Il se peut que les Emirats Arabes Unis soutiennent un projet israélien de fermer l’UNRWA, agence de l’ONU qui fait face aux besoins de santé, d’éducation et autres besoins fondamentaux de millions de réfugiés palestiniens.
Les responsables émiratis envisagent « un plan d’action destiné à faire progressivement disparaître l’UNRWA, sans conditionner cette disparition à quelque résolution que ce soit du problème des réfugiés », était-il écrit a semaine dernière dans le journal français Le Monde.
Cela aiderait Israël à atteindre son vieil objectif de liquidation totale des droits des réfugiés palestiniens.
Israël pense que l’existence de l’UNRWA maintient en vie la question des réfugiés palestiniens qui ont subi un nettoyage ethnique, chassés de chez eux par les milices sionistes avant et après la création d’Israël en 1948.
Depuis lors, Israël a interdit aux réfugiés palestiniens de revenir chez eux sur le seul fondement raciste qu’ils ne sont pas juifs.
« L’UNRWA est une organisation qui perpétue le problème des réfugiés palestiniens », a dit le Premier ministre d’Israël Benjamin Netanyahou.
« Elle perpétue aussi le récit du soi-disant ‘droit au retour’ dans le but d’éliminer l’État d’Israël et par conséquent, l’UNRWA doit disparaître », a ajouté Netanyahou.
Logique perverse
L’UNRWA existe parce qu’on dénie leurs droits aux réfugiés, et il faut pourvoir à leurs besoins humanitaires fondamentaux jusqu’à ce que ces droits soient respectés.
La logique perverse de la position israélienne, c’est comme si on disait que puisque les hôpitaux sont pleins de malades, le moyen d’éliminer la maladie, c’est de fermer les hôpitaux.
Cependant, Israël espère qu’en détruisant l’UNRWA, il peut réduire encore plus la visibilité des réfugiés palestiniens sur l’agenda international et qu’il va sans doute rallier des Arabes à sa cause.
C’est avec la même logique en tête que l’administration Trump a supprimé en 2018 les financements américains à l’UNRWA.
Le plan de « paix » de l’administration Trump demande que les réfugiés palestiniens soient définitivement privés de leur droit de retourner chez eux.
Bien que d’autres pays aient augmenté leur contribution à l’UNRWA à la suite des coupures des Etats Unis, l’agence est demeurée dans une crise financière chronique, maintenant exacerbée par la pandémie du coronavirus.
Le Monde dit que le ministre des Affaires étrangères des EAU Anouar Gargah n’a pas répondu à sa demande de commentaires, mais fait remarquer que l’État du Golfe a pour ainsi dire supprimé son financement de l’UNRWA cette année.
Après avoir fourni à l’UNRWA presque 52 millions de dollars en 2019, le gouvernement des EAU a sabré son engagement pour 2020 à à peine 1 million de dollars.
En 2019, l’Arabie Saoudite, autre régime arabe pro-israélien, a drastiquement réduit son soutien au budget central de programmation de l’UNRWA à à peine 2 millions de dollars, après les 50 millions de l’année précédente. En 2020, l’Arabie Saoudite a fait regrimper son financement à 29 millions – encore très en-dessous des niveaux de 2018. Encore faut-il voir si ces girations renferment un message politique.
L’armée israélienne dans les EAU ?
Pendant ce temps, d’après Le Monde, les Emirats lorgnent encore plus vers une intégration militaire avec Israël.
Au cours des quelques prochaines années, les EAU chercheront peut-être à acquérir le système israélien d’interception de missiles Dôme de Fer pour se défendre contre la menace perçue en provenance de l’Iran.
« La question du transfert de cette technologie sera soulevée dans les années à venir », a dit Hussein Ibish, employé de l’Institut des Etats Arabes du Golfe à Washington.
Ce groupe de réflexion est financé par des sources émiraties et saoudiennes ainsi que par de grands groupes pétroliers et les sociétés d’armement Raytheon et Lockheed Martin.
Dôme de Fer est fabriqué par Raytheon en partenariat avec la société israélienne d’armement Rafael.
« Les Israéliens pourraient exiger en échange le déploiement de conseillers militaires sur le sol des Emirats Arabes Unis », a dit Ibish au Monde. « Ils seraient ainsi juste à la frontière de l’Iran. »
Selon toutes les apparences, le but ultime des accords de normalisation entre Israël, les Emirats Arabes Unis et d’autres régimes arabes, ce n’est pas « la paix ». Il s’agit plutôt de transformer ces Etats en avant-postes tout à fait économiques, diplomatiques et militaires d’Israël.
Par Ali Abunimah, le 28 décembre 2020
Source : The Electronic Intifada
Traduction : J. Ch. pour l’Agence média Palestine