Par Amira Hass, journaliste israélienne à bord du bateau
20/07/2011 12:31
Trois navires de missiles et sept bateaux de commandos ont été envoyés pour reprendre le baquet connu comme « le Dignité Al Karama » hier, à environ 50 miles nautiques de la côte.
Au moins 150 soldats ont été envoyés à la mer tôt le matin pour éviter aux 10 activistes civils, trois membres d’équipage et trois journalistes de la « flottille de la liberté » d’atteindre le port de Gaza.
Pendant une heure, hier, les militants ont pensé que la marine pourrait avoir renoncé à sa mission coûteuse pour les intercepter. Ils ont imaginé une autre fin, non-violente, à leur voyage, qui a débuté en Corse le 25 Juin, et a continué dans les eaux internationales, le samedi à partir de l’île grecque de Kastellorizo.
Le lundi, les militants et l’équipage ont décidé de jeter l’ancre à environ 80 miles nautiques de la côte de sorte que s’ils devaient être interceptés, ce serait durant la journée.
Mardi matin, le navire lève l’ancre et repart.
Vers 10 heures, un navire de la marine israélienne est apparu au nord. La radio du Karama a commencé à grésiller: «C’est la marine israélienne. Quelle est votre destination.? »
«Le port de Gaza. »
Permission refusée, dit la voix.
Au même moment, la communication a été coupée. A environ 13 heures, un commando de quelques bateaux accélérait vers le Karama depuis l’ouest. Depuis le sud et le nord, trois bateaux de missiles sont apparus.
Nous étions tous vêtus de nos plus gilets de sauvetage orange fluo. Les huit personnes en dessous du pont ressemblaient à des personnages de dessins animés.
Mais ce qui approchait n’était pas une plaisanterie. Deux longs bateaux de missiles verdâtres avec des commandos à bord, des masques noirs cachant leurs visages, pointant toutes sortes d’armes sur les personnages orange.
Les bateaux de commando s’approchèrent ; à leurs côtés, deux canots pneumatiques gris.
Plus tard, trois de plus apparurent.
L’expatrié israélien Feiler Dror, aujourd’hui citoyen suédois, a crié en hébreu: « Arrêtez de pointer votre arme sur nous, nous ne sommes pas armés ! » Il a joué une mélodie qu’il avait composé, avec des motifs juifs cantoriaux, sur son saxophone.
Juste quand il s’est arrêté de jouer, les bateaux de commando ont commencé à ralentir et à se replier. Les militants ont plaisanté en disant que la chanson avait fait son travail.
Autour de 14 heures, sept bateaux de commando sont venus à quelques mètres du yacht des deux côtés.
Les canons à eau ont été pointés sur la droite du pont. Les bateaux en caoutchouc s’approchèrent également, et l’équipage du Karama a commencé à descendre de la plate-forme supérieure humide. Le moteur s’est arrêté et les soldats, avec leurs masques noirs et de leurs armes pointées, ont ordonné à tous de rentrer dans la cabine.
« Nous n’allons pas vous blesser si vous obéissez », dit quelqu’un. Les activistes ont été entassés dans la cabine, et le pont rempli avec des hommes masqués qui les ont amenés un par un dans les vaisseaux en caoutchouc.
Les hommes masqués tendaient leurs mains et disaient des choses calmantes comme « prenez ma main; ici, laissez-moi prendre votre sac » Nous étions à peine monté sur le bateau en caoutchouc, qui avait le marquages de la police des frontières, qu’on nous donnait de l’eau. Les soldats masqués sur les autres bateaux étaient occupés à prendre des photos de chaque acte humanitaire.
Des canots pneumatiques, nous avons été emmenés sur l’énorme bateau de missiles Kidon, parmi les missiles – manifestement destinés à Gaza – et des soldats dont les visages n’étaient pas masqués.
Plus tard nous avons été emmenés en bas dans des cabines sans air. Trois ou quatre jeunes hommes nous gardaient. Ils étaient gentils, ils nous ont apporté de l’eau et des fruits. Quelqu’un vérifié notre pouls. Quelqu’un a demandé si quelqu’un avait mal quelque part.
Quatre heures plus tard, quand nous sommes arrivés à Ashdod, nous avions mal à la tête à cause des cabines suffocantes.
A environ 19 heures, nous avons mis le pied sur le quai d’Ashdod. Des masses de soldats et quelques personnes en civil nous sont tombés dessus. Les gens ont été amenés à leurs bagages.
C’est là que nous nous sommes séparés: en tant qu’israélienne et journaliste, j’ai été mise de côté et libérée après que mon passeport a été tamponné. Les autres 15 passagers du Karama ont été arrêtés et n’ont pas été autorisés à voir leurs avocats.