Le 24 juillet, l’apartheid israélien a traversé l’Océan Atlantique, sur 9437 km (5864 milles), pour retenir cinq défenseurs américains des droits de l’homme. Le groupe s’est vu refuser l’entrée en Israël tout en étant encore sur le sol américain, à l’Aéroport International Dulles, en Virginie. Les passagers, interdits de prendre place dans l’avion à destination de Tel Aviv, faisaient partie d’un groupe plus important d’une délégation pluri-religieuse.
Le groupe « retenu au sol » de cinq personnes représente trois organisations non-gouvernementales des USA : la Voix Juive pour la Paix, l’Association Presbytérienne pour la Paix et les Musulmans Américains pour la Palestine. Chacune de ces organisations possède des principes de défense des droits de l’homme profondément enracinés qui, sans réserves, comprennent tout l’éventail des droits des Palestiniens, un dénominateur commun avec BADIL.
BADIL, en tant qu’organisation palestinienne de défense des droits de l’homme, œuvre à la promotion et à la défense des droits des Palestiniens, et en particulier de ceux qui ont été déplacés. La référence pour tout notre travail est le cadre du droit international humanitaire, des droits de l’homme et des réfugiés. Dans le cadre du régime israélien colonial et institutionnellement discriminatoire, les droits les plus élémentaires et les plus fondamentaux des Palestiniens sont ignorés et violés. BADIL, par son travail de sensibilisation, ses recherches et son travail de défense motive la communauté internationale à faire face à cette réalité.
L’apartheid, et l’apartheid israélien en particulier, ne connaît aucune limite, aucune distance trop grande pour l’empêcher de s’infiltrer. Bien qu’il ait été mis en oeuvre contre les Palestiniens en Palestine, il s’est développé à la fois sur le plan géographique et selon le groupe visé. A chaque progression de l’apartheid israélien, la complicité internationale a été recherchée et en fin de compte obtenue.
Non seulement les Palestiniens ont été massivement déplacés de force mais ils ont été aussi empêchés de revenir – qu’ils aient été déplacés de 1 km (0,62 mille) ou de 10.000 km (6.214 milles). Empêcher le retour des Palestiniens est un des principaux caractères de l’apartheid israélien. Israël a étendu son apartheid en direction de l’Organisation des Nations Unies (ONU), en refusant l’entrée de façon répétée et systématique à des comités spéciaux, à des rapporteurs et à des commissions d’enquête. En plus de perturber efficacement et à tort le travail de l’ONU, Israël néglige de remplir ses devoirs en tant que membre de cet organisme international. Et comme dans le passé, ces infractions au droit international vont de pair avec l’absence d’une intervention internationale effective.
Le refus d’entrée des cinq défenseurs américains des droits de l’homme est le signal d’un autre chapitre de la longue histoire de l’apartheid israélien: toute personne qui défend les droits de l’homme et qui est solidaire en particulier des droits des Palestiniens est maintenant une cible. Selon le témoignage de la part d’un des membres des cinq, «les services israéliens de l’immigration », par le biais d’une demande écrite, ont demandé à la compagnie aérienne Lufthansa de ne pas autoriser ces passagers à prendre place dans l’avion. La demande de ceux-ci de voir le document a été rejetée et aucune explication supplémentaire ne leur a été fournie. Dans cet incident particulier, la compagnie aérienne Lufthansa a ouvertement soutenu l’apartheid israélien en assurant le suivi de l’ordre de ne pas autoriser les défenseurs des droits de l’homme à même enregistrer leurs bagages et à prendre place dans l’avion.
L’évolution d’Israël, du refus du droit au retour à près de 8 millions de réfugiés palestiniens et de Personnes Déplacées Internes (dans leur propre pays ), au refus d’entrée opposé à des représentants internationaux de l’ONU officiels et reconnus, au refus d’entrée opposé à toute personne qui encourage une solution juste et durable à la situation critique des Palestiniens, implique une sérieuse réflexion pour ne pas dire plus. Cette évolution est le résultat du manque de volonté politique pour tenir Israël responsable de ses innombrables violations des droits de l’homme et de ses crimes, en particulier dans ce cas d’apartheid. En outre, ceux qui facilitent l’apartheid israélien, comme la compagnie aérienne Lufthansa, doivent réexaminer les conséquences de leurs actes qui représentent une forme de complicité avec le crime international d’apartheid.
En mars et en avril, par l’entremise de son partenariat avec la VJP, BADIL a entrepris une tournée de conférences aux USA. La tournée de deux semaines a été l’occasion d’établir des liens avec ces organisations et avec beaucoup d’autres. En créant des liens stratégiques et en dépassant les frontières par des principes et des buts partagés d’une approche fondée sur le droit en vue de sociétés démocratiques et équitables, l’espace et l’impact de nos organisations particulières se sont multipliés de façon exponentielle. Nos forces et nos efforts combinés créent une force puissante qui fournit une base pour combattre l’injustice de l’apartheid israélien de la Palestine aux USA et qui nous rapproche de la concrétisation du retour des Palestiniens.
Par BADIL (Centre de Ressources sur les Droits des Résidents et des Réfugiés Palestiniens), le 26 juillet 2017
traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers