Le 19 octobre 2024
Lors d’une récente conférence de presse, Matthew Miller a exprimé sa profonde inquiétude quant à la situation humanitaire dans la bande de Gaza, en particulier dans la partie nord de la bande. Il a noté que les États-Unis étaient profondément préoccupés par l’aggravation de la crise humanitaire, soulignant que cette question avait fait l’objet de discussions urgentes entre les gouvernements américain et israélien.
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Il a également souligné qu’Israël « est obligé, en vertu du droit humanitaire international, d’autoriser l’acheminement de la nourriture, de l’eau et d’autres formes d’aide humanitaire dans toutes les parties de Gaza », s’attendant à ce qu’Israël respecte ces obligations internationales.
Droit international : deux poids deux mesures ?
Ces déclarations, bien qu’elles appellent à l’entrée de l’aide humanitaire, soulèvent des questions sur l’efficacité du droit international et son application avec des normes égales. Alors que Miller fait référence à la nécessité pour Israël de s’engager à laisser entrer l’aide à Gaza, la déclaration ignore de manière flagrante d’autres crimes commis contre des civils dans la bande de Gaza. Le droit international humanitaire ne se limite pas à garantir l’acheminement de l’aide, mais inclut également la protection des civils contre les attaques indiscriminées, l’arrêt du génocide, la destruction systématique des biens et le nettoyage ethnique. Toutes ces actions constituent une violation flagrante des principes du droit international, et pourtant le monde est témoin de ce qui semble être un silence complet ou une justification continue des actions d’Israël, ce qui rend inévitable la question des deux poids deux mesures.
Génocide et destruction : une violation manifeste du droit international.
Ce qui se passe dans la bande de Gaza va bien au-delà de la question de l’entrée de l’aide humanitaire. Les massacres commis contre les civils, la destruction généralisée des infrastructures et le ciblage des habitations, des hôpitaux et des écoles représentent une violation manifeste des principes les plus fondamentaux du droit international humanitaire. Le génocide est un crime international en vertu de la Convention de 1948 sur le génocide et n’est soumis à aucune prescription. Cibler les civils et les infrastructures est également un crime de guerre en vertu des Conventions de Genève de 1949.
Le nettoyage ethnique contre la population de Gaza, que ce soit par le déplacement forcé ou la destruction de leurs maisons, est un crime grave au regard du droit international. Le nettoyage ethnique est défini comme une tentative d’expulser un groupe ethnique ou religieux d’une certaine zone par la force et la violence, et il se produit fréquemment dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Ces pratiques sont en contradiction avec les principes du droit international qui appellent à la protection des civils et à leur droit de vivre dans la dignité et la paix sur leur terre.
Le blocus : un autre crime contre Gaza.
En outre, le blocus imposé à la bande de Gaza depuis de nombreuses années est une autre forme de punition collective, interdite par le droit international. Le blocus n’est pas seulement un moyen d’étrangler l’économie palestinienne, mais un outil de torture collective contre tout un peuple. Le blocus prive la population de Gaza de ses droits les plus fondamentaux, notamment son droit aux soins médicaux, à la nourriture et à l’eau, ce qui a entraîné une grave détérioration de la situation sanitaire et économique.
Deux poids, deux mesures dans l’application du droit international
L’un des plus grands défis auxquels est confrontée l’application du droit international dans l’occupation de la Palestine par Israël est la pratique de deux poids, deux mesures appliquée par la communauté internationale. Alors que d’autres pays sont soumis à des sanctions internationales pour des violations moins graves, Israël continue de violer le droit international sans aucune conséquence réelle. Les crimes graves commis quotidiennement contre les Palestiniens, qu’il s’agisse d’arrestations arbitraires, de bombardements de civils ou de destruction de maisons, sont ignorés. Ce silence ou cette justification internationale suscite des doutes quant à l’intégrité de l’application du droit international et renforce la conviction qu’il existe deux poids, deux mesures dans le traitement des droits de l’homme.
Les attentes internationales : une réalité manquante ?
Les déclarations de Matthew Miller sur l’engagement d’Israël envers le droit international et l’entrée de l’aide humanitaire soulèvent des questions quant à la véracité de ces attentes. L’histoire récente a montré qu’Israël continue de violer le droit international sans faire face à des sanctions ou à une réelle pression internationale. Alors que l’on parle de la nécessité d’autoriser l’entrée de l’aide, les crimes les plus horribles commis contre les Palestiniens sont ignorés.
La situation dans la bande de Gaza est plus qu’une crise humanitaire nécessitant une aide alimentaire et hydrique ; Il s’agit d’une guerre qui exige une véritable responsabilisation internationale pour les crimes commis contre les civils. La communauté internationale doit prendre des mesures sérieuses pour mettre un terme aux violations majeures du droit international, notamment le génocide et le nettoyage ethnique, et ne pas se concentrer uniquement sur des aspects précis des crises humanitaires. Les violations du droit international sapent la crédibilité du système international et laissent les Palestiniens victimes de politiques qui ne reconnaissent pas leurs droits humains fondamentaux.
(Voir aussi les chroniques postées par Brigitte Challande du Collectif Gaza Urgence déplacé.e.s sur les sites d’AlterMidi et ISM France)