Le responsable de l’UNRWA, agence des Nations Unies qui souffre déjà d’un manque de finances et qui suit quelque 5,6 millions réfugiés palestiniens, a lancé un avertissement plus grave que d’habitude alors que les cas de COVID-19 explosent dans l’Est méditerranéen.
« Nous sommes arrivés au-delà de nos capacités et sur le point de nous effondrer » a déclaré lundi le secrétaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini.
Il affirme que l’agence « ne dispose pas encore de fonds suffisants pour payer les salaires de novembre » aux 28 000 salariés de l’UNRWA, pour la plupart des réfugiés palestiniens.
Et Lazzarini ajoute que l’UNRWA a besoin de 70 millions de dollars « pour éviter de nouvelles mesures douloureuses dans les semaines à venir ».
Il attribue cette situation financière précaire à une baisse des contributions de base versées à l’agence après le retrait de leur financement, en 2018, par les États-Unis, autrefois le plus important donateur de l’UNRWA.
L’Arabie saoudite qui, en 2018, avait versé 50 millions de dollars pour la programmation de base de l’UNRWA pour aider à combler le déficit créé par les USA, n’a contribué, l’an dernier, qu’à hauteur de 2 millions de dollars à ce budget.
Le financement états-unien à l’UNRWA devrait reprendre une fois que le Président élu, Joe Biden, aura pris la relève de Donald Trump, dont l’Administration regorge d’extrémistes pro-colonisation qui ont cherché à faire disparaître les réfugiés palestiniens tout en dénonçant un prétendu parti-pris anti-Israël des Nations Unies.
Même si l’Administration Biden ne jubilera pas autant que celle de son prédécesseur quand il s’agira de soutenir les violations du droit international, Israël n’a pourtant pas à s’inquiéter, et il peut continuer à compter sur les États-Unis pour subventionner l’occupation, et le couvrir de toute responsabilité.
En première ligne pour répondre au COVID-19
En attendant, le personnel de l’UNRWA se trouve « en première ligne pour répondre » au COVID-19 dans la région de l’Est méditerranéen où il opère. « Parmi les agences des Nations Unies, c’est le personnel de l’UNRWA qui présente le nombre le plus élevé de cas de COVID-19 » signale Lazzarini.
Les autorités de la Santé mettent en garde, car le système médical dans la bande de Gaza – où près de 75 % de sa population de deux millions de personnes sont des réfugiés – est au bord de l’effondrement avec des cas de COVID-19 qui ont triplé, au cours du mois dernier, dans le territoire assiégé.
« D’ici une semaine, nous ne serons plus en mesure de soigner les cas critiques » a déclaré à la presse Abdelnaser Soboh, coordinateur de l’Organisation mondiale de la Santé pour les urgences sanitaires à Gaza.
La capacité du système de Santé de Gaza a été détériorée par plus d’une décennie du blocus par Israël et par ses agressions militaires successives. Il avait déjà été submergé par le flot de blessures catastrophiques nécessitant un traitement continu car Israël utilisait les tirs à balles réelles afin de mutiler et tuer des manifestants au cours des deux années qui ont précédé la pandémie.
Il y a actuellement quelque 7000 cas actifs de COVID-19 dans la bande de Gaza et plus de 9000 en Cisjordanie, mais les chiffres officiels sont considérés comme bien inférieurs au nombre réel en raison du manque de tests.
Le ministre de la Santé palestinien en Cisjordanie affirme que le nombre réel de cas pourrait être trois fois plus élevé que les chiffres officiels.
Des crises socio-économiques
La Banque mondiale prévoit que l’économie en Cisjordanie et dans la bande de Gaza va être réduite de 8 % en 2020, en grande partie à cause des restrictions du COVID-19. En attendant, ce sont quelque 121 000 Palestiniens qui ont perdu leur emploi seulement pendant le deuxième trimestre de l’année.
Le déficit de financement de l’UNRWA ne fera qu’aggraver une situation déjà pénible.
Les 13 000 salariés de l’Agence à Gaza « seront les plus touchés » selon l’OCHA, groupe de suivi des Nations Unies.
Le responsable de l’UNRWA fait remarquer que, si le financement de l’UNRWA a diminué, les « besoins des réfugiés palestiniens ont augmenté de façon significative en raison des conflits et des multiples crises socio-économiques ».
Lazzarini ajoute que « les besoins actuels ne peuvent pas être comparés à ceux de 2012. Et pourtant, malheureusement, les ressources disponibles sont restées au même niveau ».
Il met en garde, car « le désespoir et l’incertitude économique sont un cocktail dangereux dont la région n’a aucun besoin ».
Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef adjointe à The Electronic Intifada ; elle vit à Chicago.
Source: The electronic intifada
Traduction : BP pour l’Agence Média Palestine