LA MAISON D’IZIEU: LA MÉMOIRE ET LES BLANCHISSEURS

Dans ces temps où la mémoire et la lutte contre l’antisémitisme sont le credo de nos dirigeants politiques au plus haut niveau de l’Etat.

Dans ces temps où il ne se passe pas une occasion officielle pour qu’il ne soit martelé la nécessité de faire connaître aux jeunes générations l’histoire de la destruction des Juifs d’Europe par les nazis et leurs complices français.

Dans ces temps où, plus qu’en d’autres, la réécriture de notre Histoire est à l’œuvre, il ne nous est pas possible de rester indifférents à « l’objet » inséré dans les agendas qui ont été édités et offerts le 6 avril dernier aux personnalités officielles présentes à l’inauguration des nouveaux bâtiments muséographiques de la Maison d’Izieu – Mémorial des enfants juifs exterminés.

Mémorial qui, rappelons-le, est – avec l’ancien Vélodrome d’Hiver et le camp de Gurs – l’un des trois lieux de mémoire nationale des victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes commis contre l’humanité avec la complicité du gouvernement de Vichy, reconnus par le décret du Président de la République du 3 février 1993.

« L’objet » est très précisément… une lingette.

lingette1.jpg

Une lingette !

Une lingette en microfibre « qui nettoie toutes les surfaces délicates, lavable en machine, à 30° sans adoucissant ».

Précisions qui ne peuvent nous laisser indifférents….

Une lingette avec laquelle nous pouvons nettoyer l’écran de notre ordinateur, nos lunettes, nos bijoux, notre appareil photo, et probablement une quantité d’autres appareils qui font l’ordinaire de notre société.

Une lingette, dont la particularité est d’être conçue avec les noms imprimés [note]les noms des enfants sont imprimés au verso de la lingette]], dans des couleurs différentes, des quarante-quatre enfants juifs arrêtés par Klaus Barbie le 6 avril 1944, déportés et gazés à Auschwitz.

Une lingette et son message qui semblent ne pas avoir posé le moindre problème éthique aux concepteurs de cette ignominie, aux responsables du « comité scientifique» qui président aux destinées de la Maison d’Izieu, aux personnalités politiques – dont François Hollande – qui ont reçu ce délicat « souvenir » le 6 avril.

Le concepteur de cet objet marketing saura-t-il nous dire par quel cheminement il est arrivé à cette proposition monstrueuse ?

Les responsables de la Maison d’Izieu ont-ils pensé une seconde à ce que pouvait vouloir dire offrir au Président de la République et à leurs autres invités le moyen d’essuyer ou de s’essuyer avec les noms des 44 enfants juifs victimes du nazisme et de ses complices ?

Ils auront beau frotter, frotter fort, ils auront du mal à effacer cet attentat à leur mémoire.

Le bureau national de l’UJFP, le 31 mai 2015