Le printemps arrive, avec ses mimosas et ses primevères. On attend avec impatience l’été, pour voir si resurgit une nouvelle affaire du burkini…
Car l’accusation mensongère d’antisémitisme portée contre les Musulmans ne suffisait pas. Il fallait absolument relancer le délire identitaire contre les Musulmans. Décathlon a involontairement fourni le prétexte qui tombait au bon moment, l’offre d’un accessoire de sport pour les femmes musulmanes. La domination implique que soient désignées des ennemies de la nation, des femmes qu seraient asservies par leurs hommes salafistes, qui s’opposeraient au vivre-ensemble. De telles femmes ne pourraient avoir un avis à exprimer.
De toute façon, on ne leur en donne pas l’occasion, on continue à les traiter en éternelles mineures, en leur expliquant que c’est pour leur bien, pour les libérer de la domination masculine, pour les aider à s’intégrer qu’élus, penseurs et journalistes se sont dressés. Cette unanimité dans les discours est remarquable : rarement on s’est autant intéressé à la libération des femmes !
Et cette belle et soudaine unanimité, véritable coup de force médiatique, a amené l’entreprise Décathlon à reculer et à annoncer qu’elle « renonce à la mise en vente, en France, de hijab pour les femmes sportives de confession musulmane. »
L’intermède prétendument antiraciste de la Manifestation contre l’antisémitisme est donc terminé. Le racisme, sous sa forme contemporaine la plus virulente, l’islamophobie, véritable racisme institutionnalisé, reprend ses droits. Les élus, ministres et propagandistes du pouvoir, relayés par plusieurs médias, reconnaissent à mi-mot que la vente de hijab pour sportives n’a rien d’illégal, que nul ne peut empêcher une femme de porter un foulard dans l’espace public – seul le RN prévoit de légiférer sur le sujet, mais est gêné aux entournures quand on lui demande si cela s’applique aux kippas et aux soutanes…
L’Union juive française pour la paix dénonce l’islamophobie et, en particulier, le ciblage raciste des Musulmanes. Elle se tiendra aux côtés des racisées qui luttent, des familles des victimes de bavures policières. Elle appelle en particulier à participer à la Marche des solidarités du 16 mars, contre le racisme et les violences policières !
La Coordination nationale de l’UJFP, le 5 mars 2019