Le vote de la résolution Maillard : censure politique et division sociale

4 décembre 2019 – Michèle Sibony.

À peine le quart des députés de l’assemblée nationale ont adopté hier soir la résolution Maillard chargée de faire appliquer en France une politique de protection du régime israélien dictée par Israël et le lobby pro israélien en Europe. Ainsi la France rejoint la Grande Bretagne l’Allemagne l’Autriche la Roumanie et Israël et adopte la définition de l’IHRA qui doit servir à harmoniser à l’échelle européenne la répression de toute critique d’Israël, en assimilant notamment l’antisionisme, une opinion légitime, à du racisme antisémite, un délit.

Nous n’accepterons pas  de définition dictée par Israël et instrumentalisée au profit de ses alliances. Nous affirmons qu’il est légitime de critiquer Israël, et que l’expression de cette critique est une liberté que nous continuerons d’exercer, y compris dans la critique du sionisme. Nous continuerons à soutenir les droits du peuple  palestinien  et à lutter contre l’apartheid israélien avec l’outil  du BDS.

La résolution votée cherche à interdire toute critique de la politique israélienne en imposant le récit israélien de l’histoire, un récit qui nie l’histoire de la dépossession et de la colonisation de la Palestine. Un récit qui englobe tous les juifs du monde dans la défense inconditionnelle de cette politique et de ce régime.C’est un bien mauvais service à leur rendre, et qui les expose plus qu’il ne les protège.

La résolution votée veut aussi faire apparaître l’antisémitisme comme un racisme exceptionnel, à part, qui nécessiterait donc un traitement d’exception, dans un pays où le racisme sévit sous de multiples formes et à l’encontre de nombreuses populations. L’antisémitisme veut être ici utilisé comme une arme de division,     créer un ressentiment chez tous ceux qui subissent aussi le racisme et ne sont ni écoutés ni reconnus, et  utiliser ce sentiment et ses conséquences au renforcement de l’alliance avec les juifs/ Israël. C’est une stratégie mortifère et de guerre pour notre pays, une stratégie antirépublicaine. La constitutionnalité d’un tel projet porté par cette résolution  doit être examinée.

Pour la Palestine/Israël comme pour la France, il n’y a qu’une seule et même boussole, l’égalité seule capable d’assurer la paix.