Par Silvia Moresi. Paru dans Orient XXI, le 14 juillet 2017.
La Palestine ne possède pas d’histoire officielle. Les pages des écrivains et des poètes palestiniens ont donc un rôle essentiel dans le parcours douloureux de la réapparition existentielle d’un peuple soumis au processus colonial d’effacement de son identité.
L’Andalousie était-elle là ou là-bas ? Sur la terre… ou dans un poème ? écrivait le grand poète Mahmoud Darwich, questionnant métaphoriquement l’histoire et le destin de sa terre, la Palestine. Où est la Palestine aujourd’hui ? Trouver ce qu’il en reste sur les cartes actuelles n’est pas chose aisée. Une terre fragmentée entre deux petits territoires séparés et distants, la Cisjordanie et la bande de Gaza, dont les frontières discontinues sont souvent délimitées par des lignes pointillées, symboles évidents d’une situation encore transitoire et sujette à la politique d’expansion des colonies israéliennes. Depuis presque 70 ans, l’État d’Israël s’est littéralement superposé à la Palestine, occultant sa géographie et son histoire, et causant la disparition réelle et métaphorique de son peuple.
Entre le XIXe et le XXe siècle, la société palestinienne, sous domination ottomane, construisait son identité en mélangeant ses origines plurielles (arabe, islamique, chrétienne, tribale, familiale, etc.) aux idées laïques du nationalisme occidental véhiculées par les chrétiens orthodoxes, le tout en opposition à l’élément turc alors perçu comme étranger.
Après la défaite de l’empire ottoman, les puissances occidentales se sont partagé le Proche-Orient et la Palestine a été placée en 1920 sous mandat britannique. Durant ces années, une nouvelle élite palestinienne s’est formée et une presse nationaliste a émergé, à l’instar des journaux Al-Karmil et Al-Filastin, respectivement fondés en 1911 et 1926. Une vaste campagne contre le mandat britannique et le début de l’immigration juive a alors été menée, jouant un rôle essentiel dans la construction de l’identité palestinienne.
Remplacement de population
À la fin du XIXe siècle, le journaliste Theodor Herzl, dans son pamphlet Der Judenstaat (L’État des Juifs, La Découverte, 2008) théorisait à l’inverse la création d’un État juif en Palestine en le présentant aux puissances occidentales comme « un avant-poste de la civilisation contre la barbarie ». Mouvement politique à l’origine de la fondation de l’État d’Israël, le sionisme recevait le plein appui des puissances coloniales européennes, avec lesquelles il partageait les idéaux de la mission civilisatrice, qui considérait « les autres » comme des peuples inférieurs dépourvus de toute civilisation. Le 2 novembre 1917, avec la déclaration Balfour, le Royaume-Uni envisageait favorablement à la construction d’un foyer juif en Palestine, et l’Agence juive intensifiait le transfert de juifs d’Europe vers le territoire palestinien. L’écrivain et journaliste hongrois Arthur Koestler a résumé les événements de manière éloquente : « En Palestine, une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième ».
L’objectif principal du sionisme devenait celui de vider la Palestine afin de mettre en œuvre un remplacement de population, exauçant prophétiquement son plus fameux slogan : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Les intellectuels et les écrivains palestiniens ont alors commencé à comprendre ce qu’allait être le destin réservé à leur peuple et à leur terre.
Mais pourquoi poursuivre cette très longue route
Et pour nous et pour vous, pourquoi étendre ce chemin ?
La Terre qui se vide de nous vous suffit
ou, pour nous, vous préférez la mort ? (Ibrahim Touqan, « Voi potenti », in La terra più amata. Voci della letteratura palestinese, Manifestolibri, 2002).
Le 29 novembre 1947, l’ONU approuvait la partition du territoire palestinien avec la résolution 181, à l’avantage de la communauté juive. Quand l’armée britannique a quitté la Palestine, les milices juives — l’Irgoun et la Haganah — ont intensifié les attaques contre la population palestinienne, avec l’objectif de « nettoyer » le territoire des « communautés non juives ». Les groupes paramilitaires juifs n’ont cherché en aucune façon à cacher les massacres perpétrés ; au contraire, ils les ont encouragés pour effrayer la population palestinienne qui s’est alors trouvée devant un choix simple : fuir ou mourir. Le massacre, le 9 avril 1948, de la population du village de Deir Yassin en a été l’exemple emblématique.
Menahem Begin [premier ministre israélien] a été le premier à dire : “Si nous n’avions pas gagné à Deir Yassin, l’État d’Israël n’existerait pas”. Ils n’ont jamais caché l’intentionnalité du massacre de Deir Yassin, vu que leurs poids lourds circulaient en diffusant dans des haut-parleurs leur ultimatum : “Évacuez ou ce sera la fin de Deir Yassin”. Dans chaque village qu’ils occupaient, ils rassemblaient tous les habitants sur la place principale et les laissaient sous le soleil pendant des heures, puis ils choisissaient les hommes les plus beaux et les tuaient devant la population pour les convaincre de s’en aller, […] s’assurant que la nouvelle du massacre parvienne jusqu’aux villages palestiniens encore libres. (Mahmoud Darwich, Chroniques de la tristesse ordinaire, Cerf, 1989.)
« Un pays fait de mots »
La naissance de l’État d’Israël, le 15 mai 1948 fut pour le peuple palestinien la « catastrophe » (Nakba), le début de la diaspora et de la fragmentation. Depuis ce jour, les Palestiniens doivent s’opposer matériellement à l’occupation israélienne, mais aussi à sa rhétorique de justification des massacres et de la dépossession de leurs terres. La conquête de la Palestine a en effet toujours été présentée comme une « reconquête », un retour légitimé par la Bible, texte historique fondamental pour les Israéliens, qui les consacre comme les seuls « propriétaires » de cette terre. Pour essayer de donner une valeur « scientifique » à ce discours, les Israéliens mènent encore un travail intense de propagande dans les champs historique et archéologique. Dans des études réalisées par les chercheurs israéliens, les Palestiniens n’existent pas, ils disparaissent comme des fantômes, cachés sous les ruines de leurs villages.
Ce siège durera jusqu’à ce que les seigneurs
de l’Olympe corrigent les manuscrits de l’éternelle Iliade.
[…]
Ici un commandant creuse à la recherche d’un État endormi sous les ruines de la Troie à venir.
[…]
Dès qu’ils trouvent une réalité qui ne leur convient pas,
ils la modifient avec un bulldozer,
car la vérité est esclave du texte, belle,
blanche, sans malice… (Mahmoud Darwich, État de siège, Actes Sud, 2004).
Alors que l’occupation israélienne s’étendait au-delà des frontières sanctionnées par la résolution 181, les Palestiniens en exil ont entamé leur travail de contre-narration afin de protéger leur mémoire.
Les Israéliens avaient commis une grave erreur de calcul en pensant que les réfugiés […] allaient réduire leur problème à celui de la survie à tout prix. Les intellectuels palestiniens surgirent soudain de partout : ils écrivaient, ils enseignaient, ils parlaient […].
(Jabra Ibrahim Jabra, « Portrait de l’exilé palestinien en écrivain », Revue d’études palestiniennes n° 63, 1997.)
La Palestine ne possède pas d’histoire officielle, c’est-à-dire une narration reconnue qui légitime sa propre existence. Pour un peuple sans nation, la littérature est la seule histoire possible. Les pages des écrivains et des poètes palestiniens ont donc un rôle essentiel dans le parcours douloureux de la réapparition existentielle de ce peuple, soumis au processus colonial d’effacement de son identité. La littérature palestinienne reconstruit l’histoire d’un peuple désormais dispersé. La littérature palestinienne reconstruit la Palestine par les mots.
Nous avons un pays fait de mots. Parle ! Parle ! Et nous connaîtrons la fin de ce voyage. (Mahmoud Darwich, « Nous voyageons comme les autres »)[note]C’est nous qui traduisons.]].
La clé des émotions
Depuis 1948, la Palestine est devenue pour les réfugiés une réalité portée sur les épaules, dont les romans et les poèmes rappellent les odeurs, les couleurs et les gestes d’un quotidien désormais perdu. La patrie est évoquée par des sensations, mais aussi par des objets concrets comme la clé, symbole de l’espoir de pouvoir retourner un jour dans les maisons aujourd’hui occupées ou détruites.
Il n’existe aucun corps solide comme celui d’une clé, un corps aussi capable de conserver les émotions qu’il porte en lui. Le temps ne peut effacer les empreintes laissées sur une clef, la trace visible des émotions cachées de celui qui l’a conservée […]. Comme le tracé d’un électrocardiogramme, la clé enregistre la rage, la tristesse, la joie et la sérénité. […] Les propriétaires de toutes ces clés supportent patiemment leur exil, convaincus que la patience est la clé de la providence et de la sérénité. (Salman Natour, Memoria, Edizioni Q, 2008.)
À cause d’une loi israélienne ubuesque sur « la propriété des absents », de nombreux Palestiniens ont été expropriés de leurs maisons et de leurs terrains, car considérés « absents » de leur domicile au moment de la constitution de l’État d’Israël. Contraints de fuir en 1948, les Palestiniens, en dépit des documents attestant la propriété de ces biens immobiliers, ne peuvent plus revendiquer aucun droit sur ces derniers. Ils sont « absents » tout en étant « présents ».
Dans Retour à Haifa (Actes Sud, 1999), chef-d’œuvre de la littérature palestinienne, l’écrivain Ghassan Kanafani raconte l’histoire de Said et de sa femme Safiya qui, après avoir fui Haïfa en 1948, peuvent enfin retourner dans leur ville vingt ans plus tard pour revoir leur maison et chercher leur fils perdu au cours de la fuite. Dans leur maison demeurée intacte, mais désormais propriété d’une vieille femme juive de Pologne, ils entreront uniquement en qualité d’ « invités ».
[Said] parvint à voir beaucoup de choses auparavant familières, et qu’il considérait toujours ainsi. Des choses intimes, privées, chères, qu’il avait toujours pensé être sa propriété, sacrée et inviolable, car personne ne pouvait réellement les reconnaître, les toucher ou les regarder. Cette photographie de Jérusalem, il s’en rappelait très bien, était encore suspendue là où lui l’avait mise quand il habitait cette maison. En face, sur le mur, un petit tapis de Damas était resté lui aussi à sa place. […] La même table basse se trouvait encore au milieu de la pièce. Sur la table, le vase de verre avait été remplacé par un autre, en bois, dans lequel étaient enfilées quelques plumes de paon. Il savait qu’elles devaient être au nombre de sept, restant assis il essaya de les compter, mais n’y parvint pas ; il se leva, s’approcha du pot de fleurs et commença à les compter une par une. Elles n’étaient que cinq.
La Naksa de 1967
En 1967, après avoir vaincu les armées arabes, Israël occupait de nouvelles portions du territoire palestinien, mais aussi une partie du Sinaï en Égypte, ainsi que le plateau du Golan en Syrie. Le terme naksa (rechute), utilisé en référence à cette période, représente bien l’état d’âme de nombreux Palestiniens (et pas seulement) qui ont vécu cette deuxième défaite comme une nouvelle « infirmité », la rechute d’une maladie difficile à soigner. La Naksa a confirmé leur condition d’apatrides et d’éternels exilés, transformant la Palestine en un « fardeau », un obstacle à la possibilité d’une vie normale, une cause continue de tristesse et de souffrance.
Nous semblions tous avoir renoncé à l’idée de retourner un jour en Palestine. Nous en parlions à peine, supportant en silence le drame de ce manque. (Edward Saïd, À contre-voie. Mémoires, Le Serpent à Plumes, 2002.)
Encore aujourd’hui, cette diaspora est constamment tiraillée entre deux sentiments : la tentative d’un refoulement total de la Palestine pour essayer de construire une vie normale, et la ghurbah, mot qui ne trouve pas de traduction parfaite dans la langue française, un mélange de nostalgie et de tristesse pour la patrie perdue, mais aussi un exil métaphorique, un exil du soi.
Mourid Al-Barghouti, un des plus grands poètes palestiniens, décrit dans son roman autobiographique J’ai vu Ramallah (Éditions de l’Aube, 2004) ce qu’est la ghurbah :
La ghurbah n’est pas unique, mais plurielle. Des exilés font la ronde et t’encerclent. Tu essayes de fuir, mais ils sont derrière toi. Une fois rattrapé, tu deviens un étranger dans et pour le lieu où tu te trouves. L’exilé devient étranger aux souvenirs auxquels il s’agrippe. Il se place au-dessus du présent et du temps qui s’enfuit. Il suffit de vivre l’exil une seule fois pour se sentir déraciné pour toujours. […] La vie habitue l’étranger à un exercice quotidien d’adaptation. […] La vie n’aime pas celui qui proteste, et réussit à corrompre l’exilé jusqu’à ce qu’il se satisfasse et accepte sans difficulté les événements les plus insolites. Voilà ce qui arrive à l’exilé, à l’étranger, au prisonnier, et parfois aussi au perdant, au vaincu, à qui a été repoussé.
Citoyens israéliens de seconde zone
Comme l’affirme l’intellectuel Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine à l’Unesco, la communauté palestinienne qui vit à l’intérieur de l’État d’Israël vit à la fois sur sa terre et très loin de sa terre, qu’elle ne parvient plus à « reconnaître ». La destruction concrète de la Palestine a été accompagnée de la destruction de sa « narration historique et symbolique » à travers le processus de « re-hébraïsation » de la terre. Villes, routes, collines et fleuves ont été renommés d’après d’antiques noms bibliques, tout a été modifié pour faire de la terre palestinienne la « mère patrie » du peuple israélien. À titre d’exemple, l’architecte Eyal Weizman évoque le quartier juif de Jérusalem, transformé selon lui en un lieu clos et artificiel semblable à un « parc d’attractions biblique ».
Les Palestiniens de citoyenneté israélienne, bien qu’appartenant juridiquement à cet État, ont toujours été considérés comme des citoyens de seconde zone. Israël doit être et doit demeurer un État strictement juif, et donc, les Palestiniens, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, sont souvent définis comme un « problème », surtout dans les manuels scolaires israéliens. Cette situation complexe, aussi bien juridiquement que psychologiquement, crée chez eux une sorte de schizophrénie identitaire, devenue désormais le thème principal de la littérature de cette communauté. L’écrivain palestinien israélien Sayed Kashua, dans ses romans écrits en hébreu, a toujours affronté cette condition duelle avec une sorte d’humour amer pour tenter de renverser les rapports de force. Également auteur de nombreux articles dans le quotidien Haaretz et scénariste de la sitcom à succès Arab Labor, Kashua a pourtant décidé de quitter Israël et de déménager aux États-Unis après un nouveau bombardement massif de Gaza en 2014.
Les seules raisons pour lesquelles je vis aujourd’hui en Illinois sont le racisme et le désespoir, que je crois ne plus avoir réussi à gérer durant l’été 2014. C’est frustrant. […] J’ai eu une forte impression de n’avoir pris que de mauvais chemins dans ma vie […], d’écrire pour la télévision en choisissant la mauvaise langue et en vivant au mauvais endroit.
La condition de colonisés
Les révoltes populaires palestiniennes (Intifada) de 1987 et 2000 et la faillite des accords d’Oslo de 1993 n’ont rien changé à la situation des Palestiniens des territoires occupés, qui vivent encore pleinement la condition de colonisés. La Cisjordanie, dont le territoire est en permanence « rongé » par les colonies, est également traversée depuis 2002 par l’imposant mur construit par Israël, qui a littéralement étranglé de nombreux villages palestiniens, allant jusqu’à leur ôter l’accès aux ressources en eau. Par l’intermédiaire d’un réseau complexe de checkpoints et de barrages routiers fixes et mobiles, Israël exerce directement un contrôle constant sur le territoire, mais aussi sur le temps. Dans Out of time (Hors du temps)[Texte présenté durant l’atelier “The Politics of Images : Practices and Approaches to Art in the Middle East and North Africa” organisé par [documenta 12, le 20 novembre 2006 à Vienne.]] de l’écrivaine Adania Shibli, la protagoniste, soumise à de longues heures d’interrogatoire, voit sa montre décider de ne plus indiquer l’heure.
De retour à la maison, je me suis aperçue qu’il était 21 h, pourtant, ma montre continuait d’indiquer 13 h 50, comme si elle avait voulu me consoler en me laissant croire que toute cette perquisition ne m’avait retardée que d’une minute, comme si cela n’était pas arrivé. Ou alors, elle se refusait simplement de compter le temps volé à ma vie.
La bande de Gaza, prison à ciel ouvert, est constamment attaquée par l’armée israélienne, qui utilise comme prétexte à ses violentes représailles les roquettes lancées par le mouvement islamique du Hamas. La rhétorique israélienne sur la sécurité s’effrite pourtant à la lecture des mots que Mahmoud Darwich a dédiés à Gaza en 1973, quatorze ans avant la naissance du mouvement Hamas en Palestine et seize ans avant le début des attaques-suicides :
Les ennemis peuvent prendre vaincre Gaza […]
Ils peuvent lui couper tous ses arbres
Ils peuvent lui briser les os
Ils peuvent planter des blindés dans les tripes de ses femmes et enfants
Ils peuvent la jeter à la mer, dans le sable ou dans le sang.
Mais elle,
elle ne répétera pas les mensonges
et ne dira jamais oui aux envahisseurs. (« Silence pour Gaza », dans Chroniques de la tristesse ordinaire, Cerf, 1989.)
Comme l’affirme Nurit Peled-Elhanan, dans son essai Palestine in Israeli School Books : Ideology and Propaganda in Education (I.B.Tauris & Co Ltd, 2012), l’endoctrinement qui frappe toute la société israélienne, principalement à travers l’enseignement a amené les trois dernières générations d’Israéliens à ignorer complètement l’histoire et la réalité sociale et géopolitique de leur propre pays. Penser que la société et la politique israélienne puissent changer de manière substantielle de l’intérieur est donc une utopie.
Les Palestiniens, exilés dans et en dehors de leur terre, ont été déshumanisés et réduits à des stéréotypes par la rhétorique israélienne, qui est parvenue de cette manière à « rationaliser » l’occupation, à la rendre « acceptable » pour l’Occident, manifestement rangé aux côtés d’Israël ou prostré dans un mutisme coupable. Seul un intense travail culturel pourra peut-être réaffirmer l’existence d’une terre qui s’appelait et s’appelle Palestine.
[…] Nous épierons notre terre à travers les mots des étoiles,
à travers l’air flottant sur les lacs,
à travers les souples et fragiles épis de blé,
à travers les fleurs des cimetières, ou les feuilles du peuplier,
à travers tout ce que tu assièges…
les morts qui meurent, les morts qui vivent,
les morts qui reviennent, les morts qui dévoilent les secrets.
Donnez du temps à la terre et elle dira la vérité, toute la vérité _sur vous,
sur nous,
sur nous
et sur vous ! (Mahmoud Darwich, « Le discours de l’homme rouge », dans Au dernier soir sur cette terre, Actes Sud, 1994.)
Silvia Moresi
Traduit de l’italien par Sylvain Bianchi.
Silvia Moresi : Arabisante et traductrice, diplômée en langue et littérature arabe de l’université de Bari (Italie). Depuis 2009, enseigne la langue arabe et la littérature et la civilisation arabo-islamique dans les écoles publiques et privées.