dimanche 4 octobre 2020
Dans la nuit du jeudi au vendredi 2 octobre, l’antisémitisme a frappé un restaurant casher du 19ème arrondissement de Paris. Dévastés, les locaux ont été recouverts d’inscriptions « Hitler avait raison », « sales juifs », « youpins », ainsi que, bien évidemment, de multiples croix gammées.
Le temps de la sidération, de circonstance face à ce déferlement de haine, doit céder la place à celui de l’analyse politique. Cet épisode, loin d’être un acte isolé, s’inscrit dans une temporalité bien particulière, notamment caractérisée par la libération de la parole raciste et sa légitimation par les plus hautes instances de l’État, ainsi que par de grands médias qui la mettent à l’honneur. Jusqu’à quand allons-nous tolérer que les vieilles rengaines de la droite la plus extrême soient présentées et discutées dans les médias de masse comme autant d’opinions dignes d’être débattues ? Jusqu’à quand allons-nous supporter que la droite la plus extrême donne le tempo de la vie politique, allant jusqu’à infléchir l’agenda politique d’une majorité présidentielle aux abois, si prompte à flatter les passions humaines les plus viles pour élargir sa base électorale, comme l’a récemment montré l’aussi pathétique que dangereux plan d’action de Macron sur le « séparatisme islamiste » ?
Nous ne savons que trop bien que de la violence verbale à la violence matérielle et physique, il n’y a qu’un pas. Un pas qui, d’ailleurs, n’aura eu de cesse d’être franchi en ce qui concerne nos concitoyen.ne.s musulman.e.s, et qui vient de s’abattre sur une communauté juive déjà éprouvée par les tueries de masse dont elle a été victime. Les petites frappes qui ont saccagé le restaurant casher finiront par être identifiées et interpellées, nous n’en doutons pas, mais les véritables responsables de ce climat nauséabond – politiciens « en marche », éditorialistes accrocs à l’audimat et autres idéologues fascisants de salon – courront toujours et ne seront vraisemblablement jamais inquiétés – ou alors si peu, à la manière d’un Zemmour qui, de condamnation en condamnation, se taille une part toujours plus grande du lion médiatique. Car qui, sinon ces derniers, est parvenu à insuffler aux vandales un degré si élevé de confiance malsaine pour qu’ils osent mettre en œuvre leurs sinistres fantasmes antisémites ? Nous n’en doutons pas, le ressort profond du racisme – qu’il soit islamophobe, négrophobe ou anti-rrom – la haine de l’autre, finit toujours par faire ressurgir la haine du juif.
À cette rage s’ajoute un profond dépit politique. Les assaillants ont cru bon d’enrôler la cause palestinienne dans leurs délires racistes. Un graffiti « Free Palestine » a en effet été écrit sur l’un des murs du restaurant cacher. Ce confusionnisme est depuis longtemps dénoncé par la société civile palestinienne elle-même, tant par rejet pur et simple de l’antisémitisme que par la conviction profonde que les racines de la dépossession de la Palestine résident dans l’idéologie sioniste, et non dans la religion et les cultures juives.
L’UJFP apporte toute sa solidarité aux gérants du restaurant casher et à leurs proches, et réitère ici la nécessité de faire front contre les manifestations de toutes les formes de racisme.
La Commission Communication externe, pour l’UJFP, le 4 octobre 2020