La Croatie préside actuellement le Conseil de l’Union européenne. Cela n’a pas empêché le parti au pouvoir, HDZ (Union démocratique croate) de soutenir la cérémonie d’hommage à la mémoire des soldats oustachis (armée du régime fasciste qui a sévi dans ce pays sous l’occupation nazie), le 16 mai dernier et au Premier ministre démissionnaire, Andrej Plenković d’être présent ce jour-là dans un cimetière de Zagreb devant les tombes de soldats oustachis. C’est comme si, en France, le Chef de l’État ainsi qu’Édouard Philippe – Premier ministre en exercice – avaient participé à une cérémonie en l’honneur des miliciens de Vichy exécutés.
Le silence du Conseil de l’Europe, et de la Commission européenne face à son président est inadmissible.
Cette cérémonie, particulièrement déplacée, n’est pas passée inaperçue dans les Balkans. « Mort au fascisme, liberté pour le peuple », c’est le cri des manifestants antifascistes à Sarajevo qui, le jour même de cette commémoration honnie, ont défilé avec la communauté juive, l’église orthodoxe serbe et divers partis bosniaques, contre une messe célébrée par l’Église catholique croate de Bosnie parallèlement à l’hommage pro-oustachi du gouvernement croate.
L’UJFP fait sien le cri des manifestants de Sarajevo et s’élève fermement contre cette célébration du gouvernement croate, faite avec la complicité de l’Église catholique croate de Bosnie, à l’heure où la Croatie exerce encore la présidence du Conseil de l’Union européenne.
La commémoration a lieu habituellement à Bleiburg, en Autriche, avec la participation de personnalités croates et de néonazis arborant des croix gammées mais elle n’a pas pu s’y tenir cette année à cause du Covid 19.
Au cours de ses quatre années d’existence, de 1941 à 1945, le régime oustachi d’Ante Pavelić, allié des nazis, a assassiné près d’un million de personnes, parmi lesquelles des Juifs, des Rroms, des Serbes, des orthodoxes, des musulmans, des communistes et des opposants et résistants – dans plusieurs camps de concentration, dont celui de Jasenovać, l’unique camp d’extermination non géré par les nazis, avec des méthodes souvent encore plus barbares que celles des nazis : empalement, coups de marteau, égorgement au couteau de boucher, lapidation.
Tout comme la communauté juive bosniaque, l’UJFP considère que ces célébrations pro-oustachies représentent une forme de révisionnisme et de négationnisme, alors qu’Israël, habituellement si prompt à taxer d’antisémite ce qui entrave sa politique, n’a pas jugé utile de réagir.
L’UJFP prend fermement position contre tout ce qui s’oppose à l’amitié entre les peuples et qui fait resurgir la bête immonde du racisme et du fascisme.
Quant aux institutions de l’UE, leur silence en dit long sur les « valeurs européennes » qu’elles prétendent incarner. On peut se demander si l’UE ne cherche pas à ménager les gouvernements de Hongrie, Pologne et Autriche.
La Commission antiracisme politique, pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 29 mai 2020