16 septembre 2015
Par Ali Abunimah, 16 Septembre 2015
Au cours des trois dernières journées, les Palestiniens ont subi des attaques acharnées, alors qu’à mains nues, avec des bâtons et des pierres, ils tentaient de dissuader et d’empêcher les violents assauts qui se sont répétés de la part des forces d’occupation israéliennes, dans l’enceinte de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem
La violence vient de ce que des groupes israéliens protégés qui tiennent à remplacer la mosquée par un temple juif, manifestent leur présence avec de plus en plus d’agressivité.
Des dizaines de Palestiniens ont été blessés par les forces israéliennes qui ont lancé des grenades paralysantes, des gaz lacrymogènes et des balles métalliques enrobées de caoutchouc sur les pratiquants, selon ce que rapporte l’agence de presse Ma’an.
Lundi, de bonne heure, les forces israéliennes ont chassé les Palestiniens de la porte Bab al-Silsila de l’enceinte, à Jérusalem-Est occupée, a dit une militante, Khadija Khuwais, à l’agence de presse locale, Q Press.
La vidéo de Q Press, en haut de la page, montre d’autres détails de la violente attaque des forces israéliennes contre des journalistes et d’autres civils, ainsi que le tir de grenades paralysantes à l’intérieur de la mosquée.
Mercredi, les confrontations entre des jeunes Palestiniens et les forces israéliennes se sont étendues à d’autres parties de Jérusalem occupée.
Les Palestiniens ont publié de nombreuses images et des vidéos de cette violence, sur les réseaux sociaux.
Des plans d’un temple juif
Les incursions incroyablement violentes d’Israël dans l’un des lieux saints les plus révérés des Musulmans, ont accompagné la montée, dans les dernières années, de groupes dits « militants du Temple ».
Ce sont des organisations dont le but ultime et clairement établi est la construction d’un « Troisième Temple » juif à la place des structures qui constituent la mosquée al-Aqsa.
Un rapport de 2013 de l’organisme de recherche israélien Ir Amim signalait que « la municipalité de Jérusalem et d’autres ministères financent directement et soutiennent diverses organisations militantes qui se donnent pour mission de reconstruire le temple ».
L’Institut du Temple, l’organisation extrémiste de ce genre qui est à la tête du mouvement, a déjà dressé des plans détaillés du nouveau temple juif.
Une figure de proue du mouvement pour le Temple est Yehouda Glick, un colon américain qui a été blessé par un tireur non identifié après une intervention qu’il a faite à une conférence en octobre l’an dernier, qui avait pour titre : « le peuple juif retourne au Mont du Temple ».
Quelques heures après la fusillade, les forces israéliennes ont exécuté, de façon extrajudiciaire, Mutaz Hijazi, un Palestinien de 32 ans dont ils ont prétendu, sans en donner la preuve, qu’il était l’assaillant de Glick.
Le dernier épisode de violence a été provoqué, dimanche, par l’entrée dans l’enceinte d’extrémistes juifs, parmi lesquels Ouri Ariel, le ministre israélien de l’agriculture.
Personnalité éminente du milieu des colons israéliens, Ariel a appelé en 2013 à la construction d’un temple juif dans l’enceinte d’al-Aqsa, connue des Juifs comme le « Mont du Temple ».
« Nous avons construit beaucoup de petits, petits temples », a dit Ariel, « mais il nous faut construire un vrai temple sur le Mont du Temple ».
Nombre de Palestiniens ont peur que les incursions soient les premiers pas du projet de modifier l’ancien statu quo concernant la mosquée. Déjà, les forces d’occupation israéliennes ferment l’accès de la mosquée aux croyants musulmans, certains jours de fêtes juives – Israël célèbre actuellement le début de l’année juive.
Les derniers assauts se produisent aussi alors que les Musulmans de par le monde se préparent à la fête du Haj, le pèlerinage annuel à la Mecque.
Une des tactiques auxquelles Israël a eu plus fréquemment recours pour faciliter ses incursions est de prendre des mesures de bannissement de volontaires palestiniens connus sous le nom de morabitoun, dont l’objectif est de maintenir une présence permanente dans l’enceinte.
L’étape suivante, redoutée par beaucoup de monde, pourrait être une partition physique de l’enceinte entre Juifs et Musulmans, sur le modèle imposé par Israël à la mosquée Ibrahim à Hebron après le massacre en 1994, de 29 Palestiniens, des hommes et des jeunes garçons en prières pour Ramadan, par un colon né en Amérique.
Des précédents dangereux
Un précédent récent existe de destruction d’un lieu saint d’un groupe religieux par des fidèles d’un autre groupe, qui a eu des conséquences géopolitiques dramatiques.
En 1992, des nationalistes Hindous ont détruit en Inde la mosquée Babri, vieille de 400 ans, dans la ville du Nord de Ayodhya, parce qu’ils croyaient qu’elle avait été construite sur les ruines d’un temple érigé sur le lieu de naissance de leur dieu Lord Ram.
La violence que cet acte a provoquée, a tué des milliers de gens, exacerbant le sectarisme et le communautarisme en Inde jusqu’à aujourd’hui
La destruction de la mosquée Babri fournit un avertissement inquiétant sur ce qui pourrait arriver si les nationalistes juifs soutenus par le gouvernement israélien tentent de réaliser leur désir de remplacer al-Aqsa par un temple juif.
Mais la violence que cela déclencherait aurait des conséquences à l’échelle mondiale et serait susceptible de faire paraître pâle le bain de sang en Inde, par comparaison.
Inertie internationale
Au vu des enjeux, la façon dont l’international néglige ce qu’Israël est en train de faire à Jérusalem, est alarmante.
Israël teste les limites de jusqu’où il peut aller.
L’an dernier, par exemple, pendant son assaut de 51 jours, Israël a détruit la mosquée Omari à Gaza, l’une des plus anciennes de Palestine, sans réaction internationale.
La Jordanie, qui a un rôle symbolique dans la gestion d’al-Aqsa depuis son traité de paix de 1994 avec Israël, a averti que les actions d’Israël, si elles ne cessent pas, affecteront les liens entre les deux pays.
Mais de tels avertissements n’ont donné lieu, par le passé, à aucune action significative de la part du royaume, qui maintient des liens étroits avec l’État auto-proclamé juif.
L’UE a sorti une des ses déclarations caractéristiques, qui omet de pointer la responsabilité première d’Israël dans cette crise, en tant que puissance occupante.
La porte parole de la Commission européenne, Maya Kocijancic a déclaré mardi à Bruxelles : « La violence qui a été signalée et son escalade (sur les lieux) constituent une provocation et une incitation à l’approche de jours de fêtes juives et musulmanes importantes ».
« Il est décisif que toutes les parties fassent preuve de calme et de modération ainsi que de respect pour le statu quo sur les lieux saints » a-t-elle dit.
Le coordinateur spécial pour le processus de paix au Moyen Orient de l’ONU, Nickolay Mladenov, a prévenu mardi le Conseil de sécurité de l’ONU, que les événements récents avaient « le pouvoir d’enflammer la violence bien au-delà des murs de la vieille ville de Jérusalem ».
Mais lui aussi a insisté sur le fait que « toutes les parties ont la responsabilité de s’abstenir d’actions provocantes et de déclarations » –omettant de demander que la puissance occupante soit tenue pour responsable.
Le Département d’État des USA a dit être « profondément préoccupé par la violence récente et par l’escalade de la tension ».
« Nous condamnons vigoureusement tous les actes de violence » a déclaré le gouvernement américain. Il est absolument impératif que toutes les parties se contrôlent, s’abstiennent de provocations et de discours et préservent inchangé le statu quo historique sur Haram al-Sharif / Le Mont du Temple dans les mots et dans les faits ».
L’expression « profondément préoccupés » est une formule que les États Unis utilisent régulièrement pour critiquer les actes d’Israël, comme l’expansion des colonies sur la terre occupée de Palestine.
Dans tous les cas antérieurs cela a signifié que les USA ne feront absolument rien pour empêcher l’agression israélienne qu’ils condamnent.
Traduction: SF pour l’Agence Media Palestine
Source: l’article originel en anglais sur le site « Electronic Intifada »