Le Pape François à Mahmoud Abbas : « Mon Ange ! »

Michel Warschawski

A l’occasion de la canonisation de deux religieuses palestiniennes, le Pape François rencontrait ce dimanche 17 Mai, au Vatican, le Président palestinien. A l’issue de la cérémonie, il a donné à Mahmoud Abbas la médaille de l’Ange de la Paix, en expliquant : « J’ai pensé à vous, car vous êtes un ange de la paix ». On imagine difficilement un dirigeant politique ou une personnalite spirituelle contemporaine s’adresser dans les mêmes termes à Benjamin Netanyahou ou à Ehoud Barak. Sauf peut-être l’autre François, celui qui siège au Palais de l’Elysee.

Cet épisode ne nous montre pas seulement l’évolution du Vatican dans son attitude envers le Peuple Palestinien et ses droits, mais le changement du positionnement de la Communauté Internationale toute entière [hormis la Micronésie et les Iles Marshall], envers l’Etat d’Israël . Pendant des décennies, Israël et le monde arabe c’était David contre Goliath, un petit Etat inoffensif et pacifiste menace d’être éradiqué par seize Etats arabes ; quant aux Palestiniens, ils n’existaient tout simplement pas.

Apres les bombardements du Liban en 2006 et les massacres de Gaza en 2009 puis en 2014, l’Etat Juif a épuisé son capital de sympathie, y compris auprès d’Etats traditionnellement amis d’Israël . Ce n’est plus le petit David dont l’existence est menacée, mais un Etat-voyou qui use sans aucune modération de sa supériorité militaire écrasante, et ce contre des populations civiles qui n’ont même pas d’abris ou se réfugier. Les divers haut-commissaires aux droits de l’homme de l’ONU, ainsi que des commissions d’enquête extraordinaires mandatées par cette organisation n’ont cesse, au cours des deux dernières décennies, de dénoncer les crimes de guerre, voire crimes contre l’humanité, commis par l’armée et le gouvernement israéliens.

Parallèlement, les victimes ont enfin un nom – les Palestiniens, reconnus par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1975, et un Etat-en-formation, reconnu lui aussi, en 2014, par cette même Assemblée Générale – l’Etat Palestinien.

Certes, Israël occupe le terrain, colonise les terres, vole les ressources naturelles, impose un siège barbare aux habitants de la Bande de Gaza, et laisse des millions de réfugiés hors des frontières de leur patrie. Certes, les Palestiniens restent un peuple colonisé et opprimé, et leurs acquis restent souvent dans le domaine virtuel. Pourtant, si l’on en croit l’expérience d’autres colonisations, de l’Algérie à l’Afrique du Sud, le colonialisme mène une bataille d’arrière garde ; quand à l’avenir, il a les couleurs de la décolonisation. Même le Pape François le reconnait.

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