Ce matin prenant mon petit déjeuner j’ouvre mon transistor sur France Info et j’entends : « La vie démocratique reprend son cours ».
Lueur d’espoir en ce matin plutôt maussade. Mais de suite après j’entends que la vie démocratique dont il est question c’est un débat électoral avec l’un des grands partis qui ont voté la prolongation de l’état d’urgence.
Que la tragédie du 13 novembre ait polarisé toute l’actualité et par contrecoup ralenti les activités politiques qui avaient cours juste avant, c’est tout à fait normal : il serait malsain de vivre chacun-e dans une bulle.
Que le gouvernement, même si nous ne l’aimons pas, cherche à démanteler les réels réseaux terroristes, c’est normal aussi.
Mais qu’il profite de la situation pour prolonger un état d’urgence et développer le « tout sécuritaire », c’est très dangereux.
On entend dire que c’est provisoire ou que c’est par simple calcul électoral.
Qu’ils soient justes ou faux, ces propos ne changent rien à la gravité de cette situation, parce que dans l’Histoire il est souvent arrivé qu’une prolongation d’état d’urgence dérive vers un Etat de moins en moins démocratique et de plus en plus policier.
Une politique qui vise à enrayer durablement les risques d’attentats terroristes ne peut être qu’une politique inspirée par une volonté de justice, d’égalité, de respect des peuples, de mobilisation démocratique en solidarité avec les opprimés, les exclus.
Comment peut-on à la fois dénoncer l’Etat Islamique et vendre des armes à des Etats qui comme l’Arabie saoudite imposent un régime féodal et ont produit des cadres de Daesh ou Al-Qaïda ?
Comment peut-on développer ou soutenir des politiques va-t-en guerre comme le fait le gouvernement Hollande puis limiter sévèrement l’accueil des réfugiés politiques et économiques victimes de ces politiques ?
Comment peut-on se réclamer des « Droits de l’Homme » et ne pas sanctionner un Etat, l’Etat d’Israël, qui bafoue continuellement le droit international ?
Comme peut-on avoir accepté les appels à boycotts d’Etats, tels ceux de l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid, de la Birmanie, du Mexique, de la Russie …, et réprimer les appels à boycott du régime d’apartheid israélien qui dépossède, humilie et réprime constamment le peuple autochtone palestinien.
Comment peut-on négliger les dérives racistes des contrôles policiers et de l’ambiance actuelle de sainte unité nationale ?
Tant que dureront ces politiques à géométrie variable, les mauvais jours continueront.
Toutes les nécessaires mobilisations qui précédaient le 13 novembre réapparaitront, et il nous appartient de nous y préparer d’ores et déjà.
Jean-Guy Greilsamer, militant de l’UJFP.