LA SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN : ET MAINTENANT ?

JG Greilsamer

Les mobilisations du peuple palestinien, en particulier des jeunes Palestiniens d’Israël et de la résistance à Gaza suite aux horreurs récentes de l’armée, de la police et des ultra-racistes israéliens contre toutes les composantes du peuple palestinien, ouvrent une nouvelle étape pour ce peuple, pour les militants et sympathisants de sa cause, et en définitive pour le monde entier.

Comme habituellement, la résistance à la continuation violente de la conquête sioniste de la Palestine, la Nakba, qu’il s’agisse des expropriations à Sheikh Jarrah ou ailleurs en Palestine occupée, des attaques en plein ramadan contre les fidèles sur l’Esplanade des Mosquées et dans la mosquée Al Aqsa, des pogroms/ratonnades dans les villes « mixtes » d’Israël et des nouvelles atrocités et destructions à Gaza, a souvent été présentée comme un conflit mettant aux prises deux belligérants aux torts partagés, voire un agresseur se défendant contre les attaques de ses agressés.

Mais une étape nouvelle a été franchie, qui nous inspire un engagement moral et politique plus ferme, quelles que soient nos origines communautaires, culturelles ou sociales. En effet :

  1. Alors que la plupart des grandes puissances espéraient pouvoir enterrer la Palestine progressivement et en toute hypocrisie, la voilà qui ressurgit et les contraint à de multiples contorsions pour tenter de masquer leur complicité.
  2. Alors qu’une partie de l’opinion publique internationale était en sommeil ou peu intéressée au devenir de la Palestine, la voilà qui se réveille et réagit aux interventions militantes !
  3. Les derniers épisodes de cette guerre coloniale se sont étendus aux Palestiniens d’Israël et soudent le peuple palestinien dans toutes ses composantes, qu’Israël a fragmentées : les Palestiniens d’Israël, de Cisjordanie, de Jérusalem, de Gaza, les réfugiés et les exilés.
  4. Même si l’avenir est incertain, ces épisodes rappellent, à l’exemple de la guerre de libération du peuple vietnamien, que face à un peuple debout pour ses droits, une grande puissance militaire n’est pas forcément invincible.
  5. Les mobilisations rassemblent de nombreux jeunes, manifestant de nouveaux modes d’engagement, inventifs et enthousiastes, et de nombreuses personnes issues des immigrations coloniales.
  6. En Israël même, le consensus sioniste se fissure et la classe politique majoritaire s’interroge sur l’efficacité de sa politique anti-palestinienne.
  7. Et dans le monde entier les Juifs opposés au régime colonial, d’apartheid et d’épuration ethnique israélien sont de plus en plus nombreux, y compris dans le mouvement international BDS.
  8. Enfin, la direction palestinienne du BDS et ses amis lient la situation actuelle aux situations d’autres populations dans le monde qui subissent aussi des politiques coloniales, racistes, militaristes et sécuritaires.

Que faire face à cette situation ?

Il y a de bons experts, qui expliquent bien la situation actuelle et ses racines historiques, qui écrivent de nombreux articles ou livres très instructifs, qui mettent en garde contre certaines illusions quant aux « solutions » possibles.

Cela est très important, et en même temps il est incontournable de chercher patiemment, inlassablement, à élargir la solidarité :

  1. Dans les marchés, dans les autres lieux publics, en direction de courants mobilisés par d’autres causes, dans diverses manifestations dénonçant d’autres politiques discriminatoires, racistes, xénophobes ou sécuritaires.
  2. En expliquant aux gens que ce qui est en jeu c’est leur propre avenir : pour un vivre ensemble dans l’égalité et la justice, pour la paix dans le monde, pour la survie du droit international.
  3. En participant à des projets, aussi bien économiques, sociaux ou culturels, qui permettent au peuple palestinien de vivre dignement, de renforcer son unité et son autonomie.
  4. En participant à la campagne internationale BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions).

Cette campagne, non violente, citoyenne, antiraciste et internationale, est essentielle, parce qu’elle permet de mettre fin progressivement à l’impunité d’Israël. Tant que le régime israélien ne subira pas de fortes sanctions, il continuera d’agresser le peuple palestinien.

Le BDS c’est « B » = boycotts économique, sportif, culturel, universitaire, touristique ; « D » = désinvestissement d’entreprises qui investissent des capitaux dans des entreprises israéliennes ; et « S » = sanctions provenant d’États ou d’organisme internationaux.

Le mouvement BDS milite en même temps pour la libération des prisonniers politiques palestiniens et pour la comparution des criminels de guerre israéliens devant la Cour Pénale Internationale et leur condamnation pour crimes de guerre et d’apartheid, voir crimes contre l’Humanité.

Il remporte de nombreuses victoires.

Vous trouverez toutes informations sur ces victoires et sur les campagnes en cours sur le site de la Campagne BDS France.

La situation du peuple palestinien et l’évolution de la société israélienne sont tragiques.

Nous pouvons contribuer concrètement à soutenir le peuple palestinien et à mettre fin à l’impunité de l’État d’Israël.

Pour quiconque est attaché aux droits humains universels, au droit international et à la conquête de l’égalité des droits dans des sociétés discriminatoires comme la nôtre en France, c’est un devoir politique et moral de s’engager dans cette voie.

Paris, le 30 mai 2021

Jean-Guy Greilsamer, membre de la Commission Israël/Palestine de la Coordination nationale de l’UJFP