Les relents de Vichy

La police française a démantelé la « jungle » de Calais, cet endroit où se réfugiaient nombre de « sans papiers » qui ont fui la guerre dans leur pays, essentiellement des Afghans et des Irakiens.

Cette intervention de la police française, qui s’est effectuée dans la brutalité, comme l’ont raconté des témoins, est un crime. Ce crime s’inscrit dans les nouvelles pratiques de chasse aux métèques instaurées par les gouvernements français de ces dernières années, toutes couleurs confondues. Ainsi les expulsions quotidiennes de « sans papiers », ainsi l’enfermement de ceux-ci dans des centres dits de rétention avant de les expulser. On voit aussi revenir une décision prise par des fonctionnaires de l’Etat Français des années quarante du siècle dernier qui, au nom d’un principe de non séparation des familles, envoyaient les enfants accompagner leurs parents dans les camps. Aujourd’hui, toujours au nom du principe de non séparation des familles les enfants accompagnent les parents dans les centres de rétention en attendant l’expulsion.

Tous ces crimes sont des crimes d’Etat, les responsables en sont des membres du gouvernement, le Ministre de l’Intérieur chargé ces opérations de basse police, et le Ministre dit de l’Immigration et de l’Identité Nationale, un ministère inventé par l’actuel Président de la République qui nous rappelle que, selon lui, la lutte contre l’immigration dite clandestine participe de la défense de l’Identité Nationale. Et l’on entend peu les fonctionnaires chargés d’exécuter les ordres criminels qu’on leur impose s’y opposer et rappeler à ceux qui dictent de tels ordres que les fonctionnaires ont le droit, voire le devoir, de s’y opposer.

Pour justifier l’intervention de la police contre les « sans-papiers », les autorités nous expliquent qu’elles luttent contre les passeurs qui exploitent ces réfugiés. Mais depuis quand demande-t-on aux victimes de payer pour les délinquants dont elles sont la proie ? Il y a longtemps que les autorités françaises font payer aux réfugiés l’exploitation par les passeurs de leur détresse, de leur volonté d’échapper aux difficiles conditions de vie dans leurs pays d’origine.

Il y a deux traditions françaises, envers les étrangers qui viennent vivre en France, l’une d’accueil et l’autre xénophobe. Depuis quelques années la tradition xénophobe, qui prévalut pendant la période de l’Etat Français dans les années quarante du siècle dernier, revient en force via des gouvernements, de gauche comme de droite, qui ont entrepris de débarrasser la France des hommes et des femmes considérés par eux comme indésirables et qui pour ce faire pratiquent une honteuse chasse aux métèques.

L’Union Juive Française pour la Paix, qui lutte contre toutes les formes de racisme, ne peut accepter une telle politique qui rappelle les heures les plus sombres de l’histoire récente. Parce que certains de ses membres ont connu, dans ces années sinistres, la chasse aux métèques pratiquée par l’Etat, parce que ses membres connaissent le racisme quotidien à l’encontre d’une partie de la population dont on se complaît à rappeler les origines, y compris lorsqu’elle est française, comme le rappelle la mention discriminatoire de « seconde, voire troisième génération », l’UJFP condamne les agressions contre les sans papiers perpétrées par la police française au nom de l’Etat et condamne une politique xénophobe et raciste menée par des gouvernements qui disent défendre les droits de l’homme dans le monde tout en les violant dans leur propre pays.

La seule façon d’éviter qu’il y ait des sans-papiers, c’est de donner des papiers à tous ceux qui veulent vivre en France.

Bureau National de l’UJFP le 25-09-09

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