Depuis quelques jours, nous vivons sous le choc des meurtres commis contre des soldats français, des enfants et un adulte juifs. Une situation qui nous plonge, après l’émotion, dans l’interrogation sur les raisons de ces meurtres. Des soldats français, tués en uniforme sur le territoire national, des enfants juifs tués froidement devant leur établissement scolaire et à l’intérieur de leur école. Et ce en plein jour.
Quel esprit raisonnable pourrait porter une telle détermination à assassiner froidement des enfants ? Cela ne peut être le fruit d’une pensée d’un individu « sain d’esprit ». La folie meurtrière s’exprime ici dans tout ce qu’elle porte d’effroi en elle.
Ce matin, nous apprenons que le tueur présumé serait un jeune djihadiste enfermé chez lui à Toulouse et encerclé par l’élite de la police française tentant de l’arrêter. Mais déjà les commentaires vont bon train : le fondamentalisme est trop toléré en France, le conflit israélo-palestinien est importé par « on ne sait pas qui » mais qui a pour conséquence entre autres l’assassinat de juifs en France par un « islamiste djihadiste » ayant séjourné en Afghanistan.
Il est d’autant plus difficile de parler d’une affaire aussi dramatique qu’on est en période de campagne pour les élections présidentielles. Une campagne qui aura été marquée par la stigmatisation et la diffusion du discours de la haine.
Une campagne « suspendue » par Nicolas Sarkozy qui n’a pas hésité à tenir un discours insensé face à des enfants dans une école parisienne primaire. Dans une affaire aussi dramatique où l’émotion est à son comble, tout mot, tout acte peut être perçu d’une manière disproportionnée. Alors que dans pareille situation, la retenue est de rigueur, la condamnation va de soi, la réflexion est de principe.
Si la communauté musulmane a été la cible de discours irresponsables, pendant la campagne présidentielle, elle devient la cible des regards avec cette série d’assassinats. Elle va être encore une fois stigmatisée, même si certains tenteront de nous rassurer qu’ils ne confondent pas la « minorité dangereuse » et la « majorité intégrée ». Mais il est évident qu’il sera encore une fois difficile de ne pas éviter la suspicion autour de cette communauté.
Depuis les attentats de la fin des années 80 jusqu’à aujourd’hui, une espèce de réflexe premier s’installe car devenu évidence : l’islam, les musulmans, la Palestine, etc… sont source des violences qui viennent terroriser nos sociétés.
Si les condamnations face à l’horreur sont unanimes chez les musulmans, le débat ne profitera encore une fois qu’aux mêmes pour qui la stigmatisation est un sport national.
Faire confiance à des hommes et à des femmes qui ne cessent d’incendier les esprits par le discours de la haine en des moments aussi dramatiques. Est-ce possible ?
Même si le moment est au recueillement, on ne peut s’empêcher de penser à l’après. Il est peu probable de croire que ces assassinats n’auront pas de conséquences graves sur une partie de la France. S’il était évident qu’il fallait rejeter toute posture de stigmatisation et de haine avant ce drame, il devient plus qu’urgent de ne pas céder un iota à une des menaces effectives de la République : celle de la séparation des français.