La Palestine n’est pas une cause perdue, et voici pourquoi

Rima Najjar – Il ne fait aucun doute qu’Israël et ses alliés veulent que le monde entier croie que la Palestine est une cause perdue.

Richard Falk, qui a été rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens relate un entretien qu’il a eu avec l’ambassadeur de France auprès des Nations Unies à la fin de son mandat de rapporteur.

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« Regardons les choses en face : le conflit est terminé, Israël a gagné, les Palestiniens ont été vaincus, on ne peux rien y faire. Ça ne me fait pas plaisir, mais c’est la réalité. On devrait passer à autre chose. »

La réponse de M. Falk à cette affirmation défaitiste de l’ambassadeur français et qui ne laisse aucun espoir est profondément perspicace :

« La Palestine n’est pas une cause perdue, et même si c’était une cause perdue du point de vue du réalisme, un engagement continu envers elle est grandement préférable à une résignation défaitiste et à l’indifférence à l’égard d’une issue si grossièrement injuste, d’une lutte si épique. »

« Ma conviction profonde c’est que la défaite apparente des Palestiniens n’est qu’une illusion d’optique qui cache une défaite israélienne finale – c’est à dire que tandis qu’Israël gagne une guerre grâce à sa domination militaire et à l’imposition continue de ‘faits sur le terrain,’ la Palestine gagne ce qui, en fin de compte, est la guerre la plus importante, la lutte pour la légitimité qui est la plus susceptible de déterminer l’issue politique. »

En ce qui concerne la lutte pour la légitimité, Israël est aujourd’hui en train de perdre cette lutte.

Le prétendu « processus de paix » ayant atteint son terme et les véritables objectifs de colonisation de peuplement d’Israël en Palestine révélés pour ce qu’ils sont, l’offensive des militants contre la légitimité de l’existence d’Israël en tant qu’état juif apparaît plus que jamais au grand jour.

Premièrement, le vernis « d’état démocratique » d’Israël s’est largement fissuré, les preuves s’accumulant (provenant souvent de la bouche même des hommes et femmes politiques israéliens eux-mêmes) quant au degré de discrimination qu’Israël continue d’exercer à l’encontre de ses citoyens arabes palestiniens.

Dans son livre Israeli Apartheid: A Beginner’s Guide (Apartheid israélien : guide pour débutant), Ben White a mis en lumière l’apartheid d’Israël de l’intérieur. Le rapport onusien intitulé Les pratiques israéliennes envers le peuple palestinien et la question de l’apartheid va un peu plus loin et définit l’apartheid d’Israël comme étant un crime perpétré contre le peuple palestinien dans son ensemble.

Et si une telle remise en cause de la légitimité d’Israël demeure marginale en matière de politique occidentale, elle progresse dans la sphère publique en invoquant le droit international et les valeurs que l’Occident a lui même établies.

Egalement remis en question la légitimité de l’établissement d’Israël et la partition de la Palestine. La véritable histoire ne cesse de refaire surface en dépit de la propagande d’Israël depuis des décennies sur la façon dont il a été créé.

La naissance d’Israël est communément présentée comme une création des Nations Unies, à laquelle le monde était favorable, et que les cercles gouvernementaux états-uniens soutenaient. Toutes ces hypothèses sont manifestement erronées.

En réalité, si l’Assemblée Générale des Nations Unies a bien recommandé la création d’un état juif dans une partie de la Palestine, cette recommandation était non contraignante et n’a jamais été mise en œuvre par le Conseil de Sécurité.

Deuxièmement, l’Assemblée Générale n’a adopté cette recommandation qu’après que les partisans d’Israël eurent menacé et soudoyé de nombreux pays afin d’obtenir les deux tiers des votes requis.

En même temps qu’Israël dramatise sa propre délégitimation dans les médias en repoussant brutalement les protestants palestiniens, les revendications légitimes des palestiniens trouvent plus que jamais une expression sur la scène internationale par le biais de la campagne BDS dont le succès va grandissant, et qui est amplifié par le soutien de groupes juifs comme Jewish Voice for Peace (voix juive pour la paix) (JVP) and Jews for Palestinian Right of Return (Les juifs pour le droit au retour palestinien).

Mais surtout, les revendications légitimes des Palestiniens se fraient un chemin dans la conscience du monde grâce à leur ténacité indomptable, leurs sacrifices déchirants, et leur courage, décennie après triste décennie qu’aucun « fait sur le terrain » n’a ébranlé ou n’est susceptible d’ébranler.

Israël est un état voyou en voie d’être isolé sur le plan international en tant qu’état paria.

rn.jpg* Rima Najjar est une Palestinienne dont la famille du côté paternel vient du village de Lifta dans la banlieue ouest de Jérusalem, dont les habitants ont été expulsés. C’est une militante, chercheuse et professeure retraitée de littérature anglaise, Université Al-Quds, en Cisjordanie occupée. Ses articles sont publiés ici.

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14 avril 2018 – The Palestine Chronicle – Traduction: Chronique de Palestine – MJB