La Ligue des Droits de l’Homme et l’association France Palestine Solidarité (AFPS) participaient au Printemps de la Palestine ce dimanche 5 mars à travers une journée riche en échanges, découvertes et partage à la MCL de Gérardmer.
Pour cette édition, les deux associations avaient mis les petits plats dans les grands, au propre comme au figuré, avec une exposition présentée par Christian Hallinger de l’AFPS, un repas palestinien ainsi qu’une projection suivie d’un débat animé par Pierre Stambul de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), venu spécialement de Marseille pour ce printemps de la Palestine dans les Vosges. Issu d’une famille juive de Bessarabie arrivée en France en 1938, lui dont le père faisait partie du groupe Manoukian et a été déporté évoque sans détour la situation en Palestine et le combat qu’il mène avec l’UFJP, association qui mériterait sans doute d’être plus souvent sur le devant de la scène afin de mieux comprendre ce conflit qui dure depuis 76 ans maintenant.
Pour lui, pas de doute possible, « le sionisme est complice de l’antisémitisme, il a œuvré pour que les Juifs quittent l’Europe et l’une de ses bases est que les Juifs et les non Juifs ne peuvent pas vivre ensemble. A partir de ce moment, comment est-ce possible de vivre ensemble sur le même territoire dans l’égalité des droits ? » Pierre Stambul a effectué deux séjours à Gazah, en 2013 et 2016, qu’il qualifie de « prison à ciel ouvert » où 2,2 millions d’habitants, majoritairement des descendants d’expulsés de 1948, « sont littéralement retirés du monde, effacés, bouclés par terre, mer et air, contraints de se fournir en produits de mauvaises qualités que les Juifs d’Israël concèdent leur fournir, l’exportation et l’importation étant interdites... »
Comment cette situation est-elle possible, comment est-elle devenue acceptable par certains gouvernements ? « Tout d’abord, l’Europe et l’Occident de manière générale sont sortis de 2000 ans d’anti judaïsme et le monde s’est défaussé : en cela les Palestiniens payent un crime européen. Ensuite, l’Israël c’est un peu leur État, avec des technologies de pointe, notamment en matière d’armement et de surveillance, un État qui donne l’exemple d’une société qui surveille et domine les gens supposés les plus dangereux, qui les domine et les »domestique ». C’est une pièce essentielle pour les dominants du monde, un exemple de comment inscrire le racisme et la discrimination dans la loi, ce que beaucoup rêvent de faire. C’est un morceau d’Occident figé dans l’Orient et un exemple de reconquête coloniale. Quant au soutien des États-Unis, contrairement à ce que l’on veut parfois laisser croire, il est uniquement géostratégique » poursuit Pierre Stambul.
La situation semble figée à Gazah et en Palestine, mais les palestiniens s’accrochent à la vie, à leurs oliviers, à leur terre. Des associations comme l’UJFP et l’AFPS œuvrent pour « obliger nos gouvernements à sanctionner Israël et arrêter de soutenir l’Etat d’Israël car les privilégiés n’abandonnent pas leurs privilèges sans sanction. (…) Il faut rétablir la liberté, lever le blocus à Gazah, obtenir le droit au retour des réfugiés et mener des négociations sur l’avenir sur la base du droit international » conclut Pierre Stambul.
Christian Hallinger a présenté l’exposition réalisée suite au voyage effectué avec une douzaine de bénévoles de l’AFPS Lorraine Sud au Liban, dans des camps de réfugiés Palestiniens.