— Résumé —
En 1948, 750 000 Palestinien·ne·s sont expulsé·e·s de leur terre et 615 localités sont détruites pour établir l’État d’Israël. C’est ce qu’on appelle la Nakba (« catastrophe » en arabe), terme tabou hier et entré dans le vocabulaire israélien aujourd’hui, bien que honni par certains.
Quinze ans de combat politique ont été nécessaires pour placer la Nakba au centre des débats pour la reconnaissance de la tragédie palestinienne. Une lutte de premier plan contre les pages sombres d’une histoire coloniale qui a débuté à la fin du XIXe siècle et qui continue de nos jours. Ce livre s’ouvre sur le parcours d’Eitan Bronstein, le principal chef de file de ce changement politique. Comment un jeune kibboutznik, sioniste de gauche, est-il devenu une des figures les plus radicales de la gauche antisioniste israélienne ? Il retrace le chemin parcouru et le processus complexe qui ont permis ce changement, notamment à travers l’ONG Zochrot qu’il a fondée en 2002. L’ouvrage raconte aussi le couple qu’il forme avec l’anthropologue politique française Éléonore Merza, à la vie comme dans la lutte politique. À leur histoire politique se mêle leur histoire personnelle et familiale. Lui, arrivé d’Argentine en Israël à l’âge de cinq ans, qui a fait l’armée et dont la rupture avec le sionisme s’est faite tardivement. Elle, fille d’une Juive et d’un Musulman expulsé de ses terres par Israël, et qui a décidé d’y fonder sa famille comme un pied de nez à l’histoire sans pour autant accepter d’être israélienne. Parallèlement à leur récit, cet ouvrage nous permet de mieux saisir comment les Israélien·ne·s voient la Nakba et leur sentiment face au droit au retour des réfugiés palestiniens, et – de facto – de mieux comprendre la société israélienne. À travers ces pages, apparaît l’espoir qu’une nouvelle génération d’Israélien·ne·s puisse se libérer d’une identité collective coloniale, afin de pouvoir imaginer une cohabitation plus juste, une terre légitime pour tou·te·s.