La lutte contre l’islamophobie doit s’amplifier face à l’arbitraire administratif du gouvernement français

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Dans un courrier daté du 13 juin dernier, Gérald Darmanin ordonne au préfet des Hauts-de-Seine de convoquer les gérants de la mosquée de Gennevilliers pour « leur demander de se séparer sans délai » de l’imam Mehdi, l’accusant d’avoir tenu des propos qui portent atteinte à l’égalité femmes/hommes. Le ministre va même jusqu’à demander au préfet du département d’utiliser la loi contre le « séparatisme », adoptée le vendredi 23 juillet 2021, sans aucun contrôle d’un juge et donc sans garde-fou, pour faire fermer la mosquée « en cas de récidive ». Une telle décision administrative est une atteinte manifeste au principe de laïcité, avec un ministre qui s’arroge un droit d’ingérence dans les affaires du culte musulman.

Gérald Darmanin, sur sa lancée, destitue également l’imam de la mosquée Attakwa de Saint-Chamond et met en cause l’imam de la mosquée de Roubaix, également pour des « propos » sur les femmes.

L’ensemble de ces actions sont initiées sur la base de délations. Cela nous rappelle des heures sombres.

Ainsi, le gouvernement français dérive vers un autoritarisme de mauvais aloi, conforte ce racisme institutionnel que constitue l’islamophobie et inscrit l’arbitraire dans la loi.

Rappelons qu’en matière d’égalité homme/femme, l’islam ne se distingue pas des autres religions monothéistes. Le conservatisme religieux n’est pas un phénomène propre à l’islam et aux pays musulmans. On retrouve un conservatisme religieux, notamment à l’égard des femmes dans les trois religions monothéistes : aussi bien les hommes et les femmes orthodoxes juifs ou intégristes chrétiens ne tolèrent pas plus que les femmes (et les hommes) s’habillent librement. Les propos des imams, et notamment de l’imam Mehdi n’allaient pas au-delà.

Par contre l’acte de Darmanin est bien discriminatoire si l’on se souvient des propos tenus par Blanquer, d’abord et Macron ensuite, à propos des « crop tops » et de l’habillement dit « républicain » des jeunes. Leurs propos n’étaient pas si différents de ceux de l’imam Mehdi et n’ont fait l’objet d’aucune poursuite. Macron a précisé dans une interview à « Elle », très récemment : « À la maison ou chez des amis, c’est une chose. À l’école, je suis plutôt ‘tenue décente exigée’, aussi bien pour les filles que pour les garçons. Je ne suis pas un défenseur de l’uniforme, mais tout ce qui vous renvoie à une identité, une volonté de choquer ou d’exister n’a pas sa place à l’école ».

Juridiquement, il semble difficile de sanctionner ces imams, mais la nouvelle loi permet l’arbitraire, un danger pour la démocratie et la laïcité.

L’UJFP soutient la plainte de l’imam Mehdi contre Darmanin et le CCIE qui le défend ainsi que la liberté d’expression des imams, dans le cadre de leur ministère.

L’UJFP continuera à lutter contre le racisme sous toutes ses formes et notamment contre l’islamophobie d’État et à défendre la laïcité.

La Commission communication externe, pour la Coordination nationale, le 29 juillet 2021