Pendant que le calvaire subi par les habitants de Gaza se poursuit, que la dépossession des Palestiniens de leur terre s’aggrave y compris en Cisjordanie occupée, le CRIF, qui a soutenu de A à Z le carnage et les destructions commis par l’armée israélienne, se permet d’inviter le gratin de la République à ses agapes et, dans une ambiance joyeuse et amicale , chaque élu, ministre ou responsable de parti (on sait que tous n’y étaient pas) y est allé de son couplet pour exprimer sa solidarité avec la « communauté juive ». C’est le spectacle désolant auquel nous avons pu assister en direct sur la chaîne publique Public Sénat.
Ainsi cette « communauté juive » que le CRIF prétend représenter dans son ensemble, est censée soutenir sans complexes à la fois la politique israélienne et celle du gouvernement français. Cette idée, sous tendue par ce reportage est non seulement fausse mais aussi dangereuse.
Fausse parce que les sociologues et les historiens dans leurs études n’ont jamais fait apparaître de comportements spécifiques des personnes juives ou d’origine juive dans tous les domaines de la vie sociale et politique française.
Dangereuse parce que cette idée accréditerait le fait qu’en même temps qu’ils sont censés soutenir une politique criminelle parce que menée « en leur nom », les Juifs constitueraient un groupe à part dans la société française, avec un traitement bienveillant réservé à eux seuls.
Mais fini les embrassades, les sourires. Les rires se figent, l’heure est grave. Mr Prasquier, le Président, parle : le drame actuel, ce n’est pas la situation catastrophique au Proche-Orient, ce n’est même pas la crise économique ou écologique, c’est… une forte poussée de l’antisémitisme, comme si la « nuit de cristal » s’abattait sur la France. Qui en sont les responsables d’après lui ? Simple, les milliers de manifestants protestant contre l’intervention israélienne.
Actes antisémites ? Certes, il y en a eu au mois de Janvier, mais qui n’avaient rien à voir avec les manifestations de solidarité, et toutes les organisations participantes les ont dénoncés vigoureusement. Les quelques individus appartenant à une mouvance de l’extrême droite xénophobe qui ont tenté de s’immiscer dans une de ces manifestations ont été rejetés avec une non moins extrême fermeté. Il y a eu aussi récemment des actes racistes contre des mosquées, des profanations de tombes musulmanes, des agressions de jeunes maghrébins mais ceci a été passé sous silence.
La stratégie est claire et n’est pas nouvelle, c’est celle des pompiers pyromanes : faire taire toute critique de la politique israélienne en l’assimilant à de l’antisémitisme, sous le prétexte mensonger que « tous les Juifs » soutiennent cette politique.
Il faut en finir avec cette propagande honteuse et indigne.
Pas de crime en notre nom !
Le Bureau National de l’Union Juive Française pour la paix, 5 mars 2009