Le propriétaire du Haaretz monte au créneau : un athée qui croit à la promesse divine.

Il est assez rare qu’Amos Shoken, le propriétaire du quotidien Haaretz, s’exprime sur les pages de son journal. Ce 18 Aout il a pourtant décidé d’intervenir dans une polémique et de répondre a Ouzi Baram, ancien ministre travailliste. Ce dernier critiquait la ligne éditoriale du Haaretz et affirmait que cette dernière éloignait de plus en plus de lecteurs qui ne voulaient pas d’un journal trop « extrémiste ».

Comme l’écrit Shoken: « Aux yeux de Baram, des positions qui expriment [dans le Haaretz] leur honte du sionisme et affirment que seules des pressions internationales pourront mettre fin au régime d’apartheid éloignent même des lecteurs de gauche ou du centre-gauche du journal. Selon l’ancien ministre, les opinions éditoriales de Haaretz seraient petit à petit devenues celles du journaliste Gideon Levi, la bête noire de tout ceux qui croient encore à la renaissance d’un sionisme modéré.

La réponse de Shoken est d’abord factuelle : chiffres à l’appui, il démontre que le nombre de lecteurs du quotidien, de son site et de sa publication hebdomadaire est en hausse. Bonne nouvelle, qu’il faut pourtant tempérer par le chiffre qu’il donne (95.200 lecteurs), qui reste très loin derrière les centaines de milliers d’exemplaires que vendent les deux autres quotidiens de masse Yediot Aharonot et Maariv) , ou encore le torchon Israël Aujourd’hui, distribué gratuitement dans les rues par les amis de Benjamin Netanyahou.

Plus intéressant que les performances relatives de Haaretz, est le contenu de la réponse d’Amos Shoken.

Loin de botter en touche et d’affirmer que Gideon Levi et Amira Hass n’étaient que des expressions marginales dans son journal, le propriétaire du Haaretz assume le contenu (y compris la nécessité de pressions internationales), sans nécessairement partager toutes leurs conclusions.

Il y a pourtant un point sur lequel le propriétaire du Haaretz exprime son désaccord avec Gideon Levi :  » Gideon Levi a tort d’affirmer qu’on ne peut être à la fois laïque et croire au droit biblique sur Shilo et Itamar [des colonies au cœur de la Cisjordanie]; il n’y a aucun lien entre, d’un coté, la foi, et de l’autre, la réalisation d’un droit biblique… La promesse biblique, l’histoire juive en terre sainte et le lien qui a existé pendant des millénaires entre un peuple dispersé à travers le monde et son histoire sur la Terre d’Israël ont créé la base de la revendication sioniste sur ce territoire ».

Shoken ajoute que c’est sur cette base que la communauté internationale a pu, à un moment donne de l’histoire, donner sa légitimité à l’État d’Israël.

Le propriétaire du Haaretz, journal libéral et progressiste s’il en est, est l’exemple type de l’athée israélien : celui qui ne croit pas en l’existence de Dieu, mais jure, dur comme fer, que c’est Dieu qui nous a donné cette terre en héritage…

Michael Warschawski

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