Le vieil homme, les oliviers

Olivia Elias, poète de Palestine, 22-10- 2015

I

Toutes ces années de colère rentrée
Toutes ces années de sanglots ravalés
Toutes ces années de crépuscule
Où la mort danse avec les chacals
Dans les cimetières
Toutes ces années de rapine
Et de bals de bulldozers
Au sommet des collines
Toutes ces années où ils ont dressé
L’arbre du pillage au milieu du village
Toutes ces années de chasse à l’indigène
Toutes ces années d’espoir
Et de dignité assassinés

Et la terre retenait ses larmes
Et le vieil homme endurait
Un jour
D’une coupe trop pleine
Son cœur s’est soulevé
Seul
Il s’est avancé vers la forêt
De fusils

Honte sur vous
A-t-il dit aux fantassins
Harnachés de mort
Honte sur vous
Qui tirez sur des enfants
N’armez pas
N’armez pas
Vos fusils !

Son-corps-bras-grands ouverts-
Barrage-contre-les-tirs
Il a dit aux soldats
Armés de feu et d’acier
Reculez !
Partez !

II

C’était comme s’il parlait
Avec son être tout entier
Sang-flux-salive-muscles-cartilage
-tendons-pulsations-des-ventricules
C’était comme si tous les Justes
De la Terre s’étaient levés
Et parlaient
Face à Hérode
Face à César
Face aux tyrans

C’était comme si les fleuves
Les sources les champs de blé
Les fleurs des champs
Les hirondelles -La Palestine toute entière –
S’étaient levés
Et parlaient

Les oliviers eux aussi se mirent
En marche dans un halo
de feuillage argenté
Sur leur passage hommes et femmes
embrassaient leurs racines millénaires

Une clameur envahit le ciel
Reculez !
Partez !


NDLR

Ce poème de notre amie Olivia est inspirée d’un fait récent réel attesté par cette vidéo :