« Les ordres d’évacuation n’ont pas amélioré la sécurité des habitants de Gaza » – Une experte de l’ONU fustige Israël

Photo : Des Palestiniens fuient le nord de la bande de Gaza vers le sud, 27 novembre 2023 © UNRWA/Ashraf Amra

Paula Gaviria Betancur, experte des Nations unies, déclare que la communauté internationale « doit abandonner la fiction selon laquelle Israël respectera les principes du droit international humanitaire et des droits humains dans ses opérations militaires ».

Une experte des Nations unies a critiqué les ordres d’évacuation d’Israël pour les habitants de Gaza, affirmant qu’ils n’ont pas rendu la situation plus sûre.

« Les ordres d’évacuation d’Israël n’ont pas amélioré la sécurité des habitants de Gaza ; au contraire, ils ont été utilisés pour transférer de force et confiner la population civile dans des conditions invivables », a déclaré mercredi Paula Gaviria Betancur, rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits humains des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI).

Mme Gaviria Betancur s’est déclarée « consternée d’apprendre qu’Israël a l’intention d’étendre ces ordres à Rafah, le seul semblant de refuge pour près de 70 % de la population survivante de Gaza et le seul point d’entrée fonctionnel pour l’aide humanitaire, au cas où les demandes d’Israël dans les négociations ne seraient pas satisfaites avant la date limite du 10 mars imposée unilatéralement ».

Elle a souligné que, bien que Rafah ait déjà fait l’objet d’attaques périodiques de la part des forces israéliennes, « un assaut terrestre de grande envergure entraînerait des souffrances inimaginables ».

Tout ordre d’évacuation imposé à Rafah dans les conditions actuelles, alors que le reste de Gaza est en ruines, explique l’experte de l’ONU, constituerait « une violation flagrante du droit international humanitaire et des droits humains, forçant les gens à fuir dans des conditions de mort certaine – privés de nourriture, d’eau, de soins de santé et d’abris ».

Un mépris total

Mme Gaviria Betancur a noté que peu de crises de déplacement interne dans l’histoire récente pouvaient être caractérisées par un mépris aussi total des droits des personnes déplacées.

« Les personnes déplacées à Gaza ont été arbitrairement chassées de leurs maisons à de multiples reprises, au mépris de leurs droits à la vie, à la dignité, à la liberté et à la sécurité », a-t-elle déclaré.

La rapporteuse spéciale a expliqué qu’ »il est impossible de concevoir une solution durable à leur déplacement, étant donné la destruction systématique par Israël des infrastructures civiles, y compris les maisons, les hôpitaux, les écoles, les marchés et les lieux de culte ».

À cela s’ajoute « l’immense tribut psychologique » que le conflit a fait payer à la population de Gaza.

« Prévenir les déplacements arbitraires et fournir une protection, une assistance et des solutions durables aux personnes déplacées ne sont ni facultatifs ni des actes de charité », a déclaré l’experte. « Il s’agit d’obligations qui incombent à Israël en tant que puissance occupante en vertu du droit international. « 

La rapporteuse spéciale a condamné les efforts continus d’Israël pour entraver et armer l’aide humanitaire, en plus de l’élargissement « très inquiétant » de son attaque contre l’aide humanitaire « pour cibler systématiquement les demandeurs d’aide eux-mêmes, à travers des attaques contre des civils cherchant de l’aide ».

« Je suis horrifiée par la dépravation qui consiste à tuer des civils alors qu’ils sont les plus vulnérables et qu’ils recherchent une assistance élémentaire. Il s’agit là de crimes atroces de la plus haute importance », a-t-elle souligné.

Elle a expliqué que l’aide humanitaire est désespérément nécessaire pour soulager les immenses souffrances de la population de Gaza et pour empêcher de nouveaux déplacements, y compris d’éventuels déplacements transfrontaliers.

Ordonnance contraignante de la CIJ

Il y a un mois, la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu « une ordonnance contraignante enjoignant à Israël de prendre des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture de services essentiels et d’aide humanitaire à Gaza, dans le cadre des mesures requises pour empêcher la commission d’un génocide », a-t-elle souligné.

« Au lieu de cela, Israël a immédiatement lancé une campagne visant à discréditer et à défaire l’UNRWA, l’épine dorsale de la réponse humanitaire à Gaza, sur la base d’allégations pour lesquelles Israël n’a pas encore fourni publiquement de preuves crédibles », a déclaré l’experte.

Elle a également condamné Israël pour n’avoir « pas fait grand-chose pour tenir responsables les citoyens israéliens du blocage de l’acheminement de l’aide humanitaire ».

Avec l’attaque des convois d’aide et des installations sanitaires, « la famine et la maladie sévissent et font des victimes en même temps que les actions militaires d’Israël ».

Selon le ministère de la santé de Gaza, 30 717 Palestiniens ont été tués et 72 156 blessés dans le génocide israélien en cours à Gaza depuis le 7 octobre.

En outre, au moins 7 000 personnes sont portées disparues, présumées mortes sous les décombres de leurs maisons dans toute la bande de Gaza.

Pas de simples statistiques

Mme Gaviria Betancur a exhorté la communauté internationale à se souvenir de ces victimes, car « les vies palestiniennes ne sont pas de simples statistiques. Il s’agit de familles qui luttent pour joindre les deux bouts, d’êtres chers déchirés, d’enfants qui tentent de trouver la joie au milieu d’un traumatisme inimaginable, de personnes comme partout ailleurs ».

Elle a déclaré que « la communauté internationale doit abandonner la fiction selon laquelle Israël respectera les principes du droit international humanitaire et des droits humains dans ses opérations militaires ».

« Un cessez-le-feu immédiat et permanent, associé à des mesures significatives visant à documenter les atrocités commises et à en rendre compte, ainsi qu’à garantir les droits fondamentaux des Palestiniens de Gaza, est la seule voie à suivre dans l’intérêt de notre humanité commune », a souligné la rapporteuse spéciale.

Traduction : AFPS

Source : United Nations human Rights Office of the high Commissioner