Au 14e siècle, les grandes épidémies de lèpre ou de peste bubonique ont été l’occasion, pour la première fois, de l’accusation mortifère d’empoisonnement des puits par les Juifs, suivie de bûchers et de massacres. La dénonciation des Juifs comme une présence satanique, responsable de tout le malheur du monde, est un des fondements de l’antisémitisme.
Dans les manifs contre le pass sanitaire, des pancartes ont fait leur apparition. « Qui ? » est le slogan antisémite principal : ou bien ce « qui ? » est accompagné d’une liste de femmes ou d’hommes politiques, de médecins, de patrons de l’industrie ou des médias, tous juifs – ainsi, on préférera évoquer Drahi pour les médias et non Bolloré qui a le tort de ne pas être juif… Ou bien ce « qui ? », parfois orné de cornes diaboliques, pose-t-il la question sur « ceux qu’on ne peut critiquer », ceux qui sont « l’ennemi », « ceux qui se sentent visés » sans donner de noms : chacun doit identifier de lui-même le « complot juif » contre la santé et la liberté, mené par les Juifs.
Gêné aux entournures, le CRIF, dont une partie des dirigeants flirte aisément avec le Rassemblement national, doit abandonner sa vindicte contre les quartiers populaires, les musulmans qui seraient les auteurs d’un nouvel antisémitisme. C’est bien le vieil antisémitisme, le lourd, amené par des groupes identitaires qui se développent dans le climat de répression et d’islamophobie décomplexée.
Et si l’on peut s’étonner du laxisme du gouvernement envers l’antisémitisme quand il émane de l’extrême droite, on notera que , certains manifestants se sont violemment opposés à cette expression raciste. Une vidéo d’un dirigeant du mouvement social dénonçant l’extrême droite est devenue virale. Ceux qui tentent de faire croire que l’antisémitisme serait à présent d’extrême gauche en sont pour leurs frais.
Sans concession, nous dénonçons l’antisémitisme d’où qu’il vienne et en l’occurrence de l’extrême droite et nous le faisons d’autant plus aisément que nous nous sommes prononcés fermement, par des actes, contre toutes les formes du racisme, sans hiérarchisation, contre l’islamophobie, la négrophobie, l’antitsiganisme… avec nos sœurs et nos frères d’organisations qui luttent contre le racisme d’État et ne sont pas dupes des détournements que la domination peut faire pour se maintenir en place.
La Coordination nationale de l’UJFP, le 3 septembre 2021