Darius (nous le nommerons ainsi puisque c’est sous ce nom que nous connaissons ce jeune adolescent rom), son calvaire: lynché à mort vendredi 13 juin dernier au soir à Pierrefitte (93), retrouvé moribond au fond d’un caddie, sur le parking d’une grande surface, le long d’une route nationale.
Ce n’est pas la première fois que nous nous exprimons à propos de la politique française vis-à-vis des populations roms qui tentent de survivre, dans les conditions inhumaines qui leur sont imposées, sur le territoire français.
Pas la première fois que nous condamnons les propos racistes et honteux des plus hauts représentants de l’Etat – ceux de l’époque sarkozyste et ceux de l’ère actuelle dite socialiste, en tout point identiques.
Pas la première fois non plus que nous mettons en garde nos concitoyens sur les conséquences dramatiques que cette politique raciste génère.
Aujourd’hui, après ce drame effroyable, nous mesurons le chemin parcouru depuis les premières déclarations racistes sur les Roms de Nicolas Sarkozy à Grenoble en juillet 2010 jusqu’à celles de Manuel Valls au cours des années 2012/2013, celles récentes de son successeur, celles des candidats et élus socialistes ou pas, maires ici et là depuis.
Une escalade de propos stigmatisants, racistes, culturalistes, aux seules fins de rendre acceptable aux yeux du plus grand nombre cette politique d’Etat criminelle.
Le drame de Pierrefitte en est l’aboutissement inexorable.
Le corps de Darius – réduit en un amas de chairs méconnaissables, broyé comme l’emballage d’un objet sans valeur abandonné au fond d’un caddie – témoigne des ravages idéologiques qu’engendrent ces discours insensés.
Le martyre de Darius nous concerne tous. Il ne nous renvoie pas seulement aux crimes européens d’hier, il préfigure plus exactement ceux à venir – qu’on le veuille ou non – ici, en France, en Europe en général.
Les populations roms – déjà martyrisées sous le nazisme en même temps que les Juifs européens – sont aujourd’hui menacées – et elles seules cette fois-ci – d’être à nouveau les victimes de ce racisme qui gangrène l’Europe toute entière.
Les formes et les moyens de destruction seront autres évidemment. Mais le crime de Pierrefitte, commis dans l’indifférence générale, préfigure la sauvagerie qui menace de s’abattre à nouveau sur eux, victimes absolues parce que sans défense, sans représentativité aucune, sans protection aucune – ici et ailleurs.
Nous sommes tous concernés par cette barbarie annoncée, l’Humanité toute entière est à nouveau menacée.
Nous ne cessons de l’affirmer: nous devons refuser et combattre fermement ce racisme et cette xénophobie, ce mépris de l’Homme, qui gangrènent notre société, font le lit du fascisme. Il est temps encore de réagir!
Le Bureau National de l’UJFP, le 27 juin 2014