Vous souvenez-vous de Michèle Alliot-Marie ? Mais oui, on l’appelait aussi » MAM « . Pilier et femme-à-tout-faire de la droite chiraquienne et sarkozyste pendant 25 ans, elle finit sa carrière en 2011, contrainte à la démission pour avoir (presque) livré du matériel anti-émeutes à la police tunisienne…quatre jours avant la fuite de son ami, le dictateur Ben Ali. Le peuple tunisien se souvient donc bien d’elle, mais c’était loin d’être son seul sale coup.
En 2010, Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Justice, adressa en effet une circulaire aux procureurs généraux près les Cours d’Appel les incitant à poursuivre au pénal les militant.e.s de BDS qui appelaient au boycott des produits issus des territoires colonisés par Israël. Elle osa même évoquer les produits « kasher » pour justifier cette répression, validant le dogme désormais classique selon lequel toute contestation de la politique de l’État d’Israël constitue une forme d’antisémitisme.
Près de 10 ans et plusieurs Gardes des Sceaux de droite et de gauche (dont Christiane Taubira) plus tard, la circulaire Alliot-Marie n’a pas été retirée ; elle serait donc toujours opérationnelle si, depuis juin dernier, la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) n’avait enfin condamné la France pour sa non reconnaissance du boycott non violent comme un acte politique et citoyen parfaitement légitime.
Le gouvernement n’ayant pas fait appel de ce jugement, on aurait pu croire qu’il en prenait acte et que la circulaire Alliot-Marie finirait prochainement dans les poubelles de l’Histoire. C’est mal connaitre la hargne du lobby pro-israélien : il a suffi d’un coup de téléphone du CRIF et d’une rencontre avec Francis Kalifat, son président, pour que Jean Castex réaffirme, après Eric Dupont-Moretti, et dans la droite ligne politique d’Emmanuel Macron, la validité maintenue de l’increvable circulaire !
Sans vergogne, après le droit international bafoué tous les jours par l’État sioniste, le gouvernement français donne toute satisfaction au CRIF en bafouant le droit européen. Et ces gens là prétendent donner des leçons de démocratie et de justice aux jeunes, aux antiracistes, aux Gilets Jaunes, aux peuples libanais ou biélorusse…
Pas question de les laisser faire, ni de nous laisser faire ! Nous avons conquis un juste droit : le boycott citoyen. Devant les tribunaux ou dans la rue, nous l’utiliserons, nous le conforterons, et MAM ne sera vraiment qu’un mauvais souvenir.
La Commission Communication externe, pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 11 octobre 2020