L’Etat d’Israël va-t-il perdre la guerre qu’il mène au peuple palestinien ?

C’est la question qu’il semble légitime de se poser au vu de l’examen attentif de la situation d’aujourd’hui 4 août 2014.

Certes si l’objectif d’Israël est de couper Gaza du reste de la Palestine ou de torpiller tout gouvernement d’Union Nationale, il n’est pas encore sûr qu’Israël ait perdu.

Certes l’ONU, censée représenter la « communauté internationale » n’a pris encore le début du commencement d’une sanction pour imposer le droit international à cet Etat-voyou qui peut donc continuer son agression dans une impunité totale.

Mais jusqu’à quand ?

Car nous pouvons donner quelques arguments factuels qui pourraient justifier une réponse affirmative à cette question.

Israël a perdu militairement

Malgré une supériorité absolument écrasante, en technologie hi-tech (avions,missiles, drones dernière génération), en moyens financiers (les milliards de dollars de l’aide occidentale) et humains (plus de 100 000 soldats pouvant être mobilisés) l’armée israélienne, classée pourtant la 4ème du monde par les experts, ne peut venir à bout de quelques milliers de résistants aux moyens dérisoires. Depuis de longues années cette armée n’a pas atteint son objectif : « éradiquer » la résistance armée, qu’elle appelle « terrorisme », comme toutes les armées engagées dans la répression des mouvements anti-coloniaux ou anti-impérialistes dans le monde. Car ce qui se dessine à Gaza en 2014, pourrait ressembler au scénario de l’agression israélienne du Liban en 2006 : un échec face à la résistance du Hesbollah et de ses alliés, malgré des destructions massives et un vrai carnage dans la population civile libanaise[<*> Pour plus de détails, lire à ce sujet sur notre site [cet article]]

Israël a perdu la guerre de l’information

Ce qu’il ressort principalement du traitement médiatique :
– D’abord une campagne, venant sans doute du plus haut niveau de l’Etat – associé à des lobbys sionistes – de dénigrement de la solidarité envers les palestiniens, sous prétexte de provocations et de débordements de casseurs identifiés comme « jeunes des banlieues », plus ou moins « islamistes » et/ou « antisémites »
– Puis on a vu dans certains grands médias, à la fois des reportages terrifiants de ce qui se passe réellement, y compris les ruines de quartiers entiers à Gaza ainsi que la vision cauchemardesque de ce carnage opéré sur une population qui n’a nul abri sûr contre la mort venue du ciel. Ce qui rend le récit israélien sur les soit-disants « boucliers humains otages du Hamas » complètement inaudible.
– Mieux, la parole commence à être donnée et relayée aux défenseurs des droits des palestiniens en général et aux Juifs opposés à la politique criminelle israélienne en particulier. Ainsi est cassée la vision mi-religieuse mi-tribale d’un « conflit » soit-disant complexe et insoluble entre 2 « peuples » irréductiblement « ennemis »

Israël a perdu la guerre idéologique

– C’est particulièrement visible, et c’est aussi une nouveauté. sur les réseaux sociaux, les différents forums, sur Facebook, sur Twitter. Ceux qui soutiennent mordicus Israël se font familièrement parlant « descendre en flèche », y compris sur leurs propres sites, leurs propres pages Facebook, leurs propres comptes Twitter.
– C’est aussi visible dans la rue : on ne compte plus, malgré la période estivale les manifestations de solidarité, partout en France, avec une participation de toute la diversité de cette population française attachée aux valeurs de justice et d’égalité des droits, quelles que soient ses origines « de souche » ou « indigènes ».
– Et inversement dans les rares manifestations organisées pour soutenir l’agression israélienne on ne voit qu’une infime minorité de Juifs français, confortant ainsi l’antisémitisme de ceux qui confondent sciemment Juifs et partisans d’une politique criminelle tout en rendant visible leur isolement dans une France horrifiée par la barbarie en cours, indignée devant la complicité de sa classe dirigeante.

Mais cet Israël-là : agressif, colonial et raciste, s’il est en passe de perdre cette guerre, personne ne le regrettera. Surtout si cette défaite permettrait d’approcher du moment nécessaire à la désionisation et de la reconnaissance des injustices commises envers un peuple opprimé depuis un siècle bientôt, seules conditions d’un avenir partagé, où tous, Juifs israéliens compris, trouveraient leur place.

Daniel Lévyne (UJFP)

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