La guerre contre les Palestiniens se passe aussi en Israël

Il y a un peu plus d’un mois, nous avions rendu compte des violences exercées par l’Etat d’Israël contre une minorité palestinienne. Le 12 juin 2014, la police franchissait une « ligne rouge » en pénétrant dans le cimetière d’al-Araqib pour y détruire systématiquement les constructions précaires où vivaient désormais les habitants de ce village, détruit –et reconstruit- près de 70 fois depuis 4 ans.

N’étant plus à une profanation près la police y a aussi détruit la mosquée et les citernes (nous sommes dans le désert). Depuis, les habitants dormaient sans abri entre les tombes, derniers vestiges encore inviolés, sous la pression de la surveillance permanente de la police.

Le 17 juillet derniers des officiers de police sont venus délivrer des mandats d’expulsion aux résidents du cimetière. Il s’agit d’un ordre d’éviction totale et définitive, les frais de cette opération devant être payés par les Bédouins d’al-Araqib eux-mêmes ! (Le document est visible sur la page Facebook de Tarabut-Hithabrut[note]Mouvement social et politique arabe-juif qui s’occupe des problèmes les plus brûlants en Israël liés à la division des politiques israéliennes d’oppositions entre, d’une part, les luttes contre l’occupation et, d’autre part, les luttes contre les inégalités et pour la justice sociale à l’intérieur du pays (voir: http://www.tarabut.info)]]). L’action des différentes ONG qui soutiennent les Bédouins a permis de retarder cette expulsion à ce dimanche 27 juillet. Un appel a été fait auprès du tribunal: s’il échoue ce sera la fin définitive du village d’al-Araqib et de son cimetière centenaire !

Les villageois résistent toujours: ils se sont regroupés sous l’unique arbre encore sur pied. 10 familles dorment ainsi, toujours surveillées par la police qui les menace périodiquement de leur confisquer les quelques affaires qu’ils possèdent encore. Les citernes ayant été détruites, c’est une bombonne, remplie périodiquement à la ville voisine, qui fournit l’eau nécessaire aux familles.

L’Etat, soucieux de son image, cherche à tout prix à faire signer un document par lequel les Bédouins abandonneraient leur terre contre un petit pécule. Une proposition invraisemblable et indécente pour ces villageois qui ne peuvent imaginer la destruction des lieux où reposent leurs ancêtres !

Al-Araqib est devenu un symbole et tous les Bédouins du Néguev savent que sa destruction entrainera celle des autres villages « non reconnus » par l’Etat d’Israël.

On ne peut que constater que, bien que citoyens israéliens, les Bédouins ne jouissent pas des mêmes droits que leurs voisins juifs. Une autre « illustration » vient d’en être fournie ces derniers jours à l’occasion du bombardement de la bande de Gaza (l’ « opération Bordure protectrice »). Le 16 juillet dernier l’Association pour les droits civiques en Israël et plusieurs ONG dont le Dukium [note]Forum de la coexistence pour l’égalité dans le Néguev, http://www.dukium.org]], ont adressé une requête auprès de la Cour suprême d’Israël pour que les villages bédouins soient équipés d’abri ou au moins de sirènes. Cette requête a été rejetée; 3 jours plus tard, la première victime civile israélienne des tirs de roquettes était Ouda Al-Wajda, un Bédouin de Qasr al-Ser (4 membres de sa famille ont été blessés). Dans un autre village, al-Makimem, ce sont 2 sœurs qui ont été blessées.

La guerre d’Israël contre Gaza se passe aussi à l’intérieur de ses frontières, contre ses propres citoyens palestiniens.

Le Bureau National de l’UJFP,
le 26 juillet 2014

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