La convergence a un nom : Darmanin

La convergence a un nom : Darmanin. Il ne s’agit pas simplement d’une personne, mais de ce qu’il représente et de la logique politique qu’il défend avec Macron. Le bilan des manifestations du 25 mars contre le racisme et la loi Darmanin et le soutien total au collectif Les Soulèvements de la Terre vont de pair.

Marche des Solidarités

Marche des Solidarités

La convergence a un nom : Darmanin. Il ne s’agit pas simplement d’une personne mais de ce qu’il représente et de la logique politique qu’il défend avec Macron.

Il s’agit d’une convergence qui n’est pas que conjoncturelle car cette logique a des raisons de fond.

Darmanin ne fera pas sa loi - Liberté - Marche des solidarités

Le 25 mars, dans la souffrance de St Soline comme dans la joie et la détermination des différentes manifestations qui ont eu lieu, des graines ont été semées et ont commencé à germer. Celles d’une convergence absolument nécessaire pour gagner. 25 mars à Marseille

En amont de cette journée, du travail avait été fait dans ce sens. Le collectif Les Soulèvements de la Terre avait appelé à soutenir les manifestations contre la loi Darmanin et exprimé sa solidarité avec la Marche des Solidarités et l’UCIJ. Et en amont du 25 mars beaucoup de travail avait été fait en quelques endroits en direction notamment du mouvement des retraites.

Manifestations partout

25 mars à Paris © Campagne Antiracisme et Solidarité

Même invisibilisés médiatiquement, cela s’est vu le 25 mars. Des manifestations contre le racisme et la loi Darmanin ont eu lieu sur tout le territoire. Bien que modestes en nombre à l’aune des manifestations massives lors des journées appelées par l’intersyndicale, la plupart des remontées que nous avons eues disent que, sur cette question, les mobilisations étaient plus fortes qu’habituellement. A Paris, il y a eu 12 000 manifestant·es, plus de 2000 à Marseille, de 500 à 1000 à Grenoble, Rennes, Nantes, Lyon, Brest, Strasbourg ou Rouen, de 100 à 400 à Bayonne, Nîmes, Montpellier, Valence, Lille, Auxerre, St Etienne, Bordeaux, Perpignan, Foix, Alençon…

A Marseille comme à Paris, des interventions systématiques avaient été faites lors des manifestations contre l’attaque sur les retraites. C’est là que les manifestations ont connu la plus forte progression. A Paris une intersyndicale CGT, Solidaires, FSU avait appelé la veille à se joindre à la manifestation.

A Chartres, une manifestation intersyndicale appelée sur la question des retraites, rassemblant un millier de manifestant·es a convergé au point d’arrivée avec un rassemblement contre la loi Darmanin.

A Rennes, malgré un arrêté d’interdiction scandaleux par la préfecture la veille au soir, un rassemblement a eu lieu appelé par l’interorga à un point de départ différent le jour même bénéficiant notamment de la mobilisation réalisée aussi par Nous Toutes 35.

A Grenoble et Montpellier, la convergence s’est réalisée entre le combat contre la loi Darmanin et celui sur le front du logement contre la loi Kasbarian.

La carte Darmanin

Ce sont ces graines qui doivent être développées. D’abord pour gagner aussi bien sur le front des retraites que sur le front de la loi Darmanin.

Mais aussi parce que c’est là que se situe la contre-offensive d’un pouvoir aux abois obligé de colmater par la force les ruines d’une légitimité totalement perdue.

La démocratie elle est ici et la rue elle est à nous ! © Campagne Antiracisme et Solidarité

Il suffit d’écouter les discours tenus par Macron et Darmanin ces derniers jours se présentant comme les « derniers remparts de l’ordre » (!), rappelant que des textes fermes contre l’immigration vont voir le jour pour « pouvoir expulser 4000 étrangèr.es supplémentaires chaque année ».

C’est cela la « réponse Darmanin » qui prendra toute sa signification si le mouvement se met en pause : le parti de « l’ordre », celui de la guerre sociale et policière, celui de la nation contre les étrangèr.es, les « gauchistes », les grévistes, les « éco-terroristes ». 

La Marche des Solidarités apporte ici son soutien total au collectif Les Soulèvements de la Terre menacé de dissolution par Gérald Darmanin. Tolérer cette offensive serait liberticide pour tout le mouvement, et au-delà, pour toute la société. Y riposter c’est maintenir le mouvement d’ensemble sur la voie qui paralyse ce pouvoir. Nous appelons à participer aux actions de soutien qui seront organisées.

Nous rappelons des passages du texte produit par Les Soulèvements de la Terre avant le 25 mars pour « l’articulation nécessaire avec la lutte des personnes exilées » : « ces deux mobilisations à la même date doivent être une opportunité pour renforcer nos combats à travers des articulations concrètes entre nos luttes écologiques et antiracistes. »

« Les Soulèvements de la Terre tiennent à exprimer une solidarité claire et forte à la Marche des Solidarités et l’UCIJ en rappelant les liens qui nous obligent à penser nos luttes de manière collective ».

Dans ce texte, Les Soulèvements de la Terre indiquaient : « En France, cet ennemi a son symbole : Gérald Darmanin, ministre agresseur, est le représentant de la violence croissante et décomplexée d’un Etat en voie de fascisation qui criminalise de manière hiérarchisée la majorité de la population, des présumé.es ‘écoterroristes’ aux étrangèr.es en passant par les Gilets jaunes… »

Le 25 mars La Marche des Solidarités a sorti des visuels et, à Paris, des autocollants et panneaux repris par tous les cortèges : « Darmanin ne fera pas sa loi ». 

Il faut bien plus

On vit ici, on travaille ici, on cotise ici, on reste ici ! © Campagne Antiracisme et Solidarité

Mais pour que ce soit le cas il faut que se développe considérablement ce qui n’a encore que germé. Bravo à toutes celles et ceux qui se sont mobilisé.es le 25 mars. Mais ne nous arrêtons pas là.

Les appels de syndicats contre la loi Darmanin ne suffiront pas. Cela doit se traduire par un travail effectif de conviction et de mobilisation, lieu de travail après lieu de travail, secteur par secteur, interpo après interpro. Il en va de l’unité et de la solidité du mouvement face au pouvoir.

La présence de cortèges interpro du 18è et du 20è dans la manifestation parisienne montre ce qui est possible, tout comme les appels en Assemblées faits à Montreuil, Romainville-Les Lilas ou dans certaines universités.

Nous appelons tous ceux et toutes celles qui ont participé aux mobilisations du 25 mars à argumenter en ce sens dans tous les cadres de mobilisation. Pour empêcher l’opération immonde, raciste et colonialiste planifiée par Gérald Darmanin à Mayotte. Pour mettre en miettes le projet de loi Darmanin qu’il cherche à le faire passer en entier ou par morceaux. Pour obtenir la régularisation des Sans-Papiers et l’égalité des droits. Pour mettre en échec le développement de l’Etat raciste et sécuritaire. Pour barrer la route au fascisme.

Pas là pour témoigner

De toutes les lois et circulaires racistes contre l’immigration qui sont passées depuis les années 70, deux ont été repoussées, les circulaires Fontanet-Marcellin en 1973-75 et la loi Debré en 1997. Au-delà des contextes différents, ce qui a permis de gagner dans les deux cas était une articulation entre conflictualité sociale, auto-organisation des immigré.es, mobilisation contre le racisme et le fascisme.

Nous sommes loin d’avoir gagné et nous ne sommes pas là pour témoigner. Il s’agit de vies. Celles de nos frères et sœurs migrant·es. Celles des immigré.es et héritièr.es de l’immigration. Celles de nous toutes et nous tous. Il s’agit du monde qui vient, de la planète que Macron et consorts détruisent.

Comme l’a répété à de multiples reprises Aboubacar Dembélé, gréviste sans-papier de Chronopost, « nous avons cassé la marche arrière ». Nous n’avons rien à perdre. Un monde à gagner.

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