Contre toutes les politiques de sous-traitance du contrôle des frontières
Communiqué du GISTI
Jeudi et vendredi dernier, plusieurs dizaines de militantes et de militants de la cause palestinienne ont été retenus à l’aéroport de Roissy et empêchés de prendre un avion pour Tel Aviv. Alors qu’elles étaient en possession des réservations et documents de voyage nécessaires, ces personnes se sont vu opposer des refus d’enregistrement ou d’embarquement. Les mêmes scènes se sont produites dans d’autres aéroports européens, notamment à Genève, Bruxelles ou Budapest.
Beaucoup ont découvert à cette occasion que les compagnies d’aviation acceptaient de faire le travail de la police. Elles ont en effet cédé ici aux pressions du gouvernement israélien qui les menaçait de devoir rapatrier à leurs frais ces passagers « indésirables ». Ces pratiques visant à empêcher des militants de manifester leur solidarité avec les habitants de Gaza et de Cisjordanie et les atteintes à la liberté de circulation qui en résultent méritent d’être vigoureusement dénoncées. Mais ces méthodes sont loin d’être exceptionnelles : elles sont utilisées partout, chaque jour, dans la plus grande indifférence et le plus grand silence médiatique. Or leurs conséquences sont dramatiques car elles dressent des obstacles permanents et quasi infranchissables sur la route des migrants à la recherche d’un refuge ou d’une vie meilleure.
Les pays du Nord pratiquent, en effet, cette « externalisation » des tâches de police en matière de contrôle des migrations au mépris, entre autres, du droit inaliénable, proclamé par tous les textes internationaux, de quitter son pays et de la Convention de Genève sur les réfugiés de 1951. Depuis des années, pour échapper aux amendes dont elles sont menacées, les compagnies aériennes acceptent d’opérer un tri parmi leurs passagers en écartant toutes celles et ceux qui, aux yeux des États de destination, présentent un « risque migratoire ». Ce faisant, elles contraignent des millions de personnes à utiliser des voies d’accès clandestines, toujours plus coûteuses et périlleuses.
Il faut dénoncer les mécanismes de la coopération inter-étatique et cette privatisation des contrôles qui ont abouti ces jours-ci à porter de graves atteintes au droit de circuler et à cette autre liberté fondamentale dans une démocratie qu’est la liberté de manifester. Mais il faut aussi et surtout faire en sorte que la publicité donnée à ces événements soit l’occasion d’une prise de conscience des pratiques habituelles des États qui, sur fond de mondialisation, visent à assigner à résidence tous ceux dont les déplacements les inquiètent ou dérangent leurs intérêts.
Le 12 juillet 2011