contradictoires auxquelles elles ne savent plus répondre que par l’absurde ? Si l’enfant de Cisjordanie est mort du virus Ebola, donnez-nous donc cette information au bon endroit dans votre journal !!! S’il est mort en tombant de son lit superposé, pourquoi nous en faire part ??? Nous aussi avons des morts en France, et vous ne les annoncez pas tous !!!
Quelle hypocrisie, quel jeu de dupes. Comme ce doit être pénible, pour votre rédaction, de marcher sans cesse en équilibre instable sur un fil que vous ne contrôlez pas.
Je ne vous plains pas. J’espère faire publier ce courrier sur le site de l’UJFP, pour que mauvaise presse soit faite publiquement du traitement de l’information sur RFI concernant la Palestine. Vous le savez, et nous le savons toutes, tous : comme l’Algérie, comme l’Afrique du Sud, la Palestine connaîtra sa libération.
N’attendez pas la Libération pour aller acclamer de Gaulle, en août, sur le parvis de l’Hôtel de ville, quand en avril et sur ce même parvis vous acclamiez Pétain. Je n’y étais pas, mais j’ai une famille, et cette histoire de France-là, je la connais très bien.
Noëlle Cazenave-Liberman