Pendant que semaine après semaine des jeunes Palestiniens manifestaient pacifiquement le long de la barrière de séparation avec Israël, des militants d’associations solidaires de la Palestine en collaboration avec un réalisateur palestinien, Iyad Alasttal1, se préparaient à lancer un magasine vidéo hebdomadaire afin de présenter la réalité de ce qui se passe à Gaza. Celui-ci, Gaza Stories a été lancé le 30 mars 2019 à l’occasion du 1er anniversaire de la Grande marche du retour.
Les médias, reprenant mot pour mot ceux de la propagande israélienne, décrivaient une foule de dangereux excités qui voulaient envahir Israël, un valeureux pays défendu par quelques « snipers ». Des soldats de l’ « armée la plus morale au monde » n’hésitaient pas à tuer des journalistes et du personnel médical en toute impunité. Les soldats tiraient surtout sur les jeunes manifestants. Réalisant que trop de morts étaient néfastes à l’image d’Israël, les tireurs d’élite ont reçu l’ordre de les blesser, leur arrachant une jambe histoire de les « immobiliser » et d’en faire une charge pour la société…
L’humain (je ne parle même pas des règles de la guerre) n’avait alors plus aucune place. Israël parlait de foules dangereuses, manipulées, fanatisées, de danger d’envahissement… et la majorité de nos médias présentait des foules manipulées et fanatisées qui mettaient en danger l’existence d’Israël. Des médias qui -comme leurs confrères israéliens- ne montraient pas les morts palestiniens (223) ni les nombreux blessés (plus de 9 000 dont 6 106 handicapés).
Pour la hasbara, la propagande israélienne, il ne fallait surtout pas que ces personnes aient un visage, soient perçues comme des humains… Et c’est exactement le contraire que fait Gaza Stories, avec de courtes vidéos qui nous montrent la vie des gens de Gaza dans leur diversité et leur obstination à vivre malgré le blocus israélien qui les a coupés du monde depuis 15 ans maintenant. Depuis sa première diffusion, cette chronique hebdomadaire a produit plus de 200 épisodes où en quelques minutes on voit des gens qui aiment leurs proches, éduquent leurs enfants, sont attachés à leur histoire, à leurs traditions, partagent leurs passions pour la peinture, le sport, la musique, l’archéologie, le théâtre, la sculpture, l’histoire, la cuisine, les langues… Autant de façons de résister aux conditions inhumaines que leur imposent le blocus israélien et de rester debout et fiers.
En bref, des gens, tous différents mais qui « souffrent d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir (…) Espoir d’une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes », commel’écrivait Mahmoud Darwich.
Produire ces films de qualité avec une petite équipe de professionnels a un cout. Une première levée de fonds et quelques dons avaient permis d’acheter le matériel nécessaire et de verser des salaires jusqu’en mai 2021. L’équipe, dirigée Iyad Alasttal, a malgré tout continué son travail d’information bénévolement et terminé la saison 3.
Iyad et les militants qui le soutiennent ont l’ambition d’aller plus avant dans le développement de Gaza Stories:
- en formant de jeunes talents à Gaza,
- en diversifiant les formats produits tout en poursuivant ses publications hebdomadaires, o en produisant des épisodes dans d’autres langues (des contacts ont déjà été pris pour traduire les sous-titres en anglais et en italien
- et enfin, en créant un site internet professionnel: il permettra de s’affranchir du canal de diffusion actuel et surtout de créer une banque d’images accessibles aux professionnels à la recherche d’illustrations traitant d’un sujet donné.
Ce développement permettra aussi à Gaza Stories de devenir financièrement indépendant.
Les coûts de fonctionnement et d’investissement pour atteindre ces objectifs sont estimés à 22 000€. La moitié de cette somme est destinée à la réalisation des épisodes hebdomadaires de Gaza Stories pour l’année 2022, dont le coût unitaire est en moyenne de 200€.
C’est le cout à investir si on désire continuer à voir comment les Palestiniens de Gaza résistent au blocus et aux agressions d’Israël, pour voir la créativité, les ambitions d’une société qui continue à vivre, voir d’autres images que celles de nos médias qui, dans leur majorité, se contentent de reproduire celles qu’Israël leur fournit, bref avoir une saison 4 de Gaza Stories
A cette fin, les associations qui soutiennent Gaza Stories, Le Temps de la Palestine, l’Association
des Amis des Arts et de la Culture de Palestine (AACP), l’Association France Palestine
Solidarité (AFPS), le Collectif Palestine en Résistances (Marseille), Présences
palestiniennes (Avignon) et l’Union juive française pour la paix (UJFP), ont lancé une cagnotte à
https://www.helloasso.com/associations/le-temps-de-la-palestine/collectes/soutenez-gaza-stories
Ces associations remercient d’avance ceux qui contribueront à ce que Gaza Stories continue à nous surprendre chaque semaine (il est possible de communiquer avec elles en écrivant à letempsdelapalestine@gmail.com
Les illustrations sont des images extraites de différents épisodes de Gaza Stories
Michel Ouaknine, UJFP
- Iyad Alasttal est un réalisateur palestinien de Gaza. Il a déjà produit 5 films documentaires tous primés à différents festivals au Proche-Orient et en Europe. Il collabore aussi avec des réalisateurs étrangers (France, Canada, Japon …etc).[↩]