Les voeux de Georges Ibrahim Abdallah

Pour la nouvelle année, Georges Ibrahim Abdallah nous a envoyé ce magnifique poème de Samih al-Qasim, palestinien de 1948 (1939-2014). Ce poème, c’est ce qui anime Georges. Et c’est la Palestine.

Je résisterai

Je perdrai peut-être – si tu le désires – ma subsistance

Je vendrai peut-être mes habits et mon matelas

Je travaillerai peut-être à la carrière comme portefaix, balayeur des rues

Je chercherai peut-être dans le crottin des grains

Je resterai peut-être nu et affamé

Mais je ne marchanderai pas

O ennemi du soleil

Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines

Je résisterai

Tu me dépouilleras peut-être du dernier pouce de ma terre

Tu jetteras peut-être ma jeunesse en prison

Tu pilleras peut-être l’héritage de mes ancêtres.

Tu brûleras peut-être mes poèmes et mes livres

Tu jetteras peut-être mon corps aux chiens

Tu dresseras peut-être sur notre village l’épouvantail de la terreur

Mais je ne marchanderai pas

O ennemi du soleil

Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines

Je résisterai

Tu éteindras peut-être toute lumière dans ma vie

Tu me priveras peut-être de toute tendresse de ma mère

Tu falsifieras peut-être mon histoire

Tu mettras peut-être des masques pour tromper mes amis

Tu élèveras peut-être autour de moi des murs et des murs

Tu me crucifieras peut-être un jour devant des spectacles indignes

O ennemi du soleil

Je jure que je ne marchanderai pas

Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines

Je résisterai

Samih al-Qasim

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