Monsieur le Président
Vous avez reçu récemment le Premier Ministre de l’Etat d’Israël, Benjamin Netanyahou. Cela fait partie des échanges internationaux et je ne vous le reprocherai pas.
Mais, si Monsieur Benjamin Netanyahou est le représentant de l’Etat d’Israël, il n’est en rien le représentant des Juifs du monde à supposer qu’il existe un représentant des Juifs du monde, et il me semble important de le rappeler.
Monsieur Benjamin Netanyahou se permet d’appeler les Juifs de France à rejoindre leur « vrai » pays, l’Etat d’Israël. C’est indécent, et pour vous qui êtes le Président de la République Française, et pour les Juifs de France à qui il dénie le droit de vivre dans leur pays.
Mais ce qui est encore le plus indécent, c’est cette visite dans une école juive, Ozar Hatorah, de Toulouse sous prétexte de commémorer un attentant sanglant dont elle a été victime. Que le crime de Merah soit odieux et condamnable, cela ne justifie pas que le représentant d’un Etat étranger vienne, sous prétexte de commémoration, marquer son territoire et rappeler que tout ce qui est juif lui appartient.
Encore plus indécent le fait que vous l’accompagniez pour participer avec lui à ce qui n’est qu’une opération de marquage de territoire. Si Monsieur Netanyahou veut rencontrer les parents et les proches des victimes de l’assassinat de Toulouse, cela ne peut être qu’une visite privée. En l’accompagnant, vous acceptez le sens que Monsieur Netanyahou veut donner à cette visite : « cette école juive, parce qu’elle est juive, est une partie de l’Etat d’Israël »; comme si c’était Monsieur Netanyahou qui vous recevait chez lui.
Et vous ajoutez à l’indécence en vous engageant, au nom de la France, à protéger la communauté juive de France, oubliant que le rôle de la France est de protéger ses ressortissants, tous ses ressortissants.
Votre philosémitisme, aussi sincère soit-il, a des relents délétères.
Et en reconnaissant le droit, pour le représentant de l’Etat d’Israël, de se présenter comme le représentant des Juifs du monde, vous confortez l’amalgame qui veut faire des Juifs des complices des crimes commis par l’Etat d’Israël contre les Palestiniens.
Je vous prie de recevoir Monsieur le Président de la République Français l’expression de ma colère et de mon amertume.
Rudolf Bkouche
membre de l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix) et de IJAN (International Jewish AntiZionist Nerwork).