Union juive française pour la paix

Le plan Trump : un nouveau plan de dépossession des Palestiniens

SilenceGenocide Le plan Trump : un nouveau plan de dépossession des Palestiniens

Imposer les décisions impériales

Les États-Unis sont co-auteurs du génocide à Gaza en cours depuis octobre 2023. Sans le flux ininterrompu des armes les plus meurtrières, sans le « dôme de fer » et l’impunité assurée à l’ONU, ce génocide se serait interrompu il y a longtemps. Le « plan » impérial conçu par Trump et ses conseillers n’est évidemment pas un plan de paix. C’est un moyen de conserver l’hégémonie de l’Occident dans cette région.

Les Palestiniens ont subi  la déclaration Balfour en 1917, lorsque  l’Empire britannique donnait aux sionistes une Palestine qu’ils étaient en train de conquérir. Ils ont connu en 1922 le « mandat » donné par la SDN (Société des Nations) à ce même Empire qui affirme noir sur blanc que les Palestiniens sont un peuple « mineur » et que le mandataire a pour mission de les « civiliser ». Ils ont connu 1949, le refus de Ben Gourion d’appliquer la résolution 194 sur le retour des réfugiés palestiniens et malgré cela, l’admission d’Israël à l’ONU, qualifié d’État respectant le droit international. L’État d’Israël est à la fois le projet colonial des pays impérialistes et le résultat de 2 000 ans d’antisémitisme dont on a fait payer le prix aux Palestiniens.

Dans toutes ces situations, le monde dit « civilisé » a décidé sans les Palestiniens et contre leurs droits fondamentaux.

Le plan Trump ne fait pas exception. Même si on n’en connaît pas encore tous les aspects, ce qui le caractérise c’est la disparition des Palestiniens comme acteurs. L’évocation par Trump de Tony Blair pour mettre en application son plan est caricaturale : Blair est l’homme de l’invasion de l’Irak pour y détruire des « armes de destruction massive » dont tout le monde savait qu’elles n’existaient pas.

Qu’est-ce qui a filtré de ce plan ?

– Les génocidaires ne paieraient rien pour les destructions innommables à Gaza où la quantité de bombes déversée est l’équivalent de 10 fois Hiroshima. La « reconstruction » serait financée par les États féodaux arabes selon la volonté de l’occupant. On bâtirait des « villes intelligentes » avec des caméras partout.

– Gaza serait occupée par des troupes étrangères, surtout liées à l’occupant. Les frontières seraient  contrôlées par l’Égypte et l’Union Européenne. La population de Gaza serait  fortement incitée à partir et des pays lointains sont démarchés pour les accueillir.

– Des représentants de plusieurs pays dont la France se réunissent actuellement à Kiryat Gat en Israël pour planifier l’occupation de Gaza.

Changer la géographie

L’armée israélienne a tracé une ligne jaune à l’intérieur de la bande de Gaza. Elle conserve un contrôle militaire sur 58 % du territoire et il ne fait pas de doute qu’elle va pousser les Gazaouis de cette zone qui s’accrochent à leur habitation (souvent en ruines) à partir. Rafah était une ville de 250 000 habitants. Des bulldozers sont venus abattre les derniers murs et les gravats ont été évacués. Une partie de la ville est à présent une dune de sable et l’armée israélienne essaie de chasser les derniers combattants.

La quasi-totalité de la population est concentrée de force sur un petit territoire surpeuplé qui comprend les villes de Nuseirat et Deir-al-Balah, la zone d’Al Mawasi et une partie des villes de Gaza et Khan Younis.

La méthode est celle qui est aussi appliquée en Cisjordanie : chasser par la force la population de l’essentiel du territoire et l’enfermer dans des zones surpeuplées. Tous les colonialismes de peuplement ont appliqué cette stratégie contre les peuples autochtones : expulser, tuer et/ou enfermer. Trump admire une barbarie qui a permis aux Européens la conquête de l’Amérique.

Gaza : résister ou disparaître

Nétanyahou continue de décider à sa guise une reprise des bombardements (plusieurs centaines de morts depuis la signature de « l’accord de cessez-le-feu ») ou une limitation drastique des camions d’aide humanitaire. Il continue aussi à opérer au Liban où il y a eu plusieurs milliers d’attaques israéliennes depuis l’arrêt des combats.

La population n’en pouvait plus. Elle n’aurait pas accepté une non-signature. Des oppositions à la prolongation de la guerre s’étaient manifestées à plusieurs reprises. Le nombre réel de mort.es est sans doute supérieur à 10 % de la population. Les déplacements forcés incessants, l’organisation de la famine, l’angoisse et la souffrance quotidienne, il fallait que ça s’arrête. La majorité de ceux que nos médias à la botte appellent les otages israéliens (comme si les centaines de milliers de Palestiniens qui ont connu la prison, notamment la détention administrative sans jugement, n’étaient pas des otages) ont été tués par les bombardements de leur armée. À terme, ils allaient tous disparaître et Nétanyahou n’en avait cure.

Les Palestiniens ont obtenu des acquis : la libération de 2 000 prisonniers dont environ 250 condamné.es à vie, c’est énorme. Certes, les prisonniers emblématiques ne sont pas sortis, mais ce qui vient de se passer entretient l’espoir qu’ils sortiront un jour.

Dans les pires circonstances, la société de Gaza a tenu. Une organisation collective a permis de trouver des abris et de nourrir une grande partie de la population. Les élèves ont continué d’étudier, même par Internet. Des diplômes ont été décernés à des étudiant.es. Dans les rares endroits où il restait des terres cultivables, l’agriculture a redémarré. Quand l’arrivée des flottilles a permis que les vedettes israéliennes quittent momentanément la côte, les pêcheurs sont sortis en mer et ont ramené un peu de poisson.

Le plan Trump, c’est la continuation du génocide par d’autres moyens : une occupation coloniale internationalisée. La tâche du mouvement de solidarité n’a pas changé :

– Aider la société palestinienne à rester debout.

– Se battre pour que les Palestiniens soient maîtres de leur avenir. Que la société civile comme les partis politiques qui ont signé une déclaration commune soient entendus. Que la Palestine puisse s’autodéterminer.

– Obliger les gouvernements complices à sanctionner cet État génocidaire, surtout ceux qui croient que le cessez-le -feu « efface » le génocide, à l’image d’un Macron qui après avoir, dans un premier temps interdit à huit firmes israéliennes de participer au salon de la sécurité Milipol, fait volte-face, invoquant l’amélioration de « la situation sur le terrain suite au cessez-le-feu ».

L’image d’Israël s’est effondrée dans de nombreux pays et dans des franges importantes de la société en France. La question des sanctions reste fondamentale.

La Coordination nationale de l’UJFP, le 15 novembre 2025

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