C’est notre ami Michel Warschawski, président de l’AIC (Centre l’information alternative de Jérusalem), qui l’affirme. Ou c’est plutôt Avraham Burg, ancien président de la Knesset, qui l’affirme : Warschawski le cite en intitulant ainsi son dernier ouvrage.
Puisque l’été est un temps de lecture par excellence pour beaucoup de vacanciers, nous recommandons ce livre. Intitulé « La révolution sioniste est morte : Voix israéliennes contre l’occupation, 1967-2007 », ce recueil de 27 textes, réunis et présentés par Warschawski, racontent l’histoire des citoyens d’Israël qui se sont opposés à l’occupation depuis la guerre de six jours.
En France, on a l’habitude de prendre des gants pour critiquer la politique israélienne, tellement la question est sensible. En Israël, rien de tel : les critiques sont frontales, acerbes, directes, parfois brutales. Outre sa qualité d’ancien parlementaire, celui qui affirme que « la révolution sioniste est morte » est également l’ancien président de l’Agence juive, cet organisme para-gouvernemental dont le mandat est d’encourager l’immigration juive en Israël ! Puis une autre contributrice, ancienne ministre de l’Éducation, compare l’aveuglement des Israéliens sur le sort réservé aux Palestiniens à l’aveuglement des Allemands sous Hitler sur le sort réservé aux Juifs. Encore un autre contributeur, juif pratiquant et philosophe, dit que le refus des soldats de servir dans les territoires occupés peut mettre à mal le « consensus national-fasciste ». Encore un autre contributeur, journaliste vedette en Israël, ne se contente pas d’écrire dans Ha’aretz, un des principaux quotidiens du pays. Il a également écrit directement à Shimon Pérès, l’actuel Président d’Israël. Lorsque Pérès était encore le ministre des Affaires étrangères (Travailliste) du Premier ministre Ehud Olmert (Kadima), ce journaliste, une des voix les plus entendue dans le pays, lui disait en ces termes : « Tu continues à servir dans un gouvernement qui a du sang sur les mains, encore occupé à tuer, à emprisonner et à humilier, et tu es un partenaire de tous ses agissements, y compris les pires. »
Outre les multiples faits et méfaits qu’on apprend dans ces pages, rédigées par ceux qui sont les mieux informés sur ce conflit, ces témoignages ont le mérite de placer le débat politique sur le terrain polémique qui est le sien en Israël. Âmes sensibles s’abstenir. Car ceux qui prennent encore des gants pour ne pas poser des questions qui fâchent en auront largement pour leur argent. Actuellement en librairie, 160 pages, 14 euros.