L’Apartheid israélien s’invite à Sciences Po !

Attention : la date de la conférence ayant changée en conséquence le rassemblement de protestation est prévu pour le mercredi 1er avril et non plus le 30 mars

La semaine contre l’Apartheid israélien, qui dénonce chaque année dans les universités du monde entier la politique coloniale d’Israël, est encore une fois victime de la censure en France. Le 9 mars dernier, la présidence de Paris 8 tentait en effet d’empêcher une conférence-débat portant sur le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), qui vise à mobiliser la société civile internationale pour mettre fin à la politique expansioniste israélienne. L’université Paris 1 souhaite désormais interdire la tenue d’une conférence le 26 mars à laquelle devait participer un ancien conseiller du président Mandela, sur la base de motifs administratifs fallacieux.

Alors que toute critique radicale de la politique israélienne est menacée de censure dans les universités françaises, Sciences Po autorise la tenue d’une conférence propagande qui, sous couvert d’un thème progressiste, normalise la politique criminelle de l’État israélien contre les Palestiniens.

Le mercredi 1er avril, l’association « Paris Tel-Aviv » organise une conférence sur le thème « Être femme en Israël ». Parmi les invitées figurent Michal Philosph, porte-parole de l’ambassade d’Israël en France. Celle-ci déclarait à l’antenne de la radio RMC le 19 novembre 2014 que la colonisation israélienne, illégale au regard du droit international, n’était que « le fruit d’une croissance naturelle » des colonies. Bar Ben Yaacov, autre invitée de la conférence, est quant à elle déléguée de l’Agence Juive, institution-clef de la colonisation israélienne. M. Bar Ben Yaacov est par ailleurs ancienne officier de l’armée israélienne, responsable de la mort de plus de 2100 personnes, dont 70% de civils, lors de la dernière agression contre Gaza. « Paris Tel Aviv » invite enfin Muriel Touaty, président de l’Association France du Technion, qui collabore directement avec l’industrie militaire israélienne responsable des massacres de civils palestiniens.

Cette conférence ne se contente pas de normaliser la politique criminelle de l’Etat israélien. Sous couvert d’un thème progressiste, celui de l’autonomisation des femmes, elle invite en plus ses représentantes officielles, y compris une ancienne officier de l’armée !

Contre la normalisation de l’Etat d’apartheid israélien, nous exigeons l’annulation de cette conférence qui offre une tribune scandaleuse à des représentants officiels d’un Etat voyou. Si celle-ci ne devait pas être annulée, nous appelons à un

Rassemblement de protestation devant Sciences Po le mercredi 1er avril dès 17h au 27 rue Saint-Guillaume

Le Boycott universitaire : Késako ?

Dans le cadre de la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre l’Etat israélien (BDS), les intellectuel-le-s et les universitaires doivent jouent un rôle, de solidarité avec les Palestinien-ne-s dont le droit à l’éducation est constamment bafoué, et de lutte contre le soutien des institutions universitaires au projet colonial et raciste de l’Etat israélien. Il ne s’agit pas de boycotter des individualités mais des représentants de ces institutions. Il ne s’agit pas non plus de boycotter les universitaires qui critiquent et condamnent ouvertement la politique d’apartheid de l’Etat : ceux et celles-là soutiennent d’ailleurs pour la plupart le boycott académique.

La liberté n’est qu’un privilège si elle ne concerne pas tout le monde : c’est ainsi au nom de la liberté de tou-te-s que nous appelons au boycott des oppresseurs. La campagne BDS doit se poursuivre tant que l’Etat israélien n’aura pas reconnu aux Palestinien-ne-s le droit à l’auto-determination, le droit au retour des réfugié-e-s et la fin du régime d’apartheid.

Comment ?

Le boycott universitaire est une campagne de lutte non violente qui peut prendre les formes suivantes :

Refuser de participer à toute sorte de coopération, collaboration ou projet culturel conjoint, académique ou culturelle, avec des institutions israéliennes ;

Adopter des résolutions publiques condamnant la politique israélienne ;

Inciter les institutions internationales à ne pas financer des institutions israéliennes

A cela doit s’ajouter le soutien aux institutions universitaires palestiniennes, sans le conditionner à un partenariat avec des institutions israéliennes, affirmant l’indépendance de ses institutions.

La France est en retard et peine à engager une véritable campagne de Boycott académique. Néanmoins, à l’étranger, on compte de plus en plus de succès. Ont par exemple récemment voté le boycott : l’Université SOAS de Londres (2014), et aux Etats-Unis, l’Association for Asian American Studies aux Etats-Unis (avril 2013), l’American Studies Association (décembre 2013). Des associations de professeur-e-s du supérieur ont par ailleurs voté le boycott académique dès 2005-2006.

Apartheid universitaire israélien, des exemples

L’université Palestinienne d’Al Qds est régulièrement victime d’attaques de l’armée israélienne. De plus, de nombreux-ses étudiant-e-s et professeur-e-s palestinien-ne-s sont aujourd’hui détenu-e-s comme prisonnier-e-s politiques.

Les universités israéliennes d’Ariel et de Bar Ilan et le Collège Herzog ont quant à eux ouvert des campus dans les territoires occupés de Cisjordanie, et ce contre toute règle de droit international.

Durant le dernier massacre de Gaza, le soutien des universités israéliennes à la politique de colonisation sioniste a pris des proportions indécentes. Le doyen de l’Université de Tel Aviv a ainsi déclaré le 13 aout 2014 que l’université offrirait un an d’exemption de frais de scolarité aux soldats. L’Université Hébraïque de Jérusalem déclarait quant à elle vouloir « joindre l’effort de guerre pour soutenir ses étudiants-soldats » et appelait les amis et les anciens élèves de l’Université à soutenir un fond de bourse destiné à offrir des cadeaux estampillés « Bordure Protectrice ».

Au-delà des déclarations, il existe un soutien structurel des universités au complexe militaro-industriel d’occupation. Le Technion collabore directement avec la société privée d’armements Elbit. L’un des dirigeants d’Elbit siège par ailleurs dans le conseil d’administration de l’Institut Weizman et dans celui de l’Université Hébraïque de Jérusalem. Certains dirigeants universitaires sont aussi des militaires notoires. Arnon Soffer, spécialiste en géographie militaire de l’Université de Haifa, s’est par exemple rendu célèbre pour avoir placé la question du « péril démographique » (c’est-à-dire la dénonciation de l’excès de Palestinien-ne-s sur le « territoire israélien », ou en d’autres mots, la promotion du nettoyage ethnique) au cœur du programme de l’Université. C’est le cas aussi de Pnina Sharvit Baruch, colonel actif pendant les massacres de Gaza, à l’Université de Tel Aviv, ou encore de Carmi Gilon, ancien directeur des services secrets, et vice-Président de l’Université Hébraïque de Jérusalem…

C’est pour toutes ces raisons que le boycott doit aussi exister dans le monde académique. Rejoignez la campagne et faite vivre la solidarité avec le peuple palestinien !

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