Le souvenir ne demeure que lorsque le présent l’éclaire (Jean Cayrol, Nuit et brouillard)

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Il y a 75 ans, le 5 mai 1945, peu avant midi, un char américain défonçait le portail de la forteresse de Mauthausen, entrait dans le camp.

Seul le portail et l’aigle qui le surplombait tombaient.

La forteresse et camp d’extermination – construite pierre par pierre, extraites de la carrière par les déportés espagnols livrés dès le début de l’occupation par Vichy aux nazis – la forteresse elle, est restée intacte…

Le souvenir ne demeure que lorsque le présent l’éclaire (Jean Cayrol, Nuit et brouillard)

Reste à jamais le témoignage du rêve criminel nazi.

Elle est ainsi vigile et avertissement pour les générations actuelles de ce qu’il peut advenir si nous ne prenons pas garde.

Plus que le Parthénon antique – symbole aujourd’hui caduc des sociétés européennes fondées sur la démocratie – la forteresse de Mauthausen est aujourd’hui le symbole de ce que risque de devenir à nouveau l’Europe, gangrenée par des idéologies criminelles qui prônent l’exclusion et le repli identitaire, l’érigent en forteresse.

Le camp forteresse de Mauthausen ne nous dit pas seulement ce qu’était l’abomination hier.

Il nous interpelle et exige que nous réfléchissions à ce que signifient les politiques actuelles de refus d’accueillir les exilés qui fuient leurs pays dévastés par des guerres entretenues par l’Europe, par la France particulièrement.

Ce que signifie son refus d’accueillir les exilés et migrants noirs sub-sahariens fuyant la misère endémique entretenue – elle aussi – par l’Occident, France comprise.

Ce que signifient les noyades organisées en Méditerranée, devenue la fosse commune de la forteresse Europe.

Ce que signifient les camps de concentration externalisés et établis sur les îles grecques, les chasses à l’homme à la frontière greco-turque.

En réalité, la forteresse Europe – même si elle s’en défend, et avec d’autres pratiques – est encore et toujours animée de cette même détestation et de ce même mépris de l’Autre, qu’affichaient le régime nazi et le régime de Vichy.
Une situation qui peut, d’un jour à l’autre, basculer dans l’inacceptable.
Tous les signaux sont au rouge, où que nous portions nos regards.

Et que dire de Gaza ?

Le plus grand camp de concentration au monde, construit de toutes pièces par le régime d’apartheid israélien, avant-poste de l’Occident au Moyen Orient – avec la complicité active et intéressée de l’Europe.

Complicité intéressée lorsque l’on sait que celle-ci équipe aujourd’hui ses milices de Frontex envoyées à Lesbos avec les dernières inventions technologiques israéliennes de détection et de répression de la Résistance palestinienne, de celle des deux millions de Gazaouis emmurés à Gaza.

Les crimes commis à Gaza, ceux commis en mer Méditerranée, sur les îles grecques, portent un nom, ont une seule qualification, celle de crimes contre l’Humanité – précisons-le – émancipée du crime fondateur et confirmée par le Statut de Rome.

Aussi, en ce jour anniversaire de la libération de Mauthausen, trois jours avant la capitulation du régime nazi, notre vigilance est accrue, nos responsabilités tout autant.

La commission antiracisme politique
Pour la coordination nationale de l’UJFP, le 5 mai 2020