Le Brésil refuse d’accepter un colon israélien comme ambassadeur

La réticence du Brésil à accepter comme ambassadeur d’Israël un colon de Cisjordanie a déclenché une crise diplomatique et a suscité l’inquiétude dans le gouvernement israélien que ce conflit ne risque d’encourager le miltantisme pro-palestinien.

Reuters, mercredi 30 décembre 2015

Reuters / Jérusalem occupée /

La nomination, il y a quatre mois, de Dani Dayan, ancien chef du mouvement des colons juif, n’est pas bien passée au gouvernement brésilien de gauche, qui a soutenu ces dernières années la création d’un Etat palestinien.

La plupart des puissances mondiales considèrent comme illégales les colonies réservées aux Juifs sur la terre palestinienne.

L’ambassadeur précédent, Reda Mansour, a quitté Brasilia la semaine dernière et le gouvernement israélien a annoncé dimanche que le Brésil risquait la dégradation de ses relations bilatérales si Dayan n’était pas autorisé à lui succéder.

« Israël va laisser les relations diplomatiques avec le Brésil au second niveau si la nomination de Dani Dayan n’est pas confirmée », a déclaré la vice-ministre des Affaires étrangères Tzipi Hotovely à la chaîne israélienne Channel 10, tout en indiquant que Dayan resterait le seul candidat.

Elle a ajouté qu’Israël allait faire pression sur Brasilia par le biais de la communauté juive brésilienne, d’amis de la présidente Dilma Rousseff et d’appels directs du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Les représentants du gouvernement brésilien ont refusé tout commentaire sur la possibilté que Rousseff accepte la nomination du natif d’Argentine Dayan.

Mais un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères a déclaré : « Je ne vois pas cela se produire. »

Le fonctionnaire, qui a requis l’anonymat parce qu’il n’a pas été autorisé à parler sur ce sujet, a déclaré qu’Israël devrait choisir un autre représentant parce que le choix de Dayan a encore aggravé les relations qui avaient tourné à l’aigre en 2010, lorsque le Brésil a décidé de reconnaître l’Etat palestinien en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et sur la bande de Gaza, occupés par Israël lors de la guerre de 1967, et colonisés.

Israël a quitté Gaza en 2005 mais il revendique Jérusalem occupé comme sa « capitale indivisible » et veut garder des blocs de colonies en Cisjordanie dans le cadre de tout accord de paix éventuel avec les Palestiniens.

Le prédécesseur de Mme Rousseff, Luiz Inacio Lula da Silva, a irrité Israël en rapprochant le Brésil de l’Iran.

Les tensions ont augmenté l’année dernière quand un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères a traité le Brésil de « nain diplomatique » après le rappel par Brasilia de son ambassadeur en Israël pour protester contre une offensive militaire à Gaza.

Le gouvernement brésilien a également été irrité par l’annonce de la nomination de Dayan par Netanyahu par un message Twitter le 5 Août avant que Brasilia n’en ait été informé, et a fortiori qu’il n’ait accepté le nouveau représentant selon l’usage diplomatique.

Au cours du week-end, Dayan est passé à l’offensive pour défendre sa nomination, disant aux médias israéliens que le gouvernement de Netanyahou ne faisait pas assez pression sur le Brésil pour qu’il l’accepte. Il affirme que si ce n’est pas fait, cela pourrait créer un précédent qui empêcherait les colons de représenter Israël à l’étranger.

Emmanuel Nahshon, porte-parole du ministère des Affaires étrangères d’Israël, a déclaré que les relations avec le Brésil étaient « bonnes et importantes », notant l’ouverture récente par Israël d’un nouveau consulat au Brésil et les opportunités offertes aux entreprises de sécurité israéliennes pendant les Jeux olympiques qui auront lieu à Rio de Janeiro en août.

Israël a un rôle considérable dans la fourniture de technologies avioniques pour l’industrie aérospatiale et de défense du Brésil.

Celso Amorim, ancien ministre des affaires étrangères et de la défense du Brésil, a déclaré vendredi que le différend diplomatique sur la nomination de Dayan a montré qu’ « il est temps que les forces armées brésiliennes réduisent leur dépendance à l’égard d’Israël. »

Traduit de l’anglais RP AFPS

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