« L’antisionisme, une histoire juive », interview de Michèle Sibony par Daniel Mermet

Des centaines de personnes ont été interpellées vendredi 27 octobre après avoir manifesté à la gare de New York à l’appel du collectif new-yorkais « Jewish Voice for Peace » : leurs T-shirts arboraient les slogans« cessez-le-feu immédiat » et « pas en notre nom » (photo : @rafaelshimunov)

« Nous ne céderons rien à l’antisionisme car il est la forme réinventée de l’antisémitisme. » Monsieur Macron l’affirme officiellement devant son ami « Bibi » lors du 75e anniversaire de la rafle du Vél’d’Hiv en 2017. Sa Première ministre Élisabeth Borne le répète devant la tragédie de Gaza en accusant La France insoumise « de beaucoup d’ambigüités, avec de l’antisionisme, dont, en effet, c’est parfois une façon de masquer une forme d’antisémitisme ». (BFMTV, 8 octobre 2023).

Cette accusation, aussi redoutée que l’opprobre de viol ou de pédocriminalité, a depuis longtemps répandu un terrorisme intellectuel qui suscite tantôt un acquiescement aveugle, tantôt un silence prudent. Rappelons-le, le sionisme est une doctrine politique qui, tout comme le socialisme, le gaullisme ou le communisme, s’expose à la contestation, et même au rejet comme n’importe quelle théorie politique. Sauf qu’ici, toute critique est suspecte de la pire forme du racisme. Certes, il existe une tradition antisémite qui utilise l’antisionisme pour alimenter sa haine des juifs. Mais il existe d’abord, aussi, une riche histoire juive antisioniste. Ainsi les membres de l’UJFP rejettent l’amalgame infamant des Macron, Borne et compagnie qui ignorent ou entendent effacer toute trace de la longue tradition juive, religieuse ou séculière, d’opposition à l’État-nation juif.

Avec ce recueil de textes de Hannah Arendt à Judith Butler, d’Ilan Pappé à Daniel Bensaïd, de Karl Kraus à Michel Warschawski, Monsieur Macron et Madame Borne auront la possibilité de découvrir que l’antisionisme est d’abord une histoire juive.

L.B.

Articles en lien
Tous les dossiers