L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe est un crime. Poutine viole le droit international, bombarde les populations civiles, jette des millions de personnes sur les routes, répète en Ukraine des crimes déjà commis en Tchétchénie ou en Syrie.
Face à cette invasion, de nombreux pays choisissent de sanctionner la Russie politiquement et économiquement. Et le pays est exclu des compétitions sportives internationales.
Mais cela ne peut pas excuser une politique du « deux poids deux mesures » à géométrie variable selon les populations persécutées.
La Russie n’est pas le seul pays à piétiner le droit international.
En tant qu’UJFP, parlons d’abord de la Palestine. Le peuple palestinien a été victime d’un nettoyage ethnique prémédité en 1948 qui en a fait un peuple de réfugiés. Israël a violé la résolution 194 de l’ONU en interdisant le retour des réfugiés et en rasant leurs villages. De nouveaux territoires ont été conquis en 1967 et sont colonisés alors que la résolution 242 exigeait le retrait de l’occupant.
L’occupation, la colonisation, le blocus de Gaza, la construction du mur, l’annexion de Jérusalem et du Golan, la torture légalisée, les arrestations d’enfants, tout est illégal au regard du droit international et cela dure depuis des décennies. Où sont les sanctions ? Pourquoi la coopération politique, économique, militaire avec ce pays prospère-t-elle ?
Les sociétés civiles, notamment de l’Union Européenne, ont entamé avec la bénédiction de leurs gouvernements de larges boycotts, sportifs, culturels, universitaires, économiques contre la Russie… Nous sommes heureux que la légitimité du boycott comme outil citoyen pacifique soit évidente pour tous.
Amnesty International vient de remettre un rapport très argumenté qui rejoint les constats d’autres organisations des droits humains et identifie de façon très précise les caractéristiques d’un régime d’apartheid en Israël.
L’apartheid est un crime contre l’humanité. Quel gouvernement européen a, ne serait-ce qu’envisagé, d’approfondir le sujet ? Quand les États d’Europe soutiendront-ils avec le même enthousiasme le boycott contre un État d’apartheid ? Quand se décideront-ils à appliquer toutes les sanctions requises par cette situation ?
L’armée israélienne tue tous les jours des civils et des enfants en Palestine, elle a volontairement mutilé des centaines de manifestants, jeunes adultes à Gaza pendant la Marche du Retour. Où est la réprobation internationale ? Où sont les sanctions ?
Les dirigeants ukrainiens demandent que la CPI (Cour Pénale Internationale) juge Monsieur Poutine. Bien sûr, il doit répondre de ses crimes, mais pourquoi la CPI n’a-t-elle toujours pas jugé les dirigeants israéliens pour les tapis de bombes sur Gaza ?
D’autres alliés des pays occidentaux et d’Israël sont aussi curieusement épargnés :
. le roi d’Arabie Saoudite dissout à l’acide ses opposants et fait bombarder tous les jours le Yémen. Loin de le sanctionner, la France lui vend des armes.
. Le dictateur Sissi d’Égypte emprisonne des milliers d’opposants. On le décore et on lui vend des avions Rafale.
. Alors que l’affaire des « armes de destruction massive » était un mensonge flagrant, aucune sanction n’a été prise contre ceux qui ont décidé l’invasion de l’Irak en y provoquant des centaines de milliers de victimes et en détruisant le pays.
Il faut être solidaire du peuple ukrainien qui vit des moments terribles, des bombardements et un exode.
Mais comment accepter que les mêmes politiciens qui appellent tous les jours à chasser les réfugiés, à les rejeter en mer, à traquer les sans-papiers, appellent aujourd’hui à accueillir les Ukrainiens ?
Au nom de quoi refuse-t-on aux Afghans, Syriens, Irakiens, Africains des droits qui ne posent plus de problème quand il s’agit de l’Ukraine ?
L’UJFP est solidaire de tous les opprimés. Elle soutient toutes les victimes du colonialisme, du nationalisme, du militarisme, du racisme … L’indignation à géométrie variable et le double standard selon les alliances politiques et la latitude, affaiblissent, chaque jour un peu plus, le droit international et la confiance de ceux qui en ont le plus besoin, en la justice et l’égalité prônées par les démocraties occidentales. Il est urgent que le droit international s’applique partout, sans restriction.
La Coordination nationale de l’UJFP, le 5 mars 2022