par Michel Ouaknine et Manon Fillonneau.
Le rapport de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) « sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie » vient de paraître.
Un rapide coup d’œil nous fait découvrir que le travail quotidien du Crif ne paie pas car « l’immense majorité des personnes interrogées citent (en tête des victimes du racisme) les Nord-Africains et musulmans (51%, + 4 / 2014, soit le niveau le plus haut jamais atteint) ».
Par ailleurs, « l’idée d’un racisme anti-Français progresse sensiblement cette année : « Les Français » sont spontanément désignés comme victimes de racisme par 18% des personnes interrogées (+ 5 / 2014, soit le plus haut niveau jamais atteint). Cette idée qu’il existe un racisme « anti-blanc » atteint son plus haut niveau chez les sympathisants du Front national (41%). (Un grand merci à la direction du MRAP !)
Sur les Juifs :
– « 43% des personnes interrogées pensent qu’Israël compte plus que la France pour les juifs français (moins 13% par rapport à 2014 ! Un résultat de toutes les actions auxquelles nous avons participé ? Et ce, malgré la force de frappe du Crif !).
– « 41% pensent que les juifs ont un rapport particulier à l’argent (- 22%). (…) idée (…) partagée par 54% des sympathisants du Front national et 51% des sympathisants des Républicains.
– « Enfin, 20% des sondés estiment que les juifs ont trop de pouvoir en France (merci au travail des philosémites du gouvernement … et du CNCDH qui fait la distinction entre racisme et antisémitisme !). Une « opinion » partagée pratiquement à égalité entre retraités, sympathisants du FN, catholiques pratiquants et musulmans (selon les résultats discutables des sondage du CNCDH).
Sur les Rroms
Le chapitre 5 (pages 339 à 355) est réservé à la question des Roms et de la Romaphobie. Les résultats sont assez surprenants…. Extraits :
(…) En outre si, en 2014, 85 % de l’échantillon considérait que les Roms « exploitent très souvent les enfants », soit une légère baisse par rapport à l’année précédente, en janvier 2016 ce pourcentage est tombé à 68,6 %. On assiste donc à une inversion de tendance après l’augmentation spectaculaire au cours des années précédentes.
D’après ces chiffres on peut remarquer que l’image des Roms comme voleurs et trafiquants, partagée par plus des trois quarts de la population en 2014 (77,5 %), ne l’est plus que par 57 % en 2016, soit un recul important de presque 20 points. Cette tendance est confirmée si l’on se penche sur l’opinion selon laquelle les Roms ne voudraient pas s’intégrer en France. Elle était partagée par 77 % de la population en 2014, la première fois que l’on a posé cette question dans l’enquête CNCDH, elle est tombée à 57,4 % en 2016.
Si pour la majorité des Français les Roms sont donc toujours des nomades, qui exploitent les enfants, des voleurs qui ne veulent pas s’intégrer, en examinant attentivement les chiffres on constate une baisse significative du nombre de personnes partageant ces préjugés. Mais là encore nous ne pouvons savoir si la baisse observée depuis un an dénote un vrai changement de tendance.
On trouve aussi dans ce chapitre une analyse de la romaphobie selon les régions (bien plus élevée en Champagne-Ardenne qu’en Ile-de-France), selon la catégorie socio-professionnelle, la religion, les croyances religieuses ou l’appartenance politique.
Les rédacteurs du rapport (et notamment Tommaso Vitale qui a travaillé sur ce chapitre) analysent cette baisse de la romaphobie par une baisse de l’attention médiatique et politique. Ce sujet est moins « à la mode », mais on en parle mieux. Ils font mention de l’augmentation assez récente de prises de parole de Roms dans les médias, ce qui modifie l’image des Roms et leur mode de visibilité. Le rôle des associations est aussi salué, notamment à travers les différentes campagnes pour pour lutter contre les préjugés.