La suppression du financement de l’UNRWA est un nouvel acte odieux de génocide

La pression internationale, populaire et juridique, continue de s’intensifier pour qu’Israël mette fin au génocide des Palestiniens. Mais les gouvernements israélien et américain cherchent à détourner l’attention de l’exigence de responsabilité et continuent de massacrer les Palestiniens par tous les moyens nécessaires.

Vendredi, la Cour internationale de justice a estimé que l’Afrique du Sud avait présenté des arguments plausibles pour démontrer qu’Israël commettait un génocide à l’encontre des Palestiniens. Elle a exigé du gouvernement israélien qu’il fasse tout ce qui est en son pouvoir pour éviter les actes de génocide et qu’il autorise l’entrée immédiate de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Quelques heures plus tard, l’administration Biden a annoncé qu’elle réduisait le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). L’Allemagne, le Canada, le Royaume-Uni et plus d’une douzaine d’autres pays occidentaux ont rapidement emboîté le pas.

L’UNRWA détient l’intégralité du mandat des Nations unies en matière d’aide aux réfugiés palestiniens et est actuellement le principal fournisseur d’aide humanitaire à Gaza. La position de l’agence est d’autant plus cruciale que le siège actuel de Gaza par Israël empêche de nombreuses autres agences d’aide de franchir la frontière.

Plus de 700 000 personnes à Gaza sont actuellement confrontées à des maladies mortelles, qui peuvent être traitées grâce à l’aide médicale. Les 2,3 millions d’habitants de Gaza, dont plus de la moitié sont des enfants, risquent de mourir de faim. Ces menaces se répercutent en cascade : par exemple, l’absence d’eau potable et d’aide médicale conduira à des niveaux de crise de décès évitables dus à la diarrhée et aux maladies transmises par l’eau.

En conséquence, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que davantage de Palestiniens pourraient mourir de faim et de maladie que ceux qui ont été tués par la guerre jusqu’à présent, marquant ainsi une nouvelle étape du génocide israélien, mené avec le soutien des États-Unis et des nations occidentales.

Les accusations douteuses contre l’UNRWA

En procédant à ces coupes soudaines, les États-Unis et plus d’une douzaine d’autres pays occidentaux ont cité les allégations de l’armée israélienne selon lesquelles 13 employés de l’UNRWA auraient participé aux attaques du Hamas du 7 octobre. Ces allégations ont été rendues publiques vendredi, alors que les médias devaient couvrir deux affaires judiciaires distinctes accusant Israël de génocide et les États-Unis de complicité. Les accusations portées contre l’UNRWA posent plusieurs problèmes.

  1. Le gouvernement israélien cherche à saper l’UNRWA depuis des décennies, l’accusant récemment de « perpétuer le problème des réfugiés » – en d’autres termes, de maintenir les Palestiniens en vie.
  2. L’État israélien a une longue tradition d’allégations mensongères pour détourner l’attention des médias des crimes qu’il commet à l’encontre des Palestiniens.
  3. Aucune des preuves retenues contre les 13 employés de l’UNRWA n’a été rendue publique. L’armée israélienne a déjà modifié son récit sur la façon dont elle a obtenu ses preuves pour les allégations les plus récentes contre les 13 employés. Et CNN a rapporté que les allégations sont jusqu’à présent sans fondement.
  4. Les accusations portées contre 13 employés de l’UNRWA, soit 0,0004 % de l’effectif total de l’organisation, ne constituent pas une mise en accusation de l’ensemble de l’organisation au point d’entraîner une réduction immédiate de son financement. En revanche, au moins 153 employés de l’UNRWA ont été tués à Gaza par l’armée israélienne au cours des derniers mois – un crime de guerre auquel le gouvernement américain n’a pas encore réagi.
  5. L’administration Biden refuse même de poser des conditions sur les milliards de dollars d’armes et d’aide à l’État et à l’armée israéliens – malgré les montagnes de preuves devant les tribunaux internationaux qu’Israël commet un génocide.

La punition collective des Palestiniens est un crime de guerre

L’UNRWA ne dispose pas de réserves financières. Il souffre d’un sous-financement chronique depuis des années et subit d’énormes pressions depuis que les bombardements israéliens ont déplacé la quasi-totalité de la population de Gaza. Si les États-Unis et d’autres pays refusent de rétablir leur financement, le budget de l’UNRWA pourrait être épuisé dès le mois prochain, ce qui exposerait des millions de Palestiniens à un grave danger de mort dû à la maladie et à la famine.

La suppression de cette aide vitale équivaut à une punition collective à l’encontre des Palestiniens, ce qui constitue un crime de guerre. Elle souligne également l’hypocrisie de l’administration Biden. Depuis le mois d’octobre, elle se dit préoccupée par la situation humanitaire à Gaza, tout en continuant à financer la campagne militaire israélienne qui est à l’origine de ces conditions de dévastation.

À l’heure actuelle, l’UNRWA est le principal obstacle à la famine et aux maladies mortelles pour plus d’un million de personnes. La suppression de son financement par les États-Unis est exactement ce à quoi ressemble la complicité dans un génocide.

Dites à Biden : Rétablir le financement de l’UNRWA.

La suspension par l’administration Biden du financement américain de l’UNRWA constitue une punition collective à l’encontre des Palestiniens, un crime de guerre.

Rejoignez notre organisation sœur JVP Action et envoyez un courriel à vos représentants au Congrès pour exiger que l’administration Biden rétablisse immédiatement le financement vital de l’UNRWA.

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Israël est accusé de génocide.

Malgré leurs efforts, Israël et les États-Unis n’ont pas réussi à détourner l’attention des deux procédures judiciaires historiques de vendredi. Tous deux demandent à chaque gouvernement de rendre des comptes pour avoir commis et soutenu le génocide des Palestiniens.

À La Haye, la Cour internationale de justice a estimé que les accusations de génocide portées par l’Afrique du Sud à l’encontre d’Israël étaient plausibles et a décidé d’ouvrir un procès en bonne et due forme pour crime de génocide. Lors d’un vote quasi unanime, la Cour a également ordonné des mesures préliminaires, notamment qu’Israël prenne « toutes les mesures en son pouvoir » pour éviter de commettre des actes de génocide et qu’il prenne des mesures immédiates pour permettre à l’aide humanitaire d’entrer dans la bande de Gaza.

La CIJ n’a pas appelé à un cessez-le-feu, ce qui signifie que pour les Palestiniens sur le terrain à Gaza, peu de choses ont changé. Dans les jours qui ont suivi la décision de la CIJ, des centaines de personnes ont été tuées par l’armée israélienne et Gaza reste au bord de la famine.

Cependant, cette décision constitue un puissant blâme pour le gouvernement israélien. Noura Erakat, avocate palestinienne spécialisée dans les droits de l’homme, a écrit sur X que la décision « constituait un outil important dans la campagne continue pour un cessez-le-feu, pour mettre fin au génocide, pour que les responsabilités soient établies, pour lever le siège, pour mettre fin à l’occupation, pour démanteler l’apartheid ». Et, a-t-elle ajouté, « il incombe toujours aux peuples du monde de donner naissance à un monde meilleur possible que nous méritons ».

Pendant ce temps, dans un tribunal fédéral d’Oakland, les Palestiniens ont porté plainte contre le gouvernement américain, accusant M. Biden et les secrétaires Blinken et Austin de ne pas avoir empêché le génocide israélien et de s’en être rendus complices.

Le tribunal a entendu les témoignages de Palestiniens, qui ont expliqué comment les bombardements israéliens avaient anéanti leurs familles à Gaza, et d’un spécialiste de l’Holocauste, qui a imploré le tribunal de saisir cette occasion historique de mettre fin à un génocide en cours d’exécution. Les avocats de la partie palestinienne ont fait valoir que les États-Unis ont l’obligation légale de prévenir et de refuser la complicité dans un génocide, et ont demandé à la Cour d’émettre une injonction préliminaire pour stopper le flux d’armes américaines vers Israël.

(traduction J et D)