Netanyahou, auteur du génocide et de la destruction massive de toutes les infrastructures de Gaza, évoquait en juillet dernier devant le Congrès américain « sa vision d’un nouveau Gaza ». Tel un phénix qui renaitrait de ses cendres, Gaza, selon Netanyahou connaitrait « un avenir de sécurité et de paix ». Cette vision c’est bien-sûr celle du plan intitulé « Gaza 2035 », que son gouvernement publiait en mai dernier. Un plan, qui vient prouver s’il en était nécessaire, que derrière la stratégie vengeresse souvent attribuée à la brutalité meurtrière de la réaction au 7 octobre, il y a une logique économique qui saute aux yeux . 

Ce plan de développement économique suppose évidemment que le gouvernement israélien resterait aux commandes dans la bande de Gaza, et continuerait donc à saccager les terres palestiniennes, condamnant les gazaouis à la pauvreté et à l’oppression, les poussant à l’émigration si possible. Biden tout en demandant un cessez le feu, sans soutenir officiellement le projet israélien, faisait également allusion à « un plan de reconstruction majeur pour Gaza ». Il est clair que l’élection de  Donald Trump  donne le feu vert à la mise en place de « Gaza 2035 » . 

« Gaza 2035 », qu’est que c’est ? 

L’objectif majeur consiste à rapprocher la Méditerranée et le golfe persique par la construction d’une route qui permettrait aux poids lourds de relier les Emirats arabes à Israël à travers la Jordanie et l’Arabie Saoudite et d’un chemin de fer reliant Haifa aux États du Golfe. « Gaza 2035 » est destiné à devenir une zone de libre échange de 37.000 hectares qui pourrait dépasser en prospérité Dubaï. Les promoteurs du projet comptent également y attirer les entreprises de la Tech; « Gaza 2035 » est vendu au public mondial comme un projet futuriste. Au cours des derniers mois, des réunions ont eu lieu entre des entreprises et des entités commerciales et politiques pour discuter du projet de reconstruction à Gaza, alors que Tsahal s’appliquait à exterminer sa population. Les USA pourraient également prévoir un corridor commercial et des pipelines à hydrogène embrassant des régions allant depuis l’Inde jusqu’au au port du Pirée en Grèce. Les Occidentaux pourraient  prendre un avantage sur la Chine en établissant de multiples ponts entre l’Inde et l’Europe, en intensifiant les relations avec le sud global, pour l’approvisionnement énergétique de l’Europe qui serait alors moins dépendante de la Russie. 

Retour au « deal du siècle » ? 

Jared Kushner, le gendre de Donald Trump, a publiquement vanté le « potentiel très précieux des propriétés en bord de mer » à Gaza. On se souvient que sous la première présidence de Trump, Jared Kushner avait été l’initiateur du « deal du siècle » un plan de paix pour le Proche-Orient dont les aspects économiques sont primordiales. Ce plan reconnaissait la souveraineté israélienne sur les colonies implantées en Cisjordanie et officialisait le contrôle israélien sur une partie de la Cisjordanie et sur Jérusalem-Est selon la politique du fait accompli; la capitale de la future Palestine se situerait dans les faubourgs de la ville sainte. Il prévoyait également un déplacement des frontières de la Palestine: le territoire  amputé de la vallée du Jourdain resterait équivalent en termes de superficie à celui de la Cisjordanie  et de la bande de  Gaza d’avant la guerre des six jours, par des ajouts de territoires dans le désert du Négev, ce qui évidemment n’en aurait pas fait un état viable, mais plutôt un genre de « réserve indienne ». Ce plan s’inscrivait dans la logique de Netanyahou déjà premier ministre à l’époque. Rappelons les mesures prises par Trump lors de son premier mandat: suppression de la contribution états-unienne au financement de l’UNRWA, l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens, suspension de l’aide financière à l’Autorité palestinienne, transfert de l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. À cela s’ajoutent les accords d’Abraham qui constituent le premier pas vers le projet « Gaza 2035 ».  La totalité des décisions de l’administration Trump avait clairement pour objectif de rendre impossible toute solution politique négociée faisant justice aux Palestiniens en application du droit international. Pour Trump, il s’agissait de reléguer la question palestinienne aux oubliettes, position partagée par de nombreux pays européens. Si l’attaque meurtrière du 7 octobre a remis la question Palestinienne sur le devant de la scène, elle a constitué une aubaine pour Netanyahou et ses alliés qui y ont vu l’opportunité de mettre en application des plans élaborés depuis longtemps, plans qui consistent ni plus ni moins à rayer la Palestine de la carte. Il est plus que probable que l’administration Trump reprendra le plan de paix élaboré par son gendre.  

Impunité d’Israël encore et toujours …  

Les intérêts économiques expliquent en partie la complicité des « démocraties » occidentales face au lourd bilan de cette guerre contre la population de Gaza : Les statistiques officielles font état de plus de 40.000 morts et de milliers de disparus; les estimations scientifiques chiffrent le nombre de morts à 186.000. Le bombardement continu de Gaza – y compris des « zones de sécurité », la famine et les maladies généralisées font encore grimper ces chiffres choquants. La cour pénale internationale a délivré son mandat d’arrêt contre Netanyahou et son ex-ministre de la défense pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, mais la plus part de ces « démocraties » suivent l’administration Biden qui ne reconnait plus les décisions prises par l’ONU et la Cour internationale de justice. L’absence de sanctions, les livraisons d’armes massives permettent à Israël  de continuer à violer toutes les lois internationales mises en place après la seconde guerre mondiale, à Gaza , en CIs-Jordanie mais aussi au Liban où la trêve est précaire. L’antisémitisme est instrumentalisé systématiquement, il l’est   l’argument essentiel  pour justifier les crimes les plus horribles.  Argument repris par les « démocraties » complices devant toutes les manifestations de soutien à la Palestine. 

Michèle SAUVE

28/11/2024

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